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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

7. Ils avaient de l'expérience « J'ai choisi de faire un vin de terroir »

David Besson - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 80

Richard Rottiers a travaillé en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande avant de reprendre une propriété en AOC Moulin-à-vent. Il a conclu de son expérience à l'étranger qu'il voulait produire des vins de terroir.
RICHARD ROTTIERS a choisi de s'installer dans le Beaujolais par passion pour ce terroir. © D. BESSON

RICHARD ROTTIERS a choisi de s'installer dans le Beaujolais par passion pour ce terroir. © D. BESSON

Installé depuis le 1erI janvier 2007 à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire), Richard Rottiers exploite 3,5 ha en AOC Moulin-à-vent et un demi-hectare en Beaujolais villages, vinifié en rosé. Un choix de cœur. « Ce cru a toujours été mon vin préféré. Je ne me voyais pas m'installer ailleurs », explique-t-il.

Originaire d'une famille qui exploite 25 ha à Chablis (Yonne), Richard Rottiers voulait travailler dans l'agroalimentaire. « J'ai étudié à l'Institut supérieur d'agroalimentaire Rhône-Alpes, mais au fil des années, j'ai réalisé que c'est la production qui m'attirait. »

Mais pas sur l'exploitation familiale : « Nous n'avions pas les mêmes vues sur le métier. » En 2001, son long périple d'apprentissage commence. Il part d'abord six mois en Afrique du Sud, dans le cadre du stage d'installation Jeunes agriculteurs, sur un domaine de 150 ha avec trente cépages différents à vinifier. Cap ensuite sur la Nouvelle-Zélande, « dans le troisième plus gros domaine du pays, hyperindustriel. J'ai appris comment créer des vins standardisés et j'ai compris que la France a la chance d'avoir des cépages adaptés à ses terroirs. À partir de ce moment, j'ai voulu rentrer pour produire des vins de terroir ! » De retour en France, il travaille dans un domaine du Lubéron où il gère tout de A à Z (sauf le commercial) pour la première fois. Puis, avec sa compagne travaillant à Lyon (Rhône), il rejoint le Beaujolais où il vit de petits boulots. En 2004, il est embauché au château Thivin, exploitation réputée d'Odenas (Rhône). Il y reste jusqu'en 2007.

« Rien ne vaut les conseils des anciens »

Il sait donc ce qu'il veut au moment de s'installer en moulin-à-vent. « J'ai repris derrière un métayer qui travaillait en vrac. J'ai négocié âprement avec le propriétaire pour louer en fermage et pouvoir valoriser toute ma production en bouteilles. » Mais tout n'est pas allé de soi malgré son expérience. « Nous sommes sur un secteur qui mûrit très vite. La première année, je n'avais pas anticipé la chute de l'acidité. Rien ne vaut les conseils des anciens, ils détiennent la connaissance. »

Cinq ans plus tard, Richard a fait ses preuves. Il vend ses 25 000 bouteilles de 10 à 14 euros en moulin-à-vent et 6 euros en rosé, « à 70 % à l'export ».

À 35 ans, il fourmille de projets : « J'ai commencé ma conversion en bio. Je vais créer un beaujolais villages rouge pour garnir mon entrée de gamme, puis chercher un nouveau cuvage, car le mien est trop étroit. »

Sa plus grande surprise

« Je n'ai pas assez fait confiance à la nature lors de mes premières vinifications. En hiver, les cuves avaient un goût horrible, les vins étaient durs. Pour faire passer ce défaut, j'ai soutiré. Mais j'ai effectué trop de soutirages. J'ai beaucoup appris grâce aux conseils des anciens qui m'ont expliqué qu'il fallait patienter, que les vins s'assouplissaient naturellement. Mais la grosse surprise, ça a été lorsque les charges de la MSA sont tombées. On ne nous prévient pas qu'elles sont élevées pendant le suivi d'installation. Il faut donc mettre de l'argent de côté. »

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

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DATES CLÉS

2001 : stage en Nouvelle-Zélande.

2002 : gère un domaine en côtes du ventoux, dans le Lubéron.

2004-2007 : salarié au château Thivin.

2007 : installation à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire).

L'essentiel de l'offre

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