Depuis le château Val d'Arenc, au Beausset (Var), Pierre-Louis Sénéclauze montre du doigt des restanques, c'est-à-dire des terrasses. « Vous voyez cette tâche blanche entre les vignes ? C'était l'emplacement d'un rocher. Nous l'avons fait sauter à la dynamite ! »
Quand ce négociant en vins rachète le château en 1991, ce dernier est en redressement judiciaire. Le vignoble, de 21 ha en appellation Bandol a triste mine. Des monticules de pierres, des arbustes et de la garrigue s'accumulent entre les étroites terrasses. Avec l'aide d'un entrepreneur en travaux publics, Pierre-Louis Sénéclauze les réhabilite et les élargit afin que les engins agricoles puissent y pénétrer. Les travaux durent dix ans. « Nous les avons étalés dans le temps afin de continuer à produire », indique-t-il.
Avant d'acquérir le château, le négociant distribuait ses vins auprès d'une clientèle bien établie de restaurateurs et de cavistes. Aussi, lorsqu'il apprend qu'il est à vendre, il l'achète pour ne pas perdre son investissement commercial.
Salle de réception et œnothèque
En 1997, il s'attaque à la modernisation du chai, en l'équipant de cuves en inox. Il remplace les foudres par des barriques bordelaises pour élever ses rouges.
En 2006, rebelote. Pierre-Louis Sénéclauze est amené à acheter le château Lauzade : 50 ha en côtes de Provence. Ce domaine, dont il distribue les vins, est mis en vente par ses propriétaires japonais. Comme à Bandol, il remet d'abord le vignoble en état. Un vaste chantier. Pour l'instant, seulement 40 ha sont en production, soit quelque 250 000 cols.
Depuis un an, Val d'Arenc est de nouveau en travaux. Un bâtiment de 1 000 m2Nous les avons étalés dans le temps afin de continuer à produire est en train de sortir de terre. Il va abriter un chai d'élevage, une chaîne d'embouteillage et un espace de stockage. Une salle de réception pour des groupes et une œnothèque sont en cours d'aménagement. « Nous investissons désormais sur l'image », précise Pierre-Louis Sénéclauze.
Le négociant a financé ses reprises avec l'aide des banques et sur ses fonds propres. « Tous les investissements que j'ai réalisés visent à conforter une image de marque », explique-t-il. Les coups de pioche qu'il passe dans ses propriétés doivent conforter la renommée de son commerce.
Sa plus grande surprise
« Je connaissais le monde viticole, car je l'ai toujours côtoyé de près. Toutefois, lorsque j'ai repris ces vignobles à l'abandon, j'ai été frappé. De l'extérieur, rien ne laissait réellement paraître la réalité de la situation. Et à Bandol (Var), la réglementation m'a déconcerté. Le décret de l'appellation impose un élevage de dix-huit mois en foudres pour les rouges. Or, tous les millésimes ne se prêtent pas à ce type d'élevage. Certains manquent de puissance et de matière. »