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éditorial

Liberté

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°248 - décembre 2012 - page 5

Au nom du respect des libertés, le Conseil d'État a tranché. Mi-novembre, il a condamné l'entreprise Caterpillar qui avait interdit toute consommation d'alcool à ses salariés sur leur lieu de travail. Repas à l'eau. Pots au jus de fruit et au soda. La joie de vivre hygiénique ! Par les temps qui courent, on pouvait redouter qu'une telle décision passe pour sage. La direction de Caterpillar n'œuvrait-elle pas pour préserver la sécurité de ses salariés du vicieux alcool ?

Heureusement, un inspecteur du travail y a vu un abus de pouvoir, et ce contre sa hiérarchie. Le Conseil d'État lui a donné raison. Il a rappelé que les mesures prises pour des raisons de sécurité doivent être proportionnées au but recherché. Il a jugé que le caractère général et absolu de l'interdiction décrétée par Caterpillar était un excès de pouvoir. Le Conseil d'État ne le dit pas, mais il doit penser que les salariés sont capables de consommer de l'alcool avec mesure, sans compromettre la qualité de leur travail ni se mettre en danger face à leurs machines. Ils n'ont pas besoin que leur employeur les prive pour cela. On respire. Car on était plus habitué à des décisions de justice bornées qu'empreintes du respect des libertés. Rappelons-nous qu'au début de l'année, la Cour de cassation a définitivement condamné une campagne de publicité pour les vins de Bordeaux, parue en 2005, parce qu'elle associait à ses vins une image de convivialité et de joie de vivre. Un comble, car la convivialité c'est bien ce que le vin apporte. Les Français le savent. Sept d'entre eux sur dix affirment que le vin rend leur quotidien plus festif. Il y a donc de quoi enrager contre de telles décisions.

Mais il faut bien faire avec l'hostilité des pouvoirs publics dont l'affaire Caterpillar nous fournit une nouvelle preuve. En effet, le ministère du Travail a défendu jusqu'au bout la décision de l'entreprise. C'est lui qui est allé devant le Conseil d'État alors que deux jugements l'avaient déjà condamnée. Un tel acharnement en dit long sur l'état d'esprit de l'administration. Il nous rappelle qu'il y a peu de temps, le ministère de la Santé s'était donné pour mission de convaincre même les petits et moyens buveurs d'alcool de s'abstenir. C'est cet état d'esprit que la nouvelle équipe de Vin & société va devoir combattre. Elle a du pain sur la planche !

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