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DOSSIER - Exportations : Le palmarès des régions - Les réservées

ANJOU-SAUMUR Rosé et crémant aux avant-postes

Patrick Touchais - La vigne - n°249 - janvier 2013 - page 48

Le rosé d'Anjou, premier produit d'exportation, est rejoint par le crémant de Loire, qui séduit l'Allemagne. Mais la région n'exporte qu'une bouteille sur cinq. Elle doit percer avec d'autres produits et se développer hors de l'Europe.
L'opération « Cabernet d'Anjou sur la côte Belge » a été un succès. Comme ici, dans la station balnéaire de Knokke-Heist, en août dernier.

L'opération « Cabernet d'Anjou sur la côte Belge » a été un succès. Comme ici, dans la station balnéaire de Knokke-Heist, en août dernier.

CHIFFRES CLÉS AOC D'ANJOU-SAUMUR

CHIFFRES CLÉS AOC D'ANJOU-SAUMUR

Région marquée par la vente directe, l'Anjou-Saumur n'a jamais été une championne de l'export. On peut la comprendre. Est-il besoin d'aller outre-Manche, outre-Rhin, voire outre-Atlantique quand les clients sont à portée de camionnette ou viennent directement dans les propriétés ? C'est ainsi que, depuis des décennies, une part importante des volumes produits en Anjou-Saumur est vendue dans un grand quart nord-ouest de la France, incluant la région parisienne.

Le marché français fait honneur aux vins angevins, le cabernet d'Anjou et les effervescents ont d'ailleurs séduit de nouveaux clients. Pour autant, les chiffres sont implacables : la consommation française diminue. « Nous avons besoin d'aller chercher d'autres marchés », souligne Claire Duchêne, directrice export d'InterLoire.

Les gros opérateurs y travaillent depuis des années. Il y a moins de dix ans, Ackerman, négociant basé à Saumur (Maine-et-Loire), exportait davantage qu'il ne vendait en France. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée, avec 35 % du chiffre d'affaires sur les marchés extérieurs. « Nous avons abandonné de nombreux volumes de vins de table qui n'étaient pas rémunérateurs, en particulier sur le marché anglais, explique le directeur général Bernard Jacob. En 2012, le Royaume-Uni ne nous a pas été favorable. Deux références historiques, le rosé d'Anjou et l'Anjou blanc, continuent de diminuer ». En dix ans, le volume d'Anjou blanc expédié outre-Manche, a été divisé par cinq, passant de 10 000 à 2 000 hl. Celui du rosé d'Anjou a été divisé par trois : de 15 000 à 5 000 hl.

« Nous avons attaqué la Belgique »

« Historiquement, le rosé d'Anjou a été le vin d'exportation du vignoble angevin, rappelle Claire Duchêne. Au Royaume-Uni en particulier, c'était un vin de premier prix. Il avait une notoriété, mais pas une belle image. » Entre-temps, le gel printanier de 2008 a provoqué une forte hausse des prix et la perte de positions au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, deux des principaux pays importateurs.

« Sur les Pays-Bas, nous sommes bien repartis. Le rosé d'Anjou n'est plus un petit vin de premier prix. Et nous avons attaqué la Belgique », poursuit Claire Duchêne. Sentiment confirmé par Henry Castillon, directeur export d'Alliance Loire : « On progresse sur les Pays-Bas et l'Allemagne, en ne visant pas un marché de prix. » Une stratégie à poursuivre, selon Claire Duchêne. « Le rosé d'Anjou doit rester une locomotive. Nous travaillons depuis deux ans sur les États-Unis. Ce pays n'a pas d'a priori sur le produit. Le goût demi-sec passe bien ; le rosé aussi. Nous devons nécessairement y gagner des volumes. D'un autre côté, il faut repositionner le rosé d'Anjou au Royaume-Uni en lui trouvant une place face aux vins de marque australiens. Nous ne pouvons pas abandonner ce marché. C'est un pays de tendance pour la consommation du vin. »

Une autre locomotive tire les exportations d'Anjou-Saumur : le crémant de Loire. En dix ans, les expéditions de cet effervescent sont passées de 10 000 à près de 40 000 hl, dont 30 000 hl en Allemagne. Mais ce marché, conséquent en volume, n'est pas très valorisant. « Il est bien trop concurrentiel en terme de prix, regrette Henry Castillon. Cela dit, en Europe, d'une façon générale, la concurrence est rude à cause du cava. »

Les rouges émergent

Pour mieux accompagner le développement de ses effervescents, InterLoire a lancé une étude de marché sur ses trois principales appellations – Crémant de Loire, Saumur et Vouvray – à l'export et en France. « Le crémant de Loire est un succès à l'export grâce à l'Allemagne. Il faut continuer vers d'autres pays, notamment en Europe du Nord, affirme Claire Duchêne. Mais, comme le produit fonctionne bien en France, on reste cantonné sur nos positions nationales. C'est encore plus vrai pour le saumur mousseux. »

Hormis les deux locomotives que sont le rosé et le crémant, les rouges émergent après avoir été adaptés au goût des marchés export. « Sur le saumur rouge, nous avons travaillé les vinifications et les sélections parcellaires pour proposer des vins plus ronds, plus fruités. Depuis, nous retournons en Allemagne et au Royaume-Uni où nous sommes entrés chez Waitrose, une chaîne de supermarché », ajoute la directrice export d'InterLoire.

En dix ans, la consommation d'Anjou-Saumur rouge a plus que doublé au Royaume-Uni, elle a atteint 2 200 hl en 2011. Même progression aux États-Unis vers lesquels 1 000 hl sont partis en 2011. Ces signaux positifs rappellent à la région, très centrée sur l'Europe, qu'il reste bien des terres à défricher. Tous parlent des États-Unis, voire du Canada. Quant à la Chine, certains s'y essaient (Alliance Loire, Loire Propriétés) alors que d'autres n'y croient pas. Pour Bernard Jacob, d'Ackerman, le marché est surprospecté alors qu'il n'est pas mûr. D'ailleurs, dans sa stratégie export, InterLoire a choisi de travailler en 2013 des marchés traditionnels : États-Unis, Royaume-Uni, Belgique et Pays-Bas.

Le Point de vue de

Patrick Mast, responsable export sur la zone Asie pour Alliance Loire. 42 M€ de chiffre d'affaires en 2011, dont 20 % à l'export.

« Les bulles et le sauvignon suscitent l'intérêt »

« Je vis plus de quatre mois par an à Canton, en Chine. Depuis le début de l'année 2012, j'attaque le marché australien. J'ai participé à une première mission d'Ubifrance à Sydney en avril.

Puis je suis allé à Melbourne en novembre. Les contacts avec les importateurs ont été très bons. On ne savait pas trop comment les Australiens allaient réagir, dans la mesure où ils ont leurs propres vins. Mais ils sont intéressés par les vins français. Ils recherchent des vins avec des degrés alcooliques moins élevés que les leurs, car le pays lutte contre l'alcoolisme au volant. Les vins de Loire ont donc cet atout à valoriser. Après ces deux visites, j'ai noué trois contacts sérieux avec des importateurs. Avec l'un d'entre eux, les discussions sont bien engagées sur une commande de crémant de Loire. Dans l'idéal, il nous faudrait cinq ou six importateurs dans le pays. Pour l'instant, ce sont les bulles et le sauvignon qui les intéressent. Ici, comme dans d'autres pays, l'important, c'est de se déplacer et de prendre le temps de trouver les bons importateurs. »

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