« Avec Pascal Jolivet, nous préférons les traitements en douceur », explique d'emblée Jean-Luc Soty, l'œnologue du domaine Pascal Jolivet, à Sancerre (Cher). En 2011, ils ont donc installé trois diffuseurs de protéodies dans les vignes : deux sur une parcelle de sauvignon de 6 ha plantée il y a vingt-cinq ans et un sur un autre hectare de sauvignon. Ces appareils émettent des ondes sonores censées stimuler les défenses de la vigne contre l'esca.
« La parcelle de 6 ha affichait un taux historique de mortalité due à l'esca de 4 %. En 2011, nous n'avons eu que 0,1 % de mortalité et 0,4 % de ceps exprimant des symptômes. En 2012, seulement 0,2 % de mortalité et 0,6 % de symptômes. Sur la parcelle de 1 ha, les résultats sont plus difficiles à analyser car elle est très vigoureuse. Nous essayons d'y rétablir l'équilibre. »
Des clients contents
Pour l'œnologue, les comptes sont bons. « Si l'on compare le coût de la licence de l'appareil, environ 1 000 euros par an pour 3 ha, et les pertes sans appareil, on a vite fait le calcul. Sur cinq ans, toujours pour 3 ha, il faudrait remplacer 5 600 pieds morts. Et le temps que la vigne produise à nouveau, nous enregistrerions 20 000 euros de pertes sèches sur les ventes », affirme-t-il.
Celui-ci est intimement convaincu qu'on peut agir contre l'esca par la musique. Mais il reconnaît tout de même qu'il est gênant de ne pas disposer d'études scientifiques sur le sujet. « Nous placerons cette année le diffuseur au milieu de la parcelle afin que les protéodies ne couvrent pas l'ensemble des pieds. Nous verrons s'il y a des reprises d'esca sur les parties non couvertes. Lorsque nous communiquons sur ces méthodes, nos clients sont dubitatifs, mais contents de voir que nous évitons les solutions chimiques », rapporte-t-il.
De la musique dans le vignoble
La génodique, méthode proposée par la société Genodics, consiste à diffuser des mélodies – les protéodies – dans les vignobles pour lutter contre l'esca. Celles-ci stimuleraient la synthèse de protéines en jeu dans la résistance de la vigne à l'agresseur. De plus, elles inhiberaient le développement de la maladie. Cinquante vignerons ont appliqué cette méthode sur 150 ha en 2012. Selon Genodics, la baisse moyenne des symptômes d'esca serait de 36 % par rapport à leur taux historique et de 61 % par rapport à la pression de l'année. De plus, les parcelles traitées depuis au moins deux ans ont eu de meilleurs résultats que celles qui ont commencé cette année. La méthode elle-même, et le manque d'essais scientifiques rigoureux, laisse toutefois sceptiques beaucoup de professionnels et de scientifiques.