Des membres de la confrérie des Bons entonneurs rabelaisiens de Chinon (Indre-et-Loire) sont venus en voisins.
Après avoir été supprimée, la procession avec la statue de saint Vincent à la sortie de la messe donnée en son honneur était de retour cette année. Une initiative du nouveau comité d'organisation.
Dans l'appellation Chinon, la commune de Cravant-les-Côteaux (Indre-et-Loire) ne joue pas les figurantes. Elle compte une trentaine de vignerons dont les vins ont souvent les honneurs des guides spécialisés et dont les caves recèlent de spectaculaires galeries creusées dans le roc.
Elle peut aussi s'enorgueillir d'organiser une fête de la Saint-Vincent gargantuesque, puisqu'à cette occasion, cette localité de 751 habitants accueille plus d'un millier de convives à déjeuner. « C'est la première Saint-Vincent communale du Val de Loire ! » lance fièrement le maire de Cravant, le vigneron Christophe Baudry.
Cette année, le 26 janvier, 1 130 personnes ont pris place sous l'immense chapiteau abritant de longues tablées. Parmi elles, la journaliste Marie-Laure Augry et l'ancien ministre Jean-Claude Gayssot.
À peine le repas commencé, un sosie de Johnny Hallyday allume le feu devant un public aux anges. Puis les comiques Gamel et Foucher, façon Louis de Funès et ses gendarmes de Saint-Tropez, font pleurer de rire plus d'un participant.
Un peu plus tard, Nadine Page, la fille d'un vigneron connu de Cravant-les-Côteaux, entonne « La Rabelaisienne », l'hymne du vignoble. Tonnerre d'applaudissements dans la salle. Puis elle chante « Les vins de Chinon ». Chaque convive se lève alors et tend son verre de vin dans une même ferveur. Les animations se succèdent ainsi jusqu'en fin d'après-midi où l'on part visiter les caves.
« Cette Saint-Vincent est conviviale, bon enfant. Les vignerons y viennent avec des amis et des clients. Et, parmi les participants, il y a un nombre non négligeable de jeunes adultes », explique Christophe Baudry. « Tout le monde est là pour partager, discuter et chanter. Des moments comme cela, il n'en existe plus beaucoup », note Jean-Max Manceau, président du Syndicat des vins de Chinon, ville où la Saint-Vincent est fêtée, bien sûr, mais avec un peu moins de succès.
Un budget de 90 000 euros
Dix-huit vignerons ont travaillé pendant des mois pour recruter les artistes et organiser cette fête, dont le budget atteint environ 90 000 euros. « Sans nos sponsors, des commerçants et des fournisseurs, nous n'y arriverions pas, lâche Fabrice Delalande, président du comité organisateur. Cette Saint-Vincent, ce sont nos anciens qui l'ont créée. Aujourd'hui, les jeunes la reprennent. » « La première a eu lieu en 1958. Nous avons toujours vu nos parents organiser cette fête avec plaisir. Elle a fait la renommée de la commune, ajoute Christophe Baudry. Nous avons voulu continuer. »
Pour éviter tout accident, les vignerons sont allés jusqu'à affréter des cars pour sécuriser la visite des caves organisée après le repas, en début de soirée. « Il est possible de défendre son terroir et de penser à la prévention, remarque le responsable de la brigade de gendarmerie locale, présent à la Saint-Vincent. Les choses se passent toujours bien. »
Après avoir flâné de cave en cave, nombre de participants sont retournés sous le chapiteau pour une soirée dansante qui s'est terminée à 3 h 30 du matin… Pas de doute : ils seront à nouveau à la Saint-Vincent de Cravant-les-Côteaux l'année prochaine.