On nous a dit : « Vos vins ne sont pas bons, il faut faire de la qualité. » On l'a fait : restructuration du vignoble, augmentation des densités de plantation, de la surface foliaire, effeuillage, vendanges en vert et bien d'autres travaux…
On nous a dit : « Il faut mieux encadrer et contrôler la production. » On l'a fait : réforme des syndicats viticoles, plan de contrôle, plan d'inspection, réforme de l'agrément…
On nous a dit : « C'est la crise, il y a trop de vin sur le marché, produisez moins. » On l'a fait : arrachages, baisse des rendements, production de vins sans IG…
On nous a dit : « Il faut plus de budget pour la communication. » On l'a fait : forte augmentation des CVO ces dix dernières années.
On demande un prix rémunérateur à quatre chiffres au tonneau pour que chacun puisse vivre décemment de sa passion et on nous répond : « Pas question, on ne peut pas, le marché ne le supportera pas. »
Il faut croire que certains sont plus forts et plus motivés que d'autres…
Résultats : des prix de revient en forte augmentation, un cours du bordeaux divisé par trois et des prix de vente aux consommateurs en légère augmentation. À qui profite le crime ?
Pourtant, les indicateurs économiques fournis par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux sont en nette amélioration grâce à tous nos efforts. Il serait normal qu'il y ait un juste retour des choses.
Alors, messieurs les courtiers et messieurs les négociants, si vous ne l'avez pas déjà fait, lisez les formidables études réalisées par la chambre d'agriculture sur les coûts de production, lisez les statistiques viticoles établies par les centres de gestion et vous vous apercevrez que le coût de production d'un tonneau de bordeaux rouge se situe entre 1 100 et 1 200 euros !
Chers amis vignerons, si vous le pouvez, je vous invite à résister. Je sais que cela est parfois difficile, mais il faut se serrer les coudes et ne plus accepter de vendre à perte, nous avons assez fait d'efforts, nous méritons une petite récompense.