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DOSSIER - Réduction des phytos : Premier bilan concluant

« On ne peut pas toujours prendre de risques »

La vigne - n°251 - mars 2013 - page 25

Pierre-Emmanuel Sangouard est membre du réseau Écophyto de Saône-et-Loire mais veille à la réduction de ses phytos depuis longtemps. En 2012, il a dû affronter une pression exceptionnelle.
SES RÉSULTATS : • Sa plus grande réussite : quasiment pas de maladies en 2012 tout en réduisant les doses en début de saison • Sa principale difficulté : la forte pression en 2012 et les mauvaises conditions climatiques • IFT de référence régional : 18,4 • Ses IFT : 16,3 en 2010, 11,8 en 2011 et 19,3 en 2012 © J.-F. MARIN

SES RÉSULTATS : • Sa plus grande réussite : quasiment pas de maladies en 2012 tout en réduisant les doses en début de saison • Sa principale difficulté : la forte pression en 2012 et les mauvaises conditions climatiques • IFT de référence régional : 18,4 • Ses IFT : 16,3 en 2010, 11,8 en 2011 et 19,3 en 2012 © J.-F. MARIN

Pierre-Emmanuel Sangouard, viticulteur à Vergisson (Saône-et-Loire), travaille sur 11,2 ha. En 2003, il décide de réduire les doses de produits phytos. « J'ai voulu suivre l'expérience de mon grand-père et traiter en suivant de près la météo. » Pour lui, intégrer le réseau Écophyto constituait « l'aboutissement » de cette réflexion.

« Entre 2003 et 2009, j'ai réalisé en moyenne cinq traitements antimildiou et cinq traitements antioïdium. J'ai poussé les cadences jusqu'à vingt et un jours. En 2011, j'ai amplifié la réduction de doses. Si 2012 avait été une année normale, j'aurais continué à travailler ainsi. »

Mais l'année a été marquée par une pression exceptionnelle des maladies en Saône-et-Loire. Le vigneron a réalisé huit traitements antimildiou et dix traitements antioïdium. Il a appliqué les trois premiers traitements à 70 % de la dose homologuée. Mais au plus fort de la pression, il a appliqué « la dose homologuée. Et en réduisant les cadences ». Son IFT total (avec herbicides) a été de 19,3 l'année dernière, contre 16,3 en 2010 et 11,8 en 2011. « En situation de forte pression, on ne réfléchit plus : il n'y a plus de réduction de doses », justifie-t-il.

Traiter les raisins de façon ciblée

Le vigneron utilise des produits systémiques, pénétrants et de contact. En 2012, il a complété son programme par quatre traitements au soufre mouillable. « Je n'avais pas commandé assez de produits pour faire face. Finalement, je n'ai que 2 à 3 % d'attaques sur grappes et la qualité n'a pas été altérée. Mon rendement ne dépasse pas 45 hl/ha, dû à la floraison difficile et à la mauvaise météo. »

Le vigneron s'est donc réjoui de posséder un appareil pouvant traiter les raisins de façon ciblée, ce qui est le « B.A.BA d'une bonne protection ». « J'ai adapté deux turbines Solo sur mon enjambeur. Le premier jet n'est qu'à 40 cm du sol. J'oriente les buses selon la hauteur de la vigne. L'année dernière, j'ai pu stopper ainsi une attaque d'oïdium sur feuilles. Je n'aurais pas eu le même résultat avec un appareil traitant par le dessus. »

Le contrôle des adventices a été tout aussi difficile. « Je laboure mes parcelles après un premier désherbage chimique. Mais en 2012, cela n'a pas été simple. En raison de la pluviosité, je n'ai pu faire qu'un seul passage, juste avant les vendanges. J'ai désherbé au glyphosate fin avril, début mai. Après cela, je suis resté très longtemps sans pouvoir intervenir. »

Pour réduire les herbicides, le vigneron compte développer le labour. « Je souhaite labourer l'interrang et désherber uniquement sous les ceps. Le labour sous les ceps peut les abîmer, demande beaucoup de temps et nécessite un matériel récent. » Pierre-Emmanuel Sangouard n'applique pas d'antibotrytis ni d'insecticides. « Nous n'avons pas de pression du côté des vers de la grappe. » Le temps consacré aux observations ne lui semble pas contraignant. « Avec l'expérience, on connaît les parcelles indicatrices de la pression oïdium ou mildiou. »

« On se prête vite au jeu »

Cette année, si la météo le permet, il va « pousser les cadences au-delà des dix ou des quatorze jours préconisés selon les produits ». Il compte également continuer à réduire les doses à 70 % en début de saison, puis « passer à 100 % au moment de la fleur et ensuite redescendre à 70 % si le niveau de pression de maladies le permet ».

« On se prête vite au jeu de la réduction de doses. On voit les économies réalisées, sourit-il. Trois traitements à 70 % de la dose permettent de gagner un traitement supplémentaire en fin de saison. Toutefois, le but premier est de respecter l'environnement. »

Cet article fait partie du dossier Réduction des phytos : Premier bilan concluant

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