Retour

imprimer l'article Imprimer

DOSSIER - Réduction des phytos : Premier bilan concluant

« Tout le monde peut progresser »

La vigne - n°251 - mars 2013 - page 29

En 2010, Jean-Christian Bonnin a intégré le réseau Écophyto du Maine-et-Loire. C'est la continuité de son engagement dans Terra Vitis depuis plus de dix ans.
SES RÉSULTATS : • Sa plus grande réussite : un IFT de 4 pour la lutte antimildiou et antioïdium en 2012 • Sa plus grande difficulté : la pression de maladie en 2012 • IFT de référence ou régional : 14,4 • Ses IFT : 8,1 en 2011 et 14,4 en 2012 © C. WATIER

SES RÉSULTATS : • Sa plus grande réussite : un IFT de 4 pour la lutte antimildiou et antioïdium en 2012 • Sa plus grande difficulté : la pression de maladie en 2012 • IFT de référence ou régional : 14,4 • Ses IFT : 8,1 en 2011 et 14,4 en 2012 © C. WATIER

L'intérêt de Jean-Christian Bonnin pour l'environnement et la réduction des intrants phytosanitaires ne date pas d'hier. Vigneron sur 46 ha et adhérent Terra Vitis depuis 2001, le plan Écophyto lui a semblé « une démarche intéressante ».

En 2010, Guillaume Gastaldi, le conseiller viticole de la chambre d'agriculture, lui propose d'intégrer le réseau de fermes pilotes. Un groupe où figurent des exploitations en bio, en viticulture raisonnée et conventionnelle. « Il faut arrêter de se battre entre bios et pas bios, affirme Jean-Christian Bonnin. Au sein du réseau, nous mettons nos réflexions et nos expériences en commun. »

Changer ses pulvérisateurs

En 2011, son IFT total (fongicides, y compris soufre et cuivre, herbicides et insecticides) a été de 8,1. En 2012, il est passé à 14,4 car les conditions climatiques étaient très difficiles. « Les millésimes se suivent et ne se ressemblent pas. Réduire l'IFT de 60 % une année est possible mais il sera difficile de dépasser 15 ou 20 % l'année suivante, observe-t-il. Appartenir à un groupe permet d'en parler et de faire remonter les choses à ceux qui ont conçu le plan Écophyto. »

Avant même d'intégrer le réseau, il voulait changer ses pulvérisateurs. « Ma voûte entraînait une perte de produits. J'ai donc acquis deux nouveaux pulvérisateurs Nicolas Zéphyr avec des rampes Tecnoma Turbocoll, un investissement de 60 000 euros environ. J'ai bénéficié de 20 % d'aides au titre du Plan végétal pour l'environnement. Au moment de l'achat, nous avons calculé que les économies de produits sur six ans permettaient de le financer. »

Jean-Christian Bonnin a également refait son aire de remplissage des pulvérisateurs, avec une cuve tampon et un volucompteur programmable. Il a équipé une remorque d'une cuve, d'un groupe électrogène et d'un nettoyeur haute pression pour rincer ses appareils à la parcelle. « J'ai dépensé environ 2 500 euros pour l'aire de remplissage et 500 euros pour la remorque de rinçage. Ce n'est pas si cher... Les vignerons peuvent facilement faire de même. »

« Prendre des risques n'est jamais facile »

Ses vignes sont enherbées un rang sur deux. Il désherbe chimiquement sous le rang, sur une bande de 25 à 30 cm de chaque côté du cep. « Nous travaillons en prélevée. Nous appliquons le produit fin avril et cela permet de tenir l'année. Mais en 2012, nous avons dû faire un rattrapage sur certaines parcelles. »

Autres leviers mis en œuvre : Optidose et Mildium, sur deux parcelles. Là aussi, les conditions de l'année dernière ont compliqué les choses. Surtout pour ses chardonnays, plus sensibles à l'oïdium que les cabernets francs. « Prendre des risques n'est jamais facile. Il y a des stades et des situations où il ne faut en prendre aucun et d'autres où on peut pousser la réflexion plus loin, relève le vigneron. L'année prochaine, par exemple, je passerai plus lentement pour traiter les chardonnays. »

Engagé dans le plan Écophyto, Jean-Christian Bonnin se sent « comme un enfant à qui on enlève les roulettes de son vélo : on est plus autonome, mais cela n'empêche pas de rester prudent ». Le producteur n'a pas l'intention de passer en viticulture biologique. « Je représente la cinquième génération de vignerons sur le domaine. Je ne veux pas prendre le risque de le mener à la faillite. Tout le monde ne peut pas être bio. »

Pour la prochaine campagne, Jean-Christian Bonnin va adapter son programme de traitements « au cépage, à la parcelle et même à l'îlot ». « J'aime faire des expérimentations ! Avec Écophyto, je peux les faire grandeur nature ! »

Cet article fait partie du dossier Réduction des phytos : Premier bilan concluant

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :