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VIGNE - POUR APPROFONDIR

Des drones dans les vignes

Colette Goinère - La vigne - n°251 - mars 2013 - page 48

Utiliser des drones munis de capteurs qui survolent les vignes pour cartographier la vigueur, c'est le projet mené en Gironde par un noyau d'entreprises.
LA SOCIÉTÉ FLY-N-SENS, qui conçoit des drones, participe au projet Vitidrones. © 2013 FLY-N-SENS

LA SOCIÉTÉ FLY-N-SENS, qui conçoit des drones, participe au projet Vitidrones. © 2013 FLY-N-SENS

Son nom ? Vitidrones. Son objectif ? Faire de la télédétection dans le vignoble à partir de drones dotés de capteurs d'images proche infrarouge. Première application visée : une cartographie de la vigueur de la vigne. « Nous cherchons des outils pour que les viticulteurs aient une information précise et de qualité qui les aide dans le management de leur vignoble, explique Julien Richard, responsable nouvelles technologies d'aide à la décision de Vitivista.En faisant appel aux drones, nous serons tout près de la végétation. Nous pourrons détecter de façon précoce des maladies ou des carences et estimer les rendements. »

Un projet nécessitant 480000 euros d'investissement

Situé à Mérignac (Gironde), ce distributeur de produits phytos est le chef de file du projet Vitidrones, auquel participent également Fly-n-Sens, concepteur de drones, Specterra, fabricant de capteurs, l'Institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux et l'école d'ingénieurs Bordeaux Sciences Agro. Bénéficiant d'un investissement de 480 000 euros, financé à 50 % par le conseil régional d'Aquitaine, ce projet devrait aboutir à la fin de l'été 2014. Vitivista pourra alors commercialiser une application.

En attendant, une première étape a consisté à corréler les cartes de vigueur obtenues par avion avec des mesures réalisées sur le terrain (poids des bois de taille et indice de nutrition azotée) par Bordeaux Sciences Agro. Deux châteaux, l'un en Médoc, l'autre en Saint-Émilion, de 20 et 50 hectares, ont accepté de se prêter au test. « Il fallait vérifier que ce que l'on détecte par avion l'est également sur le terrain. Le but étant de créer des grilles de référence par cépage et par type de sol », indique Julien Richard. Fly-n-sens travaille maintenant à la mise au point d'un drone intégrant les capteurs de Specterra « Un prototype pesant moins de 4 kg, avec une autonomie de 30 minutes, sera prêt cet été », affirme Christophe Mazel, président de Fly-n-Sens. Les informations recueillies par cette machine volante seront traitées par Bordeaux Science Agro.

« Se faire la main »

Dernière étape : Vitivista développera une plateforme internet dédiée à ses clients. Ceux-ci, munis d'un code personnel, pourront ainsi accéder aux données correspondant à leurs parcelles.

D'autres expérimentations devraient être menées en Gironde dans le même esprit. Aérocampus Aquitaine, un centre de formation dont la maintenance aéronautique est installée à Latresne (Gironde), négocie le rachat d'une propriété de l'Inra (33 hectares dont 8 de vignes) mitoyenne de ses installations.

« Nous souhaitons y créer une couveuse viticole qui accueillera de futurs viticulteurs. Ils pourraient ainsi se faire la main de façon très concrète. De même, Fly-n-sens pourra y réaliser ses essais de drones pour des applications viticoles », révèle Jérôme Verschave, directeur d'Aérocampus Aquitaine. Le rachat devrait être finalisé avant la fin du premier trimestre.

Détecter les manquants

Basée à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), la société Exacam, spécialisée dans la topographie aérienne, se lance également dans l'aventure. « Nous détectons les manquants et certaines formes de maladies (esca, court-noué, flavescence dorée…) visibles du ciel, et nous pouvons évaluer le nombre de pieds ou les surfaces touchées. Pour les herbes, suivant la période de l'année, nous pouvons déterminer quelles sont les espèces et mesurer les surfaces qu'elles occupent. Avec une caméra spécifique (domaine infrarouge), nous pouvons déterminer le stress hydrique des ceps de vigne, ce qui est crucial au moment de la véraison », affirme Henri Borreill, l'un des deux fondateurs de l'entreprise qui, pour l'instant, travaille sur devis.

Des satellites en renfort pour observer de grandes zones sur une seule image

Telespazio, un des leaders mondiaux des services par satellites, va se poser sur le site d'Aérocampus Aquitaine pour y installer Earthlab, un laboratoire de recherche et développement dédié notamment à la viticulture. L'entreprise projette de fournir des applications de surveillance des vignes, de suivi de la nutrition azotée, des attaques de maladies… pour prédire la croissance et conduire au mieux les parcelles. « Notre objectif est de combiner les moyens technologiques (satellites, drones et avions) pour coller aux besoins de la filière viticole, explique Nicolas Vincent, directeur services de géo-information. Le satellite peut réaliser des observations sur de grandes zones en une seule image. Il réalise une surveillance générale par tout temps. Lorsqu'il détecte une anomalie sur une parcelle, nous pouvons envoyer un drone sur place pour voir ce qui se passe. » Earthlab va travailler sur deux axes de recherche : la modélisation du comportement de la vigne et la fusion des données issues des images fournies par les drones, les satellites et les avions.

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