Le vin version cocktail séduit les Français. Rosé pamplemousse, fraise ou framboise, blanc à la pêche ou à la pomme verte… Ces nouvelles boissons s'imposent à l'apéritif. Et même au-delà. « On m'en achète pour les mariages, en guise de vin d'honneur, et pour les apéritifs dînatoires », indique Thierry Pineau, viticulteur à la tête du domaine de La Noue, à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique), qui en vend depuis 2007. Frais, fruités, colorés, bon marché (entre 2,90 et 3,50 euros la bouteille) et titrant seulement 10° d'alcool, les cocktails prêts à l'emploi répondent aux attentes actuelles. En grande distribution, ils font un tabac. Les ventes de boissons aromatisées à base de vin – la catégorie réglementaire à laquelle appartiennent ces nouveaux cocktails – s'élèvent à 18,4 millions d'équivalents cols en hypers et supermarchés en 2012, selon In Symphony, une société qui suit les ventes de vins en GMS. Après seulement quatre ans d'existence dans les rayons, elles pèsent déjà plus que les vins bios (9 millions d'équivalents cols l'an dernier). La référence star est le pamplemousse rosé avec 75 % des ventes. Le blanc pêche suit avec 6 % des sorties. Devant ces résultats, Leclerc, Carrefour, Casino et Cora ont pris le train en marche en lançant leurs références propres.
« Intéresser les jeunes »
« Ces produits rallient un public bien plus large qu'on ne le pensait », estime Nelly Sancho, chef de produit à La Confrérie, qui commercialise la gamme Very Pamp'. Ils plaisent autant aux femmes qu'aux hommes et autant aux consommateurs qu'aux non-consommateurs de vin, selon l'étude réalisée en 2012 par cette filiale de Castel.
Contrairement à l'idée qu'on pourrait s'en faire, ils n'attirent pas les jeunes, mais surtout les 30-45 ans. Et, dans un cas sur deux, les consommateurs les déposent dans leur chariot en plus des autres alcools qu'ils achètent pour l'apéritif.
« Nous voyons dans les cocktails le moyen de faire découvrir notre production autrement et d'y intéresser les jeunes », expose Sophie Brocchieri, chargée de communication à la maison de la Clairette, à Vercheny (Drôme). Depuis trois ans, le syndicat de l'appellation travaille en partenariat avec la section barman de l'école hôtelière de Tain-'Hermitage. « Nous leur présentons la clairette et le crémant une journée durant, poursuit Sophie Brocchieri. Ils proposent leur création lors du festival des Espiègleries, au mois de mai, en réalisant des démonstrations pour les visiteurs. » L'an passé, ils ont été submergés de visites !
Cette année, ces cocktails ont été promus lors du Salon mondial de la restauration et de l'hôtellerie (Sirha) à Lyon, en janvier. Des fiches reprenant les recettes ont été distribuées aux visiteurs professionnels. L'idée a plu. Le cocktail Purple Red y figurait. Il se réalise avec de la clairette de Die, du Pulco orange sanguine et une vodka locale, Terres des Chartreux. À l'apéritif, le vin n'a pas fini de surprendre.
Bordeaux L'interprofession surprend agréablement le public
Bordeaux sureau : rosé ou clairet, sirop de fleur de sureau et citron vert
Etche Bordeaux : sweet bordeaux (moelleux), pincée de piment d'Espelette , et purée de mangue
Surfant sur la vague, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) organise des ateliers cocktails lors de Bordeaux fête le vin depuis 2008. « Nous créons des recettes avec les trois couleurs, les crémants et les liquoreux, dit Sara Briot-Lesage, chargée de communication. Nous avons fait appel, pour cela, à un barman de formation. » L'an passé, les participants avaient un shaker à leur disposition pour réaliser les mélanges en même temps que lui. « Le stand n'a pas désempli, enchaîne Sara Briot-Lesage. Le public est agréablement surpris, il retrouve le goût du vin que les autres ingrédients subliment. » Comme le cocktail Bordeaux Sureau qui se sert dans un verre à cocktail décoré avec un zeste de citron vert. On peut y ajouter des glaçons. Pour le très original Etche Bordeaux (en photo), le barman conseille de le déguster avec une tomate cerise pour équilibrer la puissance du piment. Le CIVB propose ses cocktails à la dégustation lors d'événements ponctuels. Ce fut le cas le 10 décembre dernier à l'Olympia, à Paris.
Muscadet Les recettes du domaine de la Noue
Lagon : vin blanc et sirops (curaçao, noix de coco, fruit de la passion et vanille)
20 000 bibs et 12 000 à 15 000 bouteilles vendus en 2012
9,50 euros le bib, 3,50 euros la bouteille au caveau
« J'invente toutes mes recettes ! » Thierry Pineau, vigneron à la tête du domaine de La Noue, 18 ha dans le Muscadet, a lancé sa gamme Douceur de la Noue en 2007. À l'époque, il vendait beaucoup en vrac au négoce, à des prix trop bas. Aujourd'hui, sa gamme compte dix-huit cocktails à base de vins et de sirops. « J'assemble les vins et les sirops en cuve puis je tire le cocktail en bibs ou en bouteilles sous vide. » Pour développer cette activité, Thierry Pineau a dû créer une EURL et prendre le statut de négociant. Car un vigneron n'a pas le droit d'ajouter un produit externe à son vin. Sa première création, Lagon, à la teinte bleutée, est leader des ventes « Le goût importe autant que la couleur », estime Thierry Pineau. Le degré, 10,5°, séduit aussi ses clients. Les deux premières années, les ventes ont grimpé de 20 à 25 % par an. Maintenant, elles progressent de 10 à 15 % par an. En 2012, 10 000 hl ont été écoulés. Cette activité a représenté 60 % des ventes en volume et 65 % du chiffre d'affaires du domaine, qui continue de vendre des muscadets et des vins de cépage. La grande distribution de l'ouest de la France absorbe l'essentiel des quantités.
Beaumes-de-Venise Balma de Venitia tisse sa toile
Quinze recettes de cocktails
Trois univers: Simply Fresh, Juicy Lounge et Color Mix
Triple M (photo): muscat de Beaumes-de-Venise blanc, dès de melon et menthe ciselée
Rajeunir la cible de ses consommateurs est un des objectifs de la cave Balma Venitia, à Beaumes-de-Venise, dans le Vaucluse. Pendant le festival d'Avignon, elle organise les soirées Muscatesses dans des restaurants de la ville. Des hôtesses offrent un cocktail aux clients des restaurants. Le premier verre est gratuit, le deuxième payant. En décembre, elle a lancé le site muscatdebeaumesdevenise.com. La cave y présente quinze recettes de cocktails à base de muscat de Beaumes-de-Venise classés en trois univers. Le Green Muscat, par exemple, se prépare avec 2 cl de gin, 1 cl de sirop de kiwi complété de muscat de Beaumes-de-Venise. Un livret téléchargeable recense l'intégralité des suggestions. « Cette année, l'appellation fête ses 70 ans, annonce Emmanuelle Weider, du service marketing de la cave. Nous allons mettre en avant son usage en cocktails. »
Les meilleures ventes en GD Fruits & Wine
4,7 millions d'équivalents cols
Moncigale
Parfums : rosé pamplemousse, blanc pêche, sangria blanche, rouge framboise, rouge mûre, rouge spéculoos et blanc pain d'épices
Ingrédients : vin et jus de fruits ou infusion de fruits
3,20 à 3,50 euros le col
Nouveauté 2013 : rosé pamplemousse en 15 et 150 cl et rosé fraise.
7,5° d'alcool
Les meilleures ventes en GD Very Pamp'
4,3 millions d'équivalents cols
La Confrérie (groupe Castel)
Parfums : rosé pamplemousse, blanc pêche, blanc citron vert, rosé citron
Ingrédients : vin, arômes naturels et sirop de fruits
Nouveautés 2013 : rosé framboise, blanc pomme verte, rouge grenade
2,90 à 2,95 euros le col
10° d'alcool
Les meilleures ventes en GD Arômes & Vin
Environ 4 millions de cols (estimation)
Compagnie Vinicole de Bourgogne (groupe Picard)
Parfums : rosé pamplemousse, rosé griotte, blanc pêche, blanc poire, rosé fraise, rosé framboise
Ingrédients : vin et arômes naturels ou jus de fruits
Nouveauté 2013 : habillages relookés
Moins de 3 euros le col
7,5° d'alcool