Pierre Llorens veut y croire : sa récolte 2012 est partie à 1 050 euros le tonneau de 900 litres (117 €/hl) contre 1 000 euros le tonneau (112 €/hl) pour sa récolte 2011. Depuis deux ans, il peut même espérer 1 300 euros le tonneau (145 €/hl) pour 10 % de ses vins destinés à des marchés de niche.
Reste que la situation de ce viticulteur à la tête de 30 ha à Blasimon (Gironde) est fragile. « Je perds de l'argent depuis dix ans, mais les voyants sont passés du rouge à l'orange », lâche-t-il, encouragé par le partenariat passé depuis 2004 avec Grands chais de France, qui achète toute sa récolte.
Xavier Coumau, le président du syndicat des courtiers de Bordeaux, partage son analyse : les cours remontent la pente doucement. « Ce n'est pas l'euphorie. Les prix restent encore insuffisants », nuance-t-il.
La récolte 2012 a été tardive, décalant le départ de la campagne. La vente du nouveau millésime n'a démarré qu'en janvier et février dernier.
À Saint-Martin-du Puy, Francis Peyré essaie lui aussi d'être optimiste. Ce vraqueur produit 650 hl, dont 500 de bordeaux rouge, sur 12 ha. Il travaille avec deux négociants tout en se positionnant sur le marché spot. « En 2010, j'ai écoulé ma production à 800 euros le tonneau (89 €/hl). Le cours était au plus bas. Aujourd'hui, il y a une lueur d'espoir avec 950 euros le tonneau (105 €/hl) pour le 2012, indique-t-il. Mais le négoce n'est pas pressé d'acheter. Il ne veut pas avoir de stock. Il n'achète que ce qu'il est sûr de vendre. La production sert de tampon. »
Les deux négociants devraient lui prendre 250 à 300 hl de sa récolte. Francis Peyré espère négocier le reste à 1 000 euros du tonneau (112 €/hl) vers l'été. « L'an dernier, j'ai réussi à vendre 900 euros le tonneau en août. C'est une loterie, rien n'est gagné d'avance. »