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ACTUS - RÉGIONS

BOURGOGNE Des arrachages amers

Cédric Michelin - La vigne - n°252 - avril 2013 - page 10

Dans le nord du Mâconnais, des viticulteurs doivent arracher leurs parcelles touchées par la flavescence dorée. La profession veut les indemniser. L'État traîne des pieds.
Journée de corvée à Chardonnay (Saône-et-Loire) pour aider un viticulteur à arracher sa parcelle touchée par la flavescence dorée. © C. MICHELIN

Journée de corvée à Chardonnay (Saône-et-Loire) pour aider un viticulteur à arracher sa parcelle touchée par la flavescence dorée. © C. MICHELIN

En attendant une hypothétique indemnisation des vignerons condamnés à arracher leurs parcelles atteintes de flavescence dorée, l'entraide s'est organisée dans le nord du Mâconnais. En Bourgogne, on appelle cela des corvées.

Le syndicat local de Cruzille, en Saône-et-Loire, a lancé le mouvement. En mars, quatre journées de corvée ont ainsi été organisées pour tailler les ceps à nu, enlever le palissage et enfin arracher les pieds. Une soixantaine de viticulteurs y ont participé, accueillis le matin de bonne heure avec un casse-croûte et des boissons chaudes servies dans les vignes.

40 000 euros par hectare arraché

Mais le terrain gronde d'impatience. En octobre 2011, un foyer de flavescence dorée inédit par son importance a été découvert à Plottes, un village à 30 km au nord de Mâcon. Un an plus tard, le préfet de Saône-et-Loire décrète l'arrachage obligatoire de 11,31 ha avant le 31 mars 2013. Depuis, la question de l'indemnisation des viticulteurs frappés par le sort est sur la table. Leur préjudice est évalué par le ministère de l'Agriculture à 40 000 euros par hectare arraché. Pour les indemniser tous, il faudrait donc trouver un peu plus de 440 000 euros.

La première piste, celle du nouveau Fonds de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE), ne pourra être effective avant la fin 2013.

Autre solution envisagée : le mécanisme de solidarité régit par l'article L 251-9 du code rural.

Ce dernier est abondé à 50 % par la profession et à 50 % par l'État et l'Europe. Pour la part professionnelle, l'interprofession des vins de Bourgogne (BIVB) a déjà provisionné les 200 000 euros. Mais l'État cherche à mesurer les répercussions de la mise en place d'un tel fonds.

Bercy freine

La directrice adjointe de la Direction départementale des territoires (DDT), Florence Laubier, explique que « ce mécanisme de solidarité a vocation à préfigurer la section viticole du FMSE. La crainte est d'accorder des indemnisations trop "larges" qui ne pourraient pas être financées lorsque le fonds sera généralisé à toute la France ». Du coup, Bercy freine des quatre fers.

En attendant, les vignerons qui ont dû arracher leurs vignes vivent amèrement leur histoire.

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