L'AOC Côtes du Rhône rosé n'est pas à la fête. Contrairement à ses voisins du Ventoux et du Luberon qui ont tout vendu, il reste du vin en cave... « Le côtes-du-rhône rosé n'a pas la même attractivité que ces appellations », regrette Frédéric Lavau, DG de la Maison Lavau (Vaucluse) qui en commercialise 1 000 à 1 500 hl par an en vrac. Les ventoux rosés, moins onéreux, sont prisés des MDD. À 115 euros l'hl, les côtes-du-rhône rosés sont 10 % plus chers.
En 2010, les sorties de chai ont reculé. Depuis, elles plafonnent à 90 000 hl par an selon Inter-Rhône alors que la récolte dépasse 100 000 hl. Conséquence, le stock en cave augmente. D'où la prudence de certains. Bernard Roustan, de la cave de Tulette (Drôme), confie : « Nous n'avons pas augmenté la proportion de rosés cette année. Ils représentent 15 % de notre production. » Il produit uniquement des rosés de saignée, car « le grenache, notre principal cépage, est sensible à l'oxydation ». Une partie des vins qu'il vinifie est très colorée, proche des Tavel, l'autre plus pâle, comme les rosés provençaux.
Devant le contexte du marché, le syndicat des côtes du Rhône a mis en garde les opérateurs : « Il faut éviter d'augmenter la production sous peine de voir ce marché connaître des difficultés », indique le président Philippe Pellaton.
L'avis n'est pas partagé par tous. « Le rosé n'est plus une mode, estime le courtier Christophe Pasta. C'est une vraie tendance de consommation. Les côtes-du-rhône doivent investir le segment en se positionnant entre les côtes-de-provence et les AOC satellites de la vallée du Rhône. » Il ajoute : « Le vignoble se trouve dans une région touristique qui a vocation à occuper le créneau. » Encore faut-il accompagner, selon lui, ce développement d'un soutien promotionnel d'envergure.