En juillet, la section viticole des groupements de Cognac, les chambres d'agriculture de Charente et de Charente-Maritime ainsi que l'IFV et la MSA ont testé cinq pulvérisateurs face par face sur les domaines Rémy Martin, à Juillacle-Coq (Charente).
Le panel comprenait deux appareils pneumatiques – KWH Turbo 3 de Chabas et Speedfl ow Progress chez Grégoire – ainsi que trois appareils à jet porté – Tecnoma Vectis à diffuseurs Précijet, UEZ S à flux tangentiels de Weber et, chez Dhugues, Koléôs à panneaux récupérateurs.
Tous ont été soumis à un test statique puis à un test en végétation sur des vignes charentaises plantées à 3 m de largeur conduites en arcure palissée ou haute en port libre. Les essais ont été réalisés avec un tracteur Claas Nexos 230 VL dont la prise de force était réglée à 540 tr/min pour les tests en végétation et un Claas Nectis 257 F pour les tests statiques. Les experts ont mesuré la quantité de bouillie déposée sur les grappes, sur les faces inférieure et supérieure des feuilles, au centre et de part et d'autre du rang. Ils ont également mesuré les pertes au sol et évalué ainsi les pertes dans l'air. Partant de là, ils ont apprécié la qualité de la pulvérisation de chaque matériel.
Un jury composé de quatre viticulteurs et d'un conseiller de la MSA a par ailleurs jugé l'ergonomie ainsi que la facilité d'utilisation, de lavage et d'entretien de tous ces appareils.
Matthieu Sabouret, de la chambre d'agriculture de Charente, et Alexandre Davy, de l'IFV pôle Bordeaux-Aquitaine, ont livré les résultats lors d'une réunion organisée le 10 octobre qui a attiré les foules, puisque deux cent cinquante personnes y ont assisté.
Jean-Pierre Fillioux, président de la section viticole des groupements de Cognac et co-organisateur de la manifestation, a annoncé que, pour la première fois cette année, le forum avait décerné un coup de cœur. Cette distinction est allée au pulvérisateur UEZ de Weber, le plus pratique des cinq pour les utilisateurs et celui qui diffuse le plus régulièrement la bouillie sur la vigne. « Par cette initiative, nous voulons encourager les constructeurs à offrir des matériels de plus en plus ergonomiques », a-t-il expliqué.
Voici le détail des résultats obtenus pour chaque appareil et leur fiche technique, à l'exception du pulvé Koléôs. Vous pourrez retrouver les caractéristiques de ce dernier en page 68, où nous rendons compte de sa comparaison avec le pulvérisateur Lipco GSG, les deux engins ayant été testés pendant toute la campagne 2013 dans deux lycées girondins.
Weber : Astucieux et homogène
Le pulvérisateur UEZ de Weber a séduit le jury du forum pour son côté très pratique. Il a apprécié la conception astucieuse de son circuit de rinçage qui économise l'eau claire lors du lavage après un traitement. « Une fois la pompe lavée, on dévie le retour pour que l'eau claire ne passe plus en cuve », précise Jean-Pierre Fillioux. Parmi les autres bons points de l'UEZ, les jurés ont souligné la présence d'un débitmètre permettant une lecture instantanée du volume par hectare en cabine, la centrale hydraulique rendant le pulvérisateur indépendant du tracteur et la possibilité de contrôler la vitesse de rotation des flux tangentiels grâce au réglage de débit hydraulique.
Ce pulvérisateur s'est également distingué par le fait qu'il diffuse la bouillie de traitement de manière très homogène sur la végétation. Les flux tangentiels la répartissent de façon quasiment identique de haut en bas du plan de palissage, mais aussi à l'intérieur du feuillage, où l'appareil obtient les meilleurs résultats du test. Il dépose une quantité suffisante de bouillie sur feuilles comme sur grappes.
En revanche, il déçoit avec 29 %* de perte au sol et 20 % en l'air. En d'autres termes, la moitié de la bouillie n'a pas atteint sa cible ! Le constructeur Weber devrait y remédier en proposant au Sitévi un modèle équipé de panneaux récupérateurs.
Dhugues : Le plus écolo
Le Koléôs de Dhugues, un appareil à panneaux récupérateurs, démontre, chiffres à l'appui, l'intérêt de la pulvérisation confinée. Le constructeur a appliqué 150 l/ha à 3 bars de pression en avançant à 6,2 km/h, soit un débit de chantier de 3,23 ha/h.
L'appareil se distingue par des pertes de produit très faibles comparées aux autres pulvérisateurs testés, de 1 à 6 % dans l'atmosphère et de 8 à 10 % au niveau du sol. Deux tiers à trois quarts de la substance atteignent la vigne, contre 50 % en moyenne pour les autres matériels testés à cette date. Le Koléôs est aussi l'appareil qui dépose la plus grande quantité de produit sur les grappes et sur le feuillage.
Petit bémol : la face inférieure du feuillage en reçoit beaucoup moins que la face supérieure. Un panachage des buses (injection d'air en haut et buses standard en bas) aurait sûrement permis d'améliorer la couverture des faces inférieures.
Tecnoma : Une pulvérisation bien ciblée
Le Précijet de Tecnoma, avec 58 % de la bouillie déposée sur la végétation, se situe dans la moyenne haute. C'est, hormis le Dhugues à panneaux récupérateurs, le meilleur score des appareils en face par face testés. Il assure une diffusion homogène de la bouillie sur la hauteur, avec toutefois un moindre dépôt sur les faces inférieures.
L'appareil peine en revanche a atteindre les grappes, notamment sur les vignes en arcure haute. La jauge de la cuve n'est pas très fiable dans les bas volumes : alors que la cuve contient 1 000 litres, la jauge surestime de 10 % le volume réel de liquide jusqu'à 600 litres.
Chabas : Efficace mais encombrant
Le KWH Turbo 3 assure une bonne répartition de la bouillie sur toute la végétation. Grâce à l'orientation des mains de bas en haut, il couvre très bien la partie inférieure du feuillage.
Petite déception en revanche, les tests n'ont mis en évidence aucun effet positif de l'électrostatique sur la performance du pulvé. Plus problématique, avec 57 ch de puissance absorbée, le KWH Turbo 3 est un appareil énergivore. Il est également encombrant. À noter une légère surestimation de la jauge dans les bas volumes.
Grégoire : Faible couverture des grappes
Le pulvé Speedflow Progress couvre bien la face supérieure des feuilles de haut en bas du feuillage. Pour le reste, ses résultats sont décevants. Des cinq pulvérisateurs testés, c'est celui qui dépose la plus faible quantité de bouillie sur les faces inférieures des feuilles et sur les grappes. Les descentes Flexispray manquent aussi de pénétration à l'intérieur du feuillage. Au final, seulement 43 % du produit diffusé arrive sur la vigne.
Plusieurs raisons expliquent ces mauvais résultats. Pendant le test, les diffuseurs étaient placés trop près de la végétation. Par ailleurs, étant en position fixe, ils ne peuvent pas être orientés du bas vers le haut. Alexandre Davy souligne que malgré ces résultats, le Flexispray reste intéressant et fait beaucoup mieux que l'immense majorité du parc de pulvés existant.
*Moyenne des résultats obtenus sur les deux modes de conduite testés, arcures palissée et haute.