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ACTUS - RÉGIONS

Bordeaux Accident dramatique

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°259 - décembre 2013 - page 8

Fin octobre, un apprenti de 18 ans est décédé dans les vignes alors qu'il passait une herse rotative. Pour les proches du jeune homme, ce drame doit rappeler à tous les règles de prudence.

Julien, élève au lycée agricole de Libourne-Montagne, faisait son apprentissage au sein des Vignobles Valade (30 ha en AOC Côtes de Castillon), à Belvès-de-Castillon (Gironde). Le 23 octobre dernier, en début d'après-midi, le jeune homme est dans les vignes. Il passe la herse rotative, une Kuhn HRB 152. Un orage survient. Le fils du propriétaire se dirige vers la parcelle où travaille Julien. Il veut lui proposer de se mettre à l'abri et de reprendre le travail plus tard.

Il aperçoit le tracteur au milieu d'un rang de vigne. Le moteur tourne. Il ne voit pas Julien. Il l'appelle et le découvre coincé dans la machine. Pour une raison inconnue, l'apprenti est descendu du tracteur, apparemment sans couper la prise de force. Pour remonter sur l'appareil, il se serait servi du rouleau cage comme d'un marchepied, selon les gendarmes. C'est à ce moment-là qu'il aurait glissé. Ses deux jambes se sont retrouvées coincées entre le rouleau cage et les dents de la herse qui tournaient verticalement. Entre les deux, l'espace n'excédait pas 25 cm. Ses jambes ont été happées. Il a été gravement touché et est décédé le même jour au CHU de Bordeaux.

« Faire de la prévention. » Paul Valade, à la tête du vignoble, est « effondré ». Julien, il lui accordait toute sa confiance. Cela faisait trois ans que ce jeune homme de 18 ans et quatre mois effectuait son apprentissage chez lui. « Julien maîtrisait le matériel. Il en savait plus que certains ouvriers agricoles », lâche Paul Valade, qui ne comprend pas ce qui s'est passé. Une question le taraude : « Pourquoi est-il descendu du tracteur ? »

Bruno Dellac, le père de Julien, se pose la même question. « Quand je suis arrivé sur les lieux de l'accident, j'ai bien vu que ni le tracteur, ni la herse n'étaient embourbés. Je ne sais pas pourquoi Julien est descendu du tracteur », explique-t-il. Et de confier que, depuis l'âge de trois ans, il a toujours emmené son fils avec lui sur le tracteur. Les machines n'avaient pas de secret pour lui.

Paul Valade est formel : « La herse n'était pas boueuse. Elle n'avait pas accroché de fils ni de pieds de vigne », répète-t-il. L'hypothèse des gendarmes selon laquelle Julien se serait servi du rouleau comme marchepied après quoi il aurait glissé les jambes en avant ne lui paraît pas logique : « Il aurait dû tomber en arrière, sur le dos, et non les deux jambes en avant. »

Seule certitude pour Paul Valade : si Julien avait coupé la prise de force, il serait toujours en vie. « Il faut toujours arrêter le moteur quand on descend de son tracteur. C'est capital. Je le répète à tous les viticulteurs. »

Bruno Dellac martèle son credo : « Il faut faire de la prévention vis-à-vis des jeunes et de tous les salariés. On va toujours plus vite au nom de la rentabilité. Mais il faut savoir perdre cinq minutes pour être sûr de rentrer chez soi le soir. » Chef de culture dans une grande propriété, le père de Julien va continuer à recevoir des apprentis à qui il délivrera ce message de prévention, avec encore plus de force. En hommage à son fils.

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