« EN 2013, NOUS AVONS RENTRÉ 130 000 HL, CONTRE SEULEMENT 93 000 HL EN 2012.» Joël Julien, directeur de la coopérative Les costières de Pomerols (Hérault) p.26 © P. PARROT
S'il est une région que la nature a gâtée plus que les autres l'an dernier, c'est bien le Languedoc-Roussillon. La récolte y est abondante et de belle qualité. Ce bassin va en tirer profit. « Quand nos cuves sont pleines de bons vins, nos vignerons sont ardents à les vendre », claironne Jacques Gravegeal, président de l'ODG Pays d'Oc.
Dans leur ardeur commerciale, les producteurs languedociens rencontrent des clients qui ont bien du mal à s'approvisionner ailleurs. L'année 2014 ne peut donc que leur sourire. Car contrairement au Midi, les Côtes du Rhône et Bordeaux ont fait une mauvaise récolte. Ces deux grandes régions ont subi une coulure d'une rare intensité.
Comme leurs ventes se portaient bien, elles avaient peu de stock. Désormais, elles manquent de vin et redoutent de perdre des marchés. Et bien des exploitations savent qu'il leur faudra des années de gestion des plus économes pour se remettre de la catastrophe climatique qu'elles ont subi.
L'an dernier, la nature n'a pas davantage gâté Bergerac, la Bourgogne, Gaillac, le Jura, la Provence ou la Savoie. Ces régions comptent également parmi les perdantes d'une saison 2013 qui fut bien trop pluvieuse durant la floraison puis au moment de la récolte.
Dans notre dossier spécial, vignerons et responsables professionnels expliquent comment ils affrontent cette situation délicate. Dans l'immédiat, ils doivent sélectionner adroitement leurs clients dans un contexte de forte hausse des prix. Pour l'avenir, ils réfléchissent à s'organiser afin de mieux encaisser un événement similaire.
Retournement de situation. À l'inverse, d'autres régions remercient le ciel de leur avoir apporté une récolte généreuse ou correspondant aux besoins de leurs marchés, comme en Beaujolais, en Champagne ou à Cognac. Outre le Languedoc, la Corse a fait le plein. Alors que ses rosés connaissent un succès croissant, l'île se frotte les mains.
Pourtant, il y a seulement cinq ans, la situation était inversée. Bien des vignerons pensaient avant tout à arracher alors que les responsables régionaux tentaient de freiner leurs ardeurs. Cette année, ils rêvent de planter. Preuve que la vie est faite de cycles. Gagnants et perdants d'aujourd'hui ne seront pas les mêmes demain.