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Magazine - Terroir & tradition

Pas de fin pour les fûts

PATRICK TOUCHAIS - La vigne - n°260 - janvier 2014 - page 72

Avec des douelles et des fonds de barriques, Damien Froger fabrique des meubles originaux sous l'enseigne Dou'elles vont.
DAMIEN FROGER déguste un verre d'anjou sur une rock'in barrique, le nom qu'il a donné à cette chaise à bascule entièrement fabriquée avec des douelles. PHOTOS C. WATIER

DAMIEN FROGER déguste un verre d'anjou sur une rock'in barrique, le nom qu'il a donné à cette chaise à bascule entièrement fabriquée avec des douelles. PHOTOS C. WATIER

L'ATELIER de Damien Froger n'est pas assez grand pour stocker toutes ses créations. Il cherche un endroit plus grand pour pourvoir se développer.

L'ATELIER de Damien Froger n'est pas assez grand pour stocker toutes ses créations. Il cherche un endroit plus grand pour pourvoir se développer.

Le barbarrique.

Le barbarrique.

Tabouret de bar.

Tabouret de bar.

Comme on déballe un cadeau, Damien Froger prend plaisir à ouvrir une barrique. « C'est toujours une surprise, raconte le menuisier. J'aime bien y observer les défauts que je pourrai exploiter ensuite. » Car son travail démarre lorsque la vie des fûts s'arrête pour le vin. C'est alors que le créateur prend la main. Il va passer des dizaines d'heures à transformer des douelles, des fonds et parfois des barriques entières en mobilier original.

Damien Froger exerce dans un petit atelier attenant à sa maison de Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire), au coeur du vignoble angevin. Sous l'enseigne Dou'elles vont, il fabrique des chaises, des tabourets de bar, des chaises à bascule (baptisées rock'in barrique), des bancs (banbarrique) et des objets plus originaux comme le barbarrique ou le nassakille (un luminaire). Les meubles les moins chers valent 150 euros pièce, les plus chers jusqu'à 800 euros. L'artisan agence également des cuisines ou des salles de bain. Tout récemment, on lui a commandé une douche d'extérieur.

Pour le barbarrique, il lui faut cinq fûts. L'un d'eux constitue l'élément central du bar autour duquel il place les fonds des quatre autres fûts un peu comme les pétales autour du centre d'une fleur. Pour ce bar, il faut compter entre 60 et 70 heures de façonnage.

Damien refuse de vernir ses créations. « Je le faisais au départ. Mais je suis passé à l'huile de lin ou à la cire d'abeille. Ainsi protégés, les meubles finissent par se patiner avec le temps », plaide-t-il.

Avant de se lancer en 2011, la quarantaine passée, dans la création de mobilier, il a eu un parcours sinueux. Sarthois d'origine, il arrive en Anjou dans les années 1980 pour parfaire sa formation de menuisier ébéniste. En 1993, il change de voie pour devenir éducateur dans des établissements spécialisés, de type Ésat. « Rien à voir avec le bois. On travaillait pour l'industrie, se souvient Damien. Mais à titre personnel, j'ai commencé à transformer des barriques. Pour le plaisir. »

Damien se définit comme un menuiser-paysan. Sans doute en référence aux vignerons-paysans, plutôt tendance vin bio ou naturel, qui l'entourent et l'accompagnent. « Une vingtaine de producteurs d'Anjou me donnent leurs vieilles barriques. Et je commence à avoir des ouvertures dans d'autres vignobles. »

L'artisan est tout aussi exigeant dans son travail que dans le choix de sa matière première. « Un vigneron voulait me donner un vieux foudre logé dans une cave enterrée. J'ai refusé. Le foudre faisait tellement partie du patrimoine de sa cave que je ne me voyais pas le démonter. »

Ses fournisseurs sont aussi ses premiers ambassadeurs. « Certains ont du mobilier chez eux, parce que je manque de place pour stocker », souligne Damien. Ce sont aussi ses premiers clients. Viennent ensuite les restaurateurs, les cavistes et les particuliers. Son activité se développe via le bouche à oreille. Pour se faire connaître, il participe à des salons de vignerons. En Anjou, les Anges Vins lui ont naturellement fait une place mi-novembre pour leur traditionnel salon de Saint-Aubin-de-Luigné.

Désormais, Damien a besoin d'un nouvel atelier pour se développer. Il tient une piste dans un village voisin. Toujours au coeur du vignoble. Comme ses amis vignerons, lui aussi est accroché à ces vignes et ces paysages façonnant l'Anjou, qui lui fournissent sa matière première.

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