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éditorial

Ensauvagement

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°261 - février 2014 - page 5

Tout le monde s'accorde sur la nécessité de protéger l'environnement. Mais seuls quelques-uns vont jusqu'à en faire un sanctuaire intouchable. En Gironde, le président d'un syndicat des eaux - pépiniériste viticole de profession - s'est frotté à cette police. Pour avoir curé un fossé, elle l'a traîné au tribunal correctionnel, où l'on juge habituellement les escrocs, les voleurs et les trafiquants. Avant d'agir, Daniel Amblevert aurait dû commander une étude d'impact de son projet. Trop cher, trop long a-t-il estimé. Et à quoi bon ? serait-on tenté d'ajouter. Le curage des fossés est un acte banal d'entretien des campagnes que les agriculteurs accomplissent depuis des lustres. En attendant, le pépiniériste risque gros : jusqu'à deux ans de prison ferme. Heureusement, il bénéficie d'un large soutien politique et populaire, de gens exaspérés des excès de la politique de protection des eaux.

Les victimes des nouvelles inondations qui ont frappé le Var mi-janvier subissent, elles aussi, ces excès. « On n'a pas le droit de couper les arbres en bordure de rivière à cause de telle chauve-souris. Il ne faut pas intervenir sur la rivière à cause de telle anguille. Au final, nos vignes se retrouvent inondées », explique un vigneron à « La Vigne ». Désormais, il semble plus important de laisser les cours d'eau s'ensauvager que de protéger les riverains d'une crue. Il faut revenir à la raison.

Et dans le Gard, des viticulteurs ont le sentiment que l'administration prend plus de gants pour une espèce fragile que pour une exploitation en difficulté. La ligne ferroviaire LGV vers Barcelone va détruire des prairies qu'affectionne l'outarde canepetière. Ce bel oiseau bénéficie d'une protection totale en France. Il est bien sûr interdit de le chasser. Mais il faut aussi le reloger lorsqu'on lui prend des terres ! L'entreprise chargée de cela achète toutes sortes de parcelles, dont des vignes convoitées par des viticulteurs du coin, pour les convertir en prairies. Ses agissements passent très mal. Le contraire serait surprenant. Mais il est bien difficile d'obtenir des informations sur cette affaire, dont les protagonistes ne veulent pas parler. N'est-ce pas, là aussi, dépasser les bornes ?

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