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LUCAS LECLERCQ, DIRECTEUR TECHNIQUE DU DOMAINE LAFON ROCHET, en Gironde, s'est équipé en 2013 d'un drone Phantom de lamarque DJI. L'appareil permet de zoner les quelques parcelles à problème du château. © L. WANGERMEZ
VIGUEUR. Sur la photo en image réelle, on repère les zones vert clair et vert foncé, qui donnent une indication de leur vigueur. © CHÂTEAU LAFON ROCHET
VIGUEUR. La photo est traitée en infrarouge. En rouge apparaissent les zones les moins vigoureuses. Puis la vigueur augmente du jaune au vert pour atteindre le maximum dans les zones en bleu. © CHÂTEAU LAFON ROCHET
Depuis 2011, le château Lafon Rochet fait appel à Vitivista pour la prise de vue de photos aériennes par avion lui permettant de définir les zones de vigueur dans ses vignes. La distinction de ces zones s'opère par l'analyse de la couleur du feuillage : les vignes sont d'autant plus vigoureuses que le vert est intense.
« Nous pouvons étalonner l'analyse des photos en fonction des différentes nuances de vert que nous repérons dans nos vignes, explique Lucas Leclercq, directeur technique du domaine. Nous n'utilisons pas de grille d'interprétation toute faite. L'outil est adapté à notre situation, en fonction de ce que nous considérons comme des pieds très vigoureux ou carencés en azote. Grâce à ces images, nous avons pu déterminer des zones de vigueur et apporter ensuite des amendements en fonction de nos observations. »
Malgré cela, Lucas Leclercq n'est pas pleinement satisfait : « Le souci, c'est le coût élevé de cette technologie : 3 300 euros par an pour 40 ha de vigne. Nous nous sommes alors dit que nous allions nous équiper nous-mêmes d'un drone qui jouerait le rôle de "troisième oeil" à la place de l'avion. L'intérêt était de disposer de vues aériennes rapprochées quand nous en avions besoin et pour compléter nos observations de terrain. Dans notre idée, ces vues devaient nous permettre de confirmer un diagnostic et de savoir quelle surface était concernée par un problème, afin d'être plus précis dans la conduite de la vigne. »
Le château a tout d'abord acheté un petit drone de marque Parrot AR Drone doté d'un appareil photo haute définition et piloté par iPad. Mais il ne convenait pas. Les images n'étaient pas assez précises et ne pouvaient pas être correctement traitées.
« Début 2013, nous avons acheté un drone Phantom de DJI, poursuit Lucas Leclercq. Il s'agit d'un quadricoptère doté d'un GPS sur lequel nous avons fixé une caméra GoPro qui prend des photos et filme en haute définition. Le tout est enregistré sur carte SD ou clé USB pour pouvoir ensuite être visionné sur ordinateur. Ce second drone et ses équipements nous ont coûté environ 2 000 euros. »
Inspection des dégâts. Les premières images aériennes ont déjà permis de réaliser des travaux différenciés dans les vignes. « Nous avons quelques parcelles à problème : faibles à l'intérieur avec des bords très vigoureux, précise Lucas Leclercq. Grâce aux images captées avec le drone, nous avons zoné ces parcelles pour apporter de l'amendement uniquement où cela est nécessaire. Nous nous sommes servi des prises de vue pour expliquer aux personnes avec qui nous travaillons ce qu'il fallait faire. »
Le château a aussi utilisé les images aériennes pour repérer les zones qui se réchauffent le plus vite et débourrent en premier pour la gestion de l'enherbement et pour décider où déguster des baies avant vendange. Il a pu adapter l'effeuillage, qui n'est plus réalisé systématiquement sur tous les pieds, mais seulement sur les zones les plus vigoureuses. Après les tempêtes de cet hiver, le drone a aussi été envoyé en reconnaissance pour inspecter les bâtiments et relever les éventuels dégâts.
Pour l'instant, le directeur technique ne possède pas de logiciel capable de traiter les données observées. Mais il compte sur la venue prochaine de deux étudiants en stage pour réaliser une cartographie regroupant l'ensemble des paramètres relevés sur la propriété au fil du temps.
« Nous aimerions associer les images aériennes aux analyses de sol que nous réalisons mais aussi à notre carte de résistivité des sols, à nos observations sur les déficits hydriques effectuées grâce à une chambre à pression, à l'état de l'enherbement et de l'allongement des rameaux ainsi qu'à la cartographie des pieds atteints de virose, reprend-il. Notre démarche est un peu empirique mais elle devrait nous permettre d'avancer. Nous allons par ailleurs refaire les mêmes observations, année après année, aux mêmes dates, pour nous constituer une base de données. Cela nous permettra de voir comment les parcelles évoluent. »
Seul problème aux yeux de Lucas Leclercq, les photos aériennes ne sont pas en 3D et, plus on filme de haut, plus on aplatit l'image. « C'est pourquoi on ne pourra jamais se passer des visites d'observation dans les vignes, conclut-il. Le drone n'apporte qu'une aide à la décision. »
