L'oeil sur le mildiou et l'oïdium

Un distributeur varois de produits phytos propose à ses clients de s'abonner à un service de prévision des risques de mildiou et d'oïdium accessible en permanence par internet. Ce service leur indique même quand traiter.

« Nous avons implanté une station météo Promété chez l'un de nos clients, le château d'Esclans, à La Motte, dans le Var », annonce Baptiste Peïdro, agent technico-commercial chez Bergon, un négociant en produits phytosanitaires basé au Muy. Cette station enregistre la météo de la parcelle : pluviométrie, température, hygrométrie, humectation foliaire... Ces données, mesurées en continu, sont traduites en risques de mildiou et d'oïdium par les modèles informatiques créés par Promété.

« La station du château d'Esclans couvre dix kilomètres à la ronde, ajoute Baptiste Peïdro. Elle rayonne sur une douzaine d'autres domaines particuliers, ainsi que sur les parcelles des adhérents de la coopérative de La Motte, soit 600 ha. Nous pouvons donc proposer un nouveau service à l'ensemble de ces vignerons. »

Cet outil est accessible depuis une plateforme internet qui délivre toute une série de données : la météo relevée par la station, les prévisions à sept jours, le cycle et le risque de mildiou et d'oïdium. Pour le cycle du mildiou par exemple, le modèle Promété annonce, en début de saison, le moment des contaminations primaires et calcule le temps d'incubation ainsi que la date de sortie des taches correspondantes. Par la suite, il indique les contaminations secondaires, la durée d'incubation et la période de sortie des nouvelles taches.

Comme ce modèle intègre les prévisions à sept jours, « les vignerons peuvent anticiper le développement des maladies et identifier les fenêtres de traitement », souligne Baptiste Peïdro.

Les utilisateurs ont aussi la possibilité d'indiquer la date et la nature de leurs traitements phytosanitaires. Le modèle les renseigne alors sur le risque cumulé depuis leur dernier traitement et évalue un seuil au-delà duquel ils doivent intervenir. « Lorsque le risque cumulé croise le seuil d'intervention, un traitement doit être envisagé », expose Édouard Loiseau, le créateur de Promété.

Mi-mars, quatre vignerons avaient souscrit à cette offre, dont le coût revient à une vingtaine d'euros par hectare et par an en moyenne. Pour se connecter à la plateforme internet, Bergon a fourni à chacun d'entre eux un code d'accès personnel.

Et le distributeur va les soigner. Il a notamment prévu d'organiser une demi-journée de formation à l'outil. « Les risques sont présentés sous forme de courbes, précise Baptiste Peïdro. Il faut se familiariser avec ce type de présentation pour les lire correctement. » Dans la saison, ses technico-commerciaux assureront un suivi personnalisé de ces clients afin de les aider à prendre leurs décisions de traitement. Ces vignerons recevront, en outre, une alerte par SMS lorsque les risques mildiou et oïdium atteindront un niveau trop élevé. De plus, Bergon va ouvrir une hotline pour répondre à leurs questions.

« Après les vendanges, nous remettrons à nos clients un livret récapitulant l'ensemble des données météo et des risques de l'année, promet Baptiste Peïdro. Ce document contiendra également l'historique de leur protection, ses points forts et ses points faibles. »

Bergon s'est équipé dans le cadre d'un accord signé l'an dernier entre Agridis, la centrale d'achat à laquelle elle adhère, et la société Promété. Selon cet accord, Agridis a référencé l'outil de Promété. Depuis, huit de ses adhérents, coopératives ou négoces distributeurs de produits phytos, ont décidé de l'acheter. Ils ont investi dans une vingtaine de stations météo et se sont abonnés aux modèles Promété de calcul des risques mildiou et oïdium.

Comme Bergon, la Coopérative agricole Mâconnais Beaujolais (CAMB) se lance dans la démarche. Mais elle va utiliser le service différemment. « Nous possédons cinq stations, expose Gilles Saunier, son responsable technique et commercial. Jusque-là, elles n'apportaient que des informations météo. Nous allons y faire tourner les modèles Promété pour les risques oïdium et mildiou et, à titre expérimental, ses modèles pour la tordeuse, le botrytis et le black-rot. »

Les informations obtenues seront divulguées gratuitement aux adhérents de la coopérative sous forme d'avertissements hebdomadaires. « Nous réfléchissons à la manière dont nous valoriserons à terme ce service », confie Gilles Saunier.