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VIGNE

Météo Un temps d'avance

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°265 - juin 2014 - page 42

Banton Lauret, prestataire de travaux viticoles, vient d'embaucher un météorologue. Ce dernier délivre ses prévisions dans des bulletins quotidiens et est toujours disponible pour répondre au téléphone. Une aide précieuse pour caler les traitements et les vendanges.
LAURENT VIOLET édite pour Banton Lauret des bulletins météorologiques sur plusieurs jours tout au long de l'année.  © L. VIOLET

LAURENT VIOLET édite pour Banton Lauret des bulletins météorologiques sur plusieurs jours tout au long de l'année. © L. VIOLET

Son premier geste, quand il arrive au bureau ? Serge Labat, directeur général adjoint de la coopérative Univitis, consulte sur son ordinateur le bulletin météo du jour envoyé à 6 h 42 par le météorologiste Laurent Violet, de la société Banton Lauret. Le document indique la température, la direction et la vitesse du vent, les précipitations et l'humidité relative prévues pour la journée et la suivante. Le tout assorti des commentaires du météorologiste et d'une tendance à cinq jours. « Ce bulletin quotidien est indispensable, estime Serge Labat. Il donne des prévisions très localisées toutes les trois heures, ce qui permet de déterminer les fenêtres de tir pour nos travaux à effectuer dans la vigne. »

Ce 23 mai, il lui reste quatre jours pour renouveler la protection antimildiou et antioïdium sur les 130 ha du domaine des Vergnes que détient la coopérative sur la commune des Lèves-et-Thoumeyragues, en Gironde. « Nous devons agir avant le mardi 27 mai. Si ce n'est pas possible, il faudra passer à des produits curatifs, qui ont un pouvoir de rattrapage », souligne Serge Labat. Le météorologue annonce des pluies pour tout le week-end. Impossible de traiter. Sauf une éclaircie de quelques heures, le lundi 26 mai. Les traitements seront programmés pour ce jour-là.

Abonnement

Pour traiter les 130 ha, la coopérative dispose de trois pulvérisateurs d'une capacité de 1 500 à 2 500 litres. Soit 6 500 euros de produits, hors gazole et main-d'oeuvre. « S'il se met à pleuvoir une heure après les traitements, on perd tout financièrement, sans compter le risque d'installation des maladies », rappelle Serge Labat. Alors, Univitis ne regrette pas son abonnement de 200 euros par mois, d'avril à novembre, au service météo de Banton Lauret.

C'est en 2013 que ce prestataire de services, spécialisé dans les travaux vitivinicoles et implanté à Vignonet, près de Saint-Émilion (Gironde), saute le pas. Il faut dire qu'avec ses 160 salariés en CDI, il traite 680 ha de vignes pour le compte d'une trentaine de propriétés. « Le début de campagne 2013 était compliqué du fait de conditions climatiques difficiles. Pour nos clients, il fallait devenir plus performant dans le positionnement des dates de traitement », justifie Benjamin Banton, responsable des travaux mécaniques.

Son entreprise décide alors d'embaucher un météorologue en mai 2013. Laurent Violet débarque donc avec ses clients, des grands crus comme des châteaux plus modestes, qu'il conseille depuis des années. Qu'apporte-t-il de plus que Météo France ou d'autres sites existants ? Pauline Vauthier, administratrice des Vignobles Vauthier Mazière (cinq châteaux, 80 ha en Saint-Émilion), a sa réponse : « Nous travaillons avec lui depuis quatre ans. On peut le joindre à tout moment au téléphone. On ne se retrouve pas face à un serveur. Les prévisions qu'il donne sont fiables. C'est du sur-mesure. »

Contact direct

Rémy Monribot, chef de culture au château Troplong Mondot, 28 ha, premier grand cru classé de Saint-Émilion, aime aller picorer l'information gratuite. Il va sur MSN Météo, un site généraliste qu'il juge fiable, et sur Météo Bordeaux, qui donne une carte des précipitations actualisées toutes les quinze minutes. Il furète encore sur Météo France, malgré des prévisions « trop généralistes » selon lui, et sur Météociel, lequel réactualise ses prévisions cinq fois par jour. Reste que Rémy Monribot apprécie le contact direct avec Laurent Violet. « Il apporte une aide à la décision, que ce soit pour les traitements ou les vendanges », assure-t-il.

Le chef de culture garde en mémoire les vendanges 2013. « Nous avions démarré le 27 septembre en sachant que les trois jours suivants seraient très pluvieux. Si nous avions attendu, nos raisins bios n'auraient pas tenu. Nous les avons donc vendangés. Puis on a laissé passer la pluie pour reprendre le 30 sur nos vignes conventionnelles, où les vendanges se sont terminées le 3 octobre. Nous savions qu'il y avait là une plage d'intervention. Nous avons alors grossi les équipes de quarante à soixante-dix vendangeurs », se souvient-il.

Philippe Diaz, responsable de Fleur Cravignac, un Saint-Émilion grand cru sur 7,74 ha, se sert des prévisions de Laurent Violet même pour le relevage de la vigne. Une journée tranquille juste avant un lendemain marqué par de vents forts, et hop ! Philipe Diaz réagit. Vite, il fait venir une douzaine d'ouvriers pour réaliser les opérations de levage. Même pour la mise en bouteilles à l'extérieur, entre mai et juin, la fenêtre de tir préconisée par le météorologue n'est pas de trop. La grosse chaleur ? Déconseillée pour les bouteilles stockées sous des housses plastiques. Le vent ? Idem. Les poussières risquent de s'inviter sur la chaîne d'embouteillage. Bref, quand il s'agit de viser juste, il est toujours bon d'avoir un temps d'avance.

Laurent Violet, passionné de météo

Haut-Brion, Pavie, Ausone ou encore les domaines Jean-Pierre Moueix s'arrachent ses conseils. Tous sont suspendus aux prévisions de Laurent Violet, diplômé de Météo France et titulaire d'un BTA de commercialisation des vins. Branchez-le sur les ondées et dépressions en tous genres, il est intarissable. En 2003, il crée Aquitaine Météo, qui séduit des grands crus. Puis sa société connaît des turbulences : « Je pratiquais des tarifs trop bas », confesse-t-il. En mai 2013, Banton Lauret l'embauche. Son travail de prévisionniste l'accapare tôt le matin. Dès 5 heures, le voilà scrutant sur ses écrans le radar de pluviométrie qui donne les précipitations en temps réel sur la France et l'Europe. Puis il observe les cartes satellitaires de Météosat. Il étudie les radios sondages qui analysent l'atmosphère : humidité, température et force des vents. Et, comme à Météo France, il utilise les critères de Pone pour analyser la stabilité des masses d'air. Fort de toutes ces données, Laurent Violet consulte quatre types de modèles météorologiques (deux modèles anglais, un modèle canadien et un américain) et les compare aux analyses précédentes. Une façon d'affiner son expertise. Il peut alors concocter ses bulletins qu'il envoie à ses clients dès 6 h 45, par mail ou par fax.

Un bulletin quotidien de cinq pages

Pour un abonnement de 200 euros par mois, Banton Lauret adresse à ses clients un bulletin météo journalier indiquant le temps (orages, grêles, beau temps, peu nuageux, couvert, ondées...) et cinq paramètres météo : température, direction et vitesse du vent, précipitations et humidité relative. Ce bulletin de cinq pages (une page par jour) détaille ces paramètres toutes les trois heures pour les deux premiers jours et toutes les six heures pour les trois jours suivants. Puis il donne une tendance pour les quatre jours suivants. Il faut savoir que les prévisions sont fiables à 72 heures quand il fait beau et à 48 heures en cas de perturbation. Laurent Violet réalise ce bulletin pour chacun des six secteurs géographiques de la Gironde (Nord et Sud Médoc, Pessac-Léognan, Langonnais, Libournais, Blayais-Bourgeais, Sainte-Foy-la-Grande). En début de bulletin, il précise l'indice de confiance de ses prévisions. Il commente également les données météo et leurs conséquences pour que ses clients comprennent bien comment le temps va évoluer. Non négligeable : ceux-ci peuvent le joindre à tout moment par téléphone ou par mail.

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