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ACTUS - RÉGIONS

Gironde Éloignez ces traitements !

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°266 - juillet 2014 - page 10

Le préfet de Gironde vient d'interdire l'épandage de produits phytosanitaires à moins de 50 mètres des écoles. Une association met la pression.
L'école de Villeneuve à l'origine de l'arrêté du préfet de Gironde. ©P. ROY

L'école de Villeneuve à l'origine de l'arrêté du préfet de Gironde. ©P. ROY

L'arrêté est tombé. Désormais, en Gironde, l'épandage des produits phytosanitaires dans les vignes est interdit à moins de 50 mètres des établissements scolaires pendant tout le temps scolaire et les vingt minutes qui précèdent et qui suivent le début et la fin des activités scolaires et périscolaires, matin et après-midi. Le préfet de Gironde, Michel Delpuech, a signé ce texte le 23 juin. Soit sept semaines après l'intoxication, le 5 mai, de 23 élèves de l'école primaire de Villeneuve, dans le Blayais, quand des traitements antimildiou et antioïdium étaient pratiqués dans les vignes qui jouxtent l'école.

À Pomerol, l'école est au milieu des vignes. Pas de quoi gêner le maire, Jean-Luc Barbeyron. « On n'a pas attendu cet arrêté pour réagir. Il y a huit ans, nous avons pris le problème à bras-le-corps, à la demande des parents d'élèves, et obtenu que les viticulteurs proches de l'école ne traitent plus que le mercredi et le samedi. Un contrat moral a été passé », affirme-t-il. Les viticulteurs le respectent.

L'arrêté pris par le préfet n'est pas à son goût. « On n'avait pas besoin d'aller jusque-là », lâche-t-il.

Jean-Marie Garde, président de l'ODG Pomerol, n'est pas loin de cet avis : « En prenant un arrêté, on montre du doigt notre viticulture alors qu'elle fait de gros efforts dans la réduction des traitements. » Dans le même temps, le collectif Alerte Pesticides, qui regroupe des riverains de propriétés viticoles et des parents d'élèves de la commune de Léognan, ne désarme pas. Courant juin, il a participé avec des élus à une rencontre avec le responsable d'un château, un grand cru, dont une parcelle se situe à 100 mètres de l'école. L'association veut qu'il arrête de traiter cette vigne pendant le temps scolaire. Le chef de culture accepte de faire un geste en plantant une haie. Mais il ne l'arrosera pas ! Pour le reste, c'est non. « On traite déjà face par face, explique ce viticulteur qui souhaite garder l'anonymat. On prévient la mairie lorsqu'on traite. Je ne peux pas m'engager à ne traiter que le mercredi ou le samedi. C'est impossible. » À l'évidence, on marche sur des oeufs.

En témoignent les conclusions de l'enquête de la Draaf Aquitaine après les malaises des enfants de Villeneuve. Dans un premier temps, l'administration a indiqué que « les effets connus des fongicides identifiés sont concordants avec les symptômes décrits », pour finalement faire machine arrière.

Désormais, la préfecture assure « qu'il n'y a que des suspicions. Il n'est pas formellement attesté un lien de causalité entre les symptômes observés [chez les enfants] et le phénomène en cause ». Une prudence qui s'explique : sur les deux traitements utilisés le 5 mai, l'un était bio avec du soufre classé irritant, comme les produits conventionnels utilisés ce jour-là !

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