Henri-François et sa soeur Anne, retraités. « Dans le vin, il y en a pour toutes les bourses. À 4 euros, nous avons récemment découvert un merlot d'Ardèche fruité et gouleyant. » PHOTOS C. SARRAZIN
Serge, retraité. « J'achète régulièrement ce rosé de Corse signé Auchan. À 3,99 euros, c'est un excellent rapport qualité/prix. Il correspond au budget que je me fixe pour l'achat d'un vin. »
Marie-Noëlle, retraitée. « Aujourd'hui, je choisis un saint-bris sauvignon à 5,49 euros que le sommelier du magasin m'a conseillé. Ce sera parfait pour l'apéritif que j'organise avec mes amis. »
Philippe, retraité de l'enseignement. « Je ne dépasse jamais la barre des 5 euros, quelle que soit l'occasion. À ce prix-là, il y a de très bons bergeracs et madirans. »
Solène, femme au foyer. « J'ai choisi un crozes-hermitage à 6,95 euros et un ventoux rosé à 4,50 euros pour accompagner un barbecue avec des amis. Pour les repas plus convenus je consacre une dizaine d'euros par bouteille. »
Devant le rayon vin de l'hypermarché Auchan, au Pontet (Vaucluse), il y a ceux qui hésitent et ceux qui font leurs achats en un clin d'oeil. Philippe, retraité de l'enseignement entre dans la seconde catégorie.
Ce vendredi 13 juin au matin, il dépose d'emblée dans son chariot deux bouteilles d'un vin de France rouge en bouteilles d'un litre à 1,29 euro l'unité. « C'est pour tous les jours. Avec mon épouse, nous le buvons coupé avec de l'eau », indique-t-il. Les week-ends, il s'autorise des appellations, sans toutefois dépasser la barre des 5 euros. Pour cette raison, il n'achète quasiment plus de bordeaux ou de bourgogne, devenus trop chers. Il sait aussi dénicher les bonnes affaires : « Les magasins proposent souvent des fins de série en promotion après les foires aux vins d'automne. J'essaie de ne pas les rater ! »
Serge, également retraité, a choisi un vin de corse rosé sélectionné par Auchan à 3,99 euros le col. « J'avais prévu de l'acheter, il me plaît bien. » Comme Philippe, il maîtrise son budget vin, pas plus de 4 à 5 euros en grande surface. « Si on me conseille un vin qui n'est pas à ce niveau de prix, je me rabats sur une autre bouteille », confie-t-il.
Des budgets différents selon les circonstances. Pour les réceptions de famille, Henri-François et Anne, sa soeur, retraités eux aussi, vont jusqu'à 10 euros dans l'achat d'une bouteille, des bordeaux et des bourgognes de préférence. Amateur, Henri-François a même déjà investi 50 euros dans un chambolle-musigny qu'il a offert à des amis. « Globalement, je mets rarement moins de 6 euros dans un flacon », poursuit-il. Toutefois, il juge le bordeaux Baron de Lestac, aux environ de 5 euros, d'un bon rapport qualité prix.
Frédéric, pilote de Canadair, collectionneur de flacons, monte jusqu'à 15 euros, au grand dam de son épouse qui trouve « qu'il dépense trop dans le vin ». À ce niveau de prix, il a ses vignobles fétiches : la Bourgogne et l'Alsace en blanc, le Bordelais pour le rouge. L'été, il est plutôt rosé. Et ses achats sont moins conséquents. C'est d'ailleurs ce qu'il est venu chercher aujourd'hui : un vin de corse gris en Bag-in-box de trois litres, qu'il trouve uniquement chez Auchan aux alentours de 11 à 12 euros.
Problème, ce 13 juin, la référence ne se trouve pas en rayon. « Je ne prendrai pas autre chose, assure-t-il. Car je suis très difficile avec les rosés. Celui-ci correspond parfaitement à ce que je recherche, frais et léger. » Il repart donc les mains vides.
D'autres critères de choix que le prix. Tous les consommateurs n'ont pas les yeux rivés sur l'étiquette. Marie-Lise, agent administratif dans un hôpital, s'est emparée de deux bouteilles de côtes-du-rhône villages Séguret rosé à 5,95 euros l'une, sans regarder le prix. « C'est mon frère qui me l'a conseillé. Je l'ai acheté les yeux fermés ! » Elle ajoute quand même : « Je ne mettrai jamais plus de 10 euros dans l'achat d'une bouteille, car je n'y connais rien. »
Devant le rayon des rosés, Gigi, claviste au « Dauphiné libéré », et Luc, technicien, choisissent en fonction de critères très précis : « Nous prenons uniquement des vins de propriétaires récoltants. Nous regardons aussi les médailles, les récompenses, les guides, comme Hachette, et nous faisons confiance aux sélections d'Auchan. » Ils ne regardent le prix que dans un second temps.
Pour une bouteille de rosé, ils ne veulent pas aller au-delà de 4 à 5 euros. Pour les rouges, ils reconnaissent être sensibles à l'appellation. « Si c'est un vacqueyras, on peut aller jusqu'à 10 euros, bien qu'il n'y ait parfois pas de différence de qualité entre un vin à 5 euros et un vin à 10 euros ! », s'exclame Gigi. « C'est comme les voitures, soupire Luc. Une française n'est pas forcément moins performante qu'une allemande... »
Marie-Noëlle, une autre retraitée qui se définit comme une « consommatrice occasionnelle », consacre en moyenne entre 5 et 7 euros dans une bouteille. Elle recherche un blanc de Loire pour le déguster à l'apéritif ce week-end. « J'ai découvert les vins de cette région durant mes vacances, raconte-t-elle. Ils ont un goût d'ananas très séduisant. »
Le sommelier d'Auchan, présent dans le rayon, lui suggère un saint-bris sauvignon à 5,49 euros et un pouilly-fumé à 9,75 euros. Elle opte pour le premier, trouvant le second un « brin trop cher ». Dans sa fourchette de prix, elle se laisse régulièrement tenter par des vacqueyras, des beaumes-de-venise ou des côtes-du-rhône villages Visan. « J'évite les bordeaux et les bourgognes car, pour être sûr de la qualité, il faut mettre le prix fort ! »
Missionnées par leur mari. Autre constat de notre enquête, les femmes sont souvent missionnées par leurs époux pour acheter le vin. C'est le cas de Solène, femme au foyer. « Je ne bois pas d'alcool, annonce-t-elle. Aujourd'hui, je vais prendre deux bouteilles de rouge et deux de rosé pour accompagner un barbecue entre amis ce week-end. » Elle n'a pas de consigne de son mari. « Il me fait confiance. Je repère les vins médaillés, ceux cités dans les guides... Je reprends régulièrement les vins que nous avons aimés. » Elle évalue son budget à une dizaine d'euros par bouteille, le prix étant pour elle un gage de qualité. Pour ces occasions, elle prise les crus bourgeois de Bordeaux.
Une bonne partie des consommateurs que nous avons interrogés nous a aussi dit apprécier la fontaine à vin pour ses aspects pratiques et économiques. « Le vin s'y conserve mieux », affirme Pascale, infirmière, chargée d'acheter un blanc et un rosé par son mari. Après avoir visé un côtes-de-provence Sainte-Victoire rosé de trois litres à 17,45 euros, elle se ravise. « J'essaie de ne pas dépasser 10 euros dans ce genre d'emballage. » Elle optera pour un bordeaux sauvignon à 11,95 euros et un luberon rosé de la marque Aiguebrun, à 9,55 euros.
Le vin est-il trop cher ? Les avis sont tranchés
« Oui, le vin est cher, affirme sans détour Philippe, mécanicien, qui met entre 4 et 5 euros dans l'achat d'une bouteille. Car ce n'est que du vin, après tout... » Toutefois, il dit avoir conscience que ce prix comprend des coûts incompressibles, des taxes diverses, le transport... Serge, retraité, est aussi de cet avis. « Quand j'achète, je fais encore la conversion en francs. 4 euros, le montant moyen que je dépense dans une bouteille, représentent environ 26 francs. C'est une somme, à l'heure où le pouvoir d'achat diminue. » Pour Frédéric, pilote de Canadair, le vin est accessible à tout le monde dans la mesure où « il y a toutes les gammes de prix ». Marie-Noëlle ne considère pas le vin trop cher non plus. « Nous le consommons occasionnellement. C'est un produit de convivialité comme un bon gigot d'agneau ou un gâteau de pâtissier ! » Rappelons qu'en 2013, le prix de vente moyen d'une bouteille de vin dans les grandes surfaces françaises s'est établi à 3 euros, selon le panel Iri FranceAgriMer. Un prix en hausse de 4 % par rapport à 2012.
LES CONSEILS
- Les consommateurs sont sensibles à la provenance des vins, aux mentions du type « Mis en bouteille à la propriété », aux médailles, etc. Mettez-les en avant sur vos étiquettes.
- Le design des bouteilles interpelle. Les femmes y sont sensibles pour les rosés. Les hommes ont des goûts différents. L'un d'eux nous désigne le Château l'Afrique, « un nom qui fait rêver ». Les formes trop exubérantes rebutent, quel que soit le sexe.
- Dans les grandes surfaces, soyez attentif aux prix des vins de votre appellation pour bâtir vos propres tarifs. Car les consommateurs ont ces repères en tête.
- Repérez les promotions sur catalogue proposées par les grandes surfaces à leurs consommateurs. Elles peuvent constituer une source d'inspiration.
- Le bib est de mieux en mieux connu des consommateurs. Si vous n'avez pas encore sauté le pas, c'est le moment de vous lancer.