L'état de tension dans lequel se trouvent les viticulteurs, qui chaque année remettent leur gagne-pain et le travail de toute leur vie en jeu, est inimaginable pour quelqu'un qui n'est pas du sérail. Malgré tous les progrès techniques dont la viticulture a bénéficié ces dernières décennies, la condition du vigneron n'a fait qu'empirer en raison du prix du foncier et de la pression fiscale exercée sur les domaines. Résultat : l'épouvantail du viticulteur, son ennemi premier, c'est l'investisseur étranger ou l'intervention de l'administration (la Safer) dans la reprise de son domaine. On comprend cette crainte : un domaine, c'est une passion familiale partagée, le travail cumulé de plusieurs vies et la construction d'un savoir-faire précis. Comment, dans ces conditions, ne pas craindre de voir ce patrimoine défiguré par un investisseur (étranger ou non) pour qui le domaine viticole ne serait qu'une « danseuse » ?