Après avoir interdit les discussions sur les prix dans les interprofessions, l'administration s'en prend aux syndicats. Elle reproche à Coop de France Languedoc-Roussillon et à la Fédération des vignerons indépendants de cette région d'avoir encouragé, en 2012, leurs adhérents à se battre pour obtenir des prix rémunérateurs sur le marché du vrac. Comme si un syndicat pouvait tenir ses troupes au point de leur imposer le prix auquel elles doivent vendre ! Il n'existe que des exemples du contraire.
On se souvient qu'au pire de la crise, fin 2005, le syndicat de Bordeaux était allé jusqu'à bloquer l'agrément des vins vendus sous les 1 000 € le tonneau de 900 l. Le moyen paraissait imparable. Mais rien n'y a fait. Lorsque les marchés ne sont pas demandeurs, les syndicats ont beau dire, beau faire, leurs sommations sont sans effet. Les cours chutent. Car s'ils avaient le pouvoir de fixer les prix, on ne comprendrait pas pourquoi tant de viticulteurs ont vendu pendant si longtemps leurs vins en dessous de leurs coûts de production.
Alors pourquoi poursuivre ces syndicats ? Une partie de l'administration entretient une vision extrêmement pointilleuse du droit de la concurrence, et entièrement au profit des consommateurs. Elle applique à notre secteur des règles conçues pour d'autres. Pour elle, dès que deux entreprises parlent des prix qu'elles vont pratiquer, c'est une entente. C'est ce qu'a déclaré à « La Vigne » le directeur de la politique de la concurrence à la DGCCRF.
On comprend bien que ses services surveillent de près les entreprises lorsqu'elles sont peu nombreuses à se partager un marché. À trois, il est facile de s'entendre sur les prix. On l'a vu avec les opérateurs de télécoms. À dix, c'est déjà beaucoup plus difficile. Et à cent, c'est impossible. Même lorsqu'un marché baisse, il faut toujours finir par vendre, malheureusement.
Le plus agaçant dans cette affaire, c'est que l'administration en vient à reprocher aux deux syndicats d'avoir voulu défendu des prix permettant simplement aux vignerons de vivre de leur travail. Bien à l'abri de ses bureaux, ne voit-elle pas l'affront fait à la dignité d'une profession ?