Si l'on s'en tient aux dernières prévisions du ministère de l'Agriculture, la récolte serait de 12,4 millions d'hectolitres cette année en Languedoc. Mais sur le terrain, rares sont les professionnels qui tablent sur plus de 11 millions d'hectolitres. La grêle dans l'Aude et surtout la sécheresse qui a sévi depuis le printemps entre Narbonne et Montpellier ont plombé le potentiel de production.
« Il va nous manquer 1 à 2 millions d'hectolitres par rapport à l'an dernier, qui avait déjà été une année tendue. Et nous craignons que la grêle et la sécheresse aient affecté le potentiel de la récolte 2015 », estime un acheteur.
La campagne 2013-2014 s'est achevée avec des stocks à zéro tant en blanc qu'en rosé et en rouge. La nouvelle campagne devrait donc démarrer sous haute pression. Les acheteurs cherchent déjà à se couvrir. «Beaucoup de nos clients ont tourné en cave dès les mois de juillet et août pour sécuriser leurs approvisionnements » témoigne Florian Ceschi, directeur de Ciatti Europe, société de courtage international.
« Nous sentons une forte pression de nos acheteurs. Certains ont du mal à faire la jonction entre les deux millésimes », confirme Vincent Trouillas, président de la cave de Saint-Maurice-de-Cazevieille, dans le Gard.
Cette fébrilité a transpiré pendant la campagne d'achat de raisins. « Cette année, ce fut la foire d'empoigne. Des acheteurs ont fait de la surenchère. Beaucoup n'ont pas eu les volumes qu'ils souhaitaient », confie un observateur.
Sur le chardonnay et le merlot, les deux cépages les plus affectés par la baisse de la récolte, il est question de hausses de 5 à 10 €/hl. Le grenache, en revanche, a été plus productif. Il devrait permettre de mieux alimenter le marché des rosés qui avait été très tendu l'an dernier. La campagne en Languedoc s'annonce sportive.
Les achats de vins autorisés
En plus des raisins et des moûts, les vignerons audois touchés par la grêle cet été pourront acheter des vins en vrac sans avoir à prendre le statut de négociant. La somme de leurs achats et de leur propre récolte ne pourra pas dépasser 80 % de la moyenne de leurs cinq dernières récoltes, pour chaque type de vin. Cette mesure exceptionnelle, déjà prise dans le Bordelais l'an dernier, devrait aider les caves à honorer leurs contrats. Pour les achats de vins, seules les AOC et les IGP sont concernées.