Retour

imprimer l'article Imprimer

VENDRE - Observatoire des marchés

Marchés du vrac Le gel bouleverse la donne

B. C., C. M., M. I., F. E., A. A., C. Sa. - La vigne - n°300 - septembre 2017 - page 58

Même si cela se traduit peu dans les chiffres, la campagne du vrac 2016-2017 est marquée par le gel survenu en avril qui a rebattu toutes les cartes.
 © C. WATIER

© C. WATIER

« J'ai encore des lots à vendre et il n'y a plus d'acheteurs » Vincent Ackermann, vigneron à Rorschwihr, dans le Haut-Rhin

« J'ai encore des lots à vendre et il n'y a plus d'acheteurs » Vincent Ackermann, vigneron à Rorschwihr, dans le Haut-Rhin

« Il nous reste peu de beaujolais- villages de garde à vendre. » Sébastien Coquard, président d'Agamy, coop basée à Bully (Rhône)

« Il nous reste peu de beaujolais- villages de garde à vendre. » Sébastien Coquard, président d'Agamy, coop basée à Bully (Rhône)

« La campagne a été stable. Il reste un peu de volume à la propriété. » Jérôme Chevalier, président de l'Union des producteurs de vins Mâcon.

« La campagne a été stable. Il reste un peu de volume à la propriété. » Jérôme Chevalier, président de l'Union des producteurs de vins Mâcon.

 Gascogne. © P.  ROY

Gascogne. © P. ROY

Val de Loire. © C. WATIER

Val de Loire. © C. WATIER

Roussillon. © C. WATIER

Roussillon. © C. WATIER

« On va chercher à rendre disponible tout ce qui peut l'être. » Olivier Martin, porte-parole de la Fédération des vins de Nantes. © E. OFFROY

« On va chercher à rendre disponible tout ce qui peut l'être. » Olivier Martin, porte-parole de la Fédération des vins de Nantes. © E. OFFROY

Vallée du Rhône. © P. PARROT

Vallée du Rhône. © P. PARROT

Alsace

Dans l'oeil du cyclone

Après trois campagnes tendues liées aux trois petites récoltes 2013, 2014 et 2015, l'Alsace a soufflé. « En 2016, la région a fait le plein. En début de campagne, les prix ont perdu 10 à 15 %, pour atteindre des niveaux plus raisonnables. Puis ils sont remontés après le gel, si bien qu'en août, ils sont revenus aux niveaux de l'an dernier », observe le courtier Claude Freyermuth.

Résultat de tous ces mouvements, les cours moyens de campagne enregistrés par l'interprofession (Civa) ont baissé pour tous les cépages, excepté pour les vins de base de crémant et pour le riesling. Ce dernier a même gagné 2 €, passant de 292 €/hl en 2015-2016, à 294 €/hl cette année. Dans le même temps, les volumes de riesling échangés ont progressé de 35 000 à 46 000 hl, soit un bond de 35 %, comme la somme des échanges qui est passée de 158 000 à 215 000 hl.

Mais le répit sera de courte durée. Selon les dernières prévisions, la région devrait récolter moins de 900 000 hl cette année,contre 1,2 million en 2016. Le marché en frémit déjà. « L'an dernier, en début de campagne, le riesling valait entre 2,70 et 2,80 €/l. Fin août, les prix étaient montés à 3,10-3,20 €/l », ajoute Claude Freyermuth.

Mais pour Vincent Ackermann, le compte n'y est pas. « C'est le calme plat. J'ai encore des lots à vendre et il n'y a plus d'acheteurs », déplore ce vigneron indépendant installé à Rorschwihr, dans le Haut-Rhin, pour qui le cours du riesling n'est pas encore en phase avec le niveau qualitatif de ses vins.

En raison de la petite récolte, toute la région s'attend à une campagne délicate. « Il n'y a pratiquement pas de gewurztraminer, ni de pinot auxerrois », regrette le négociant Pierre Heydt-Trimbach. Quant au riesling 2016, il se déclare pas acheteur et fait remarquer qu'« il y a eu beaucoup de rendement et des difficultés de maturation ». B. C.

Beaujolais

Les villages s'en sortent

« En 2016, nous avons fait une récolte pleine, comme nous n'en avions pas connu depuis longtemps. Le marché des primeurs s'est à peu près bien déroulé. Celui du beaujolais-villages de garde aussi. Il nous en reste peu à vendre. Ce n'est pas le cas du beaujolais de garde. Le marché a été peu actif. Cet été, il ne s'est carrément rien passé. Pour ce qui est des prix, nous avons plutôt bien tiré notre épingle du jeu. Nous avons obtenu 5 à 10 €/hl de plus que la moyenne », affirme Sébastien Coquard, président d'Agamy, coopérative basée à Bully (Rhône).

Viticulteur à Denicé, Denis Chilliet dresse un constat similaire : « On a fait une belle campagne en primeur. Mais après cela, ça a été le calme plat. Il me reste une demi-récolte de beaujolais de garde à vendre. Ce n'est même pas une question de prix : je n'ai aucune proposition d'achat. Mon exploitation tient grâce à la diversification en IGP et en vin sans IG, ainsi qu'aux chambres d'hôtes. »

Les statistiques d'Inter Beaujolais confirment ces observations. Les échanges de beaujolais de garde sont passés de 61 000 à 49 000 hl entre 2015-2016 et 2016-2017, soit un recul de 20 %. Apparemment, le négoce était couvert en millésime 2015 et avait peu de besoin en 2016. Dans le même temps, les ventes de beaujolais-villages de garde ont progressé de 43 000 à 59 000 hl. Quant aux prix, ils ont augmenté dans les deux appellations.

Concernant les crus, le courtier Michel Weber observe que les cours du millésime 2016 « sont restés assez stables. Il n'y a pas eu de décrochage. Mais en volume, le marché est à la traîne ; le négoce avait pas mal de stock de 2015 ». Pour autant, il ne s'inquiète pas : « Comme il y aura peu de volume cette année, tout devrait se vendre. »

Pour Sébastien Coquard, « il y a une tension sur le brouilly. Toute notre récolte est vendue ou fléchée vers des clients. Mais nous avons encore du stock dans les autres crus. »

Bergerac

Le rouge en difficulté

Pour la troisième année de suite, le prix du bergerac rouge chute. Le cours moyen de la campagne est descendu à 101 €/hl alors qu'il avait culminé à 130 €/hl en 2013-2014. « Le millésime 2013 nous a porté tort. Il était de mauvaise qualité et cher. On a perdu des marchés. Maintenant, on rame pour vendre le bergerac rouge. Même à 850 ou 900 € le tonneau (900 l), les acheteurs ne se bousculent pas alors que les producteurs ne couvrent pas leurs frais », assure une courtière.

« Au début, le marché était calme car y a eu une grosse production à Bergerac, explique Richard Allain, président de la cave de Sigoulès (Dordogne). Tout le monde a pris son temps. Mais les choses ont bougé après le gel, et la baisse des prix enclenchée depuis les vendanges s'est arrêtée. On est remonté à 900-950 € le tonneau. Maintenant, tout le monde attend les vendanges. En ce qui nous concerne, il nous reste à peine 10 % de notre bergerac rouge, soit 2 500 hl. On a freiné les ventes pour avoir de quoi approvisionner nos marchés réguliers. »

Les bergeracs blancs, moelleux et rosés ont également vu leurs prix chuter. Les producteurs ont dû céder sur les prix pour voir les échanges repartir à la hausse.

L'appellation Monbazillac s'en sort bien mieux, ne subissant qu'un léger tassement de son cours moyen de campagne (329 €/hl, - 1 %) après quatre années successives de hausse. « Les gens sont perdus. Quand ils me demandent quoi faire, je leur réponds "du monbazillac" », indique la courtière. B. C.

Bourgogne

La production veut refaire ses stocks

La campagne 2016-2017 des ventes en vrac en Côte-d'Or a été « rapide », se souvient Jérôme Prince, courtier à Beaune : « Tout était vendu en février-mars. »

En 2016, le gel a impacté ce vignoble et bien plus fortement encore que celui de Chablis. Toute la difficulté pour les courtiers était donc de gérer les contrats annulés et de fournir (un peu) les négoces fidèles.

Les négociants voulaient évidemment limiter les hausses car les cours des AOC bourguignonnes avaient déjà doublé depuis 2009. À Chablis, ils n'ont rien pu faire. Malgré la libération des VCI, le chablis s'est échangé à 832 €/hl (prix moyen de campagne), soit un bond de 62 % par rapport à 2015-2016, à proportion égale des volumes perdus. Et le petit-chablis est, lui, passé de 453 à 702 €/hl ! En Côte-d'Or, le prix des communales a grimpé, mais dans une moindre proportion. Quant au bourgogne rouge et au bourgogne blanc, ils sont restés à des prix pratiquement stables.

De son côté, le Mâconnais pouvait compter sur un millésime 2016 abondant. En début de campagne, certains ont redouté des baisses de prix. Il n'en fut rien. Les cours sont restés stables, ce qu'apprécie Jérôme Chevalier, président de l'Union des producteurs de vins Mâcon. Le mâcon-villages s'est négocié dans une fourchette de prix comprise entre 750-800 € la pièce de 228 l (330 à 350 €/hl), les prix et les ventes se tassant en fin de campagne.

« Tout dépend maintenant de la récolte à venir », indiquent les professionnels. Le millésime 2017 s'annonce bon. Reste que les stocks sont « faibles » partout. « Il se fait moins de vrac car les vignerons veulent reconstituer leurs stocks. La belle récolte de 2017 ne suffira pas. Il faudra deux à trois années pour retrouver des stocks normaux et un équilibre entre l'offre et la demande sur les marchés », conclut Jérôme Prince.

Côté commerce, le directeur de l'Union des Maisons des vins de Bourgogne reconnaît que « les voyants sont au vert » pour la Bourgogne, mais qu'il faut rester « vigilant » en raison de la hausse de l'euro par rapport au dollar et du Brexit. La bonne réputation du millésime 2015 a dynamisé les échanges. C. M.

Bordeaux

Un moment charnière

« Le moment charnière de la campagne a été le gel, observe Théo Weber, courtier à Pineuilh (Gironde). La campagne était partie sur des bases de prix modestes. Mais après le gel, il a été impossible pour le négoce de tenir les prix. Le bordeaux rouge est monté jusqu'à 1 400 € le tonneau (900 l, soit 156 €/hl). Aujourd'hui [29 août, NDLR], n'importe quel vin se vend à ce prix-là. C'est la base, alors qu'on a commencé entre 1100 et 1 150 € (120 à 130 €/hl). »

Basé à Grézillac, son confrère Henri Féret observe également une forte hausse du bordeaux rouge : « Avant le gel, le marché était fluide. Nous étions à 1 200 € le tonneau (133 €/hl). Maintenant, on est entre 1 350 et 1 450 €/tonneau (150-160 €/hl). » Mais, selon ce courtier, il ne s'est rien passé de tel pour les autres couleurs.

« Pour le rosé, le marché était calme. Le gel nous a permis de le vendre avec une hausse de 5 % des prix. Mais l'effet est nul pour le bordeaux blanc et l'entre-deux-mers, sur les volumes et les prix. Pourtant, nous avons des vins avec un bon rapport qualité-prix. Le problème, c'est que les consommateurs pensent au rouge lorsqu'ils pensent à Bordeaux, peut-être un peu au rosé, mais pas au blanc », argumente-t-il. En outre, l'abondante récolte de 2016 pèse sur ce segment de marché.

Au CIVB, Jean-Philippe Code, le chef du service économique, a bien observé cette rupture. Mais il relativise son importance pour la campagne : « Il y a eu une hausse du prix du bordeaux rouge en mai, juin et juillet. Mais elle a porté sur peu de volumes. Le négoce avait fait ses achats entre décembre et mars. » Au bout du compte, le prix moyen atteint 142 €/hl pour le millésime 2016, soit 2 % de mieux que l'an dernier. Quant au volume échangé, il progresse de 3 %, pour atteindre 1,28 million d'hectolitres, tous millésimes confondus.

Pour l'ensemble des vins de Bordeaux, les transactions ont porté sur 2,58 Mhl, tous millésimes confondus, une hausse de 6 % par rapport à 2015-2016. Le chiffre semble énorme. Jean-Philippe Code le relativise : « Nous sommes largement sous le niveau de la campagne 2012-2013. Le vrac recule peu à peu au profit de la bouteille. » S'agissant des prix moyens de la campagne, tous sont stables ou en hausse notable. Seuls les blancs reculent (bordeaux, entre-deux-mers et graves). Désormais, production et négoce attendent d'avoir une idée précise du volume de la récolte pour se projeter dans la nouvelle campagne qui s'annonce compliquée. B. C.

Gascogne

Retournement en vue

« Il a fallu faire un effort sur les dernières cuves car on savait que la tendance n'était pas bonne, explique François Faget, viticulteur à Condom (Gers), qui vend en vrac l'essentiel des 5 000 à 6 000 hl qu'il produit par an. On a baissé un peu le tarif du 2016, mais on ne l'a pas soldé. J'ai vendu mes plus belles cuves de côtes-de-gascogne 90 €/hl. Et les blancs de moins belle qualité, en vin de France, entre 50 et 60 €/hl. »

Selon les chiffres de l'IVSO, l'interprofession des vins du Sud-Ouest, le prix moyen de la campagne s'est établi à 82 €/hl pour le côtes-de-gascogne blanc sec. Le volume échangé s'élève à 222 000 hl, en hausse de 20 % grâce à la grosse récolte de 2016.

Pour Henri Féret, courtier à Grézillac, qui représente 25 vignerons du Gers, le millésime 2016 a souffert d'être peu expressif. « On vend facilement les vins aromatiques de Gascogne, observe-t-il. Au contraire, on a du mal à vendre les vins sans défauts, mais neutres. Ceux-là souffrent de la concurrence des vins d'Espagne. »

Mais la donne change. Le Gers a peu souffert du gel. Le millésime 2017 se présente mieux que le 2016. « Les cartes sont redistribuées, note François Faget. Déjà, on nous dit que nos amis espagnols ont remonté leurs tarifs. » B. C.

Pays d'Oc

Seule la qualité a payé

Les producteurs du Pays d'Oc ont difficilement vécu la campagne du vrac 2016-2017, les affaires ayant eu du mal à démarrer et les vins à sortir des chais. Mais au final, le bilan est moins sombre que prévu. Certes, les volumes échangés sont en retrait de 10,5 % par rapport à la précédente campagne et les prix en recul de 5,6 %. Et tous les cépages ont vu leur prix baisser. Seuls les raisins bio ont échappé au mouvement. Mais Inter'Oc relativise ces replis en se référant aux campagnes passées.

L'interprofession indique que 5 millions d'hectolitres ont été commercialisés, un niveau proche de la moyenne quinquennale (calculée entre 2010-2011 et 2014-2015). En clair, le bateau amiral du Languedoc ne prend pas l'eau. Il revient juste à des standards que la généreuse récolte de 2015 avait peut-être fait oublier.

« Si des producteurs ont connu des difficultés, c'est lié à la qualité. Nous sommes face à un gros problème avec des vins dont le rapport qualité/prix n'est pas en phase avec le marché », expose sans ambages Jean-Marc Le Méhauté, courtier à Cazouls-lès-Béziers.

Pour le haut du panier, pas de difficulté. « Nous cherchons des vins de qualité, concentrés, mûrs, avec du gras. Ces vins sont tout à fait capables d'affronter la concurrence internationale. Nos expéditions de pays-d'oc sont d'ailleurs en croissance », précise Xavier Roger, de LGI-Wines, spécialiste de l'export à Carcassonne (30 000 cols/an).

Y aurait-il eu du relâchement dans certaines caves ? D'aucuns l'affirment : des producteurs auraient fait moins d'effort après plusieurs campagnes de hausse de prix durant lesquelles toutes les qualités se vendaient.

Mais la concurrence est à l'oeuvre. « Le marché n'a pas absorbé la hausse de 40 % du prix du chardonnay en 2014. Ce cépage ne peut pas franchir les 100 €/hl, sinon, le prix au consommateur sera trop élevé par rapport à d'autres origines », commente Xavier Roger. Pour Jean-Marc Le Méhauté aussi, le chardonnay devrait repasser dans la fourchette de 95-100 €/hl. Or, l'an dernier, il s'est vendu à 104 €/hl, un prix moyen de campagne, en baisse de 12 % par rapport à 2015-2016. À coup sûr, ces recommandations auront du mal à passer. Sachant que la vendange est historiquement faible, elles risquent même de rester lettre morte. M. I.

Provence

Tout est parti !

« Il n'y a plus rien à vendre. Le millésime 2016, c'est plié. Ce qu'il restait du 2015 aussi, annonce Pierre-Jean Bertri, président du syndicat des courtiers du Var. La campagne s'est déroulée en deux tranches. La première, juste après les vendanges, où le négoce s'est approvisionné en lots de belle qualité pour ses marques. Ensuite, ça a été un peu poussif. Le négoce savait qu'il y avait du vin. 2016 était une belle récolte en quantité et en qualité. Et puis, à partir de la mi-mai, en quinze jours à trois semaines, tout s'est vendu. »

Encore un effet du gel ? Non. La conséquence du dynamisme des marchés aval. « À l'export, nous continuons de croître. Tous nos marchés sont à la hausse. En France, nous avons bénéficié des très beaux mois d'avril et de juin pour retrouver des positions en grandes surfaces où nous avons enregistré de meilleures performances que les autres rosés », explique Brice Eymard, directeur du CIVP, l'interprofession. Malgré cet emballement, les cours sont restés stables. Pour le côtes-de-provence rosé, la moyenne s'établit à 218 €/hl contre 220 €/hl en 2015-2016.

Cette année, il en sera autrement. Des moûts de rosés se sont vendus à 220 €/hl. Pierre-Jean Bertri s'inquiète : « Les stocks sont bas. Et arrive le millésime 2017 qui souffre d'un déficit important en raison de la sécheresse. C'est embêtant pour le développement de l'appellation. »

Éric Pastorino, le président de l'ODG Côtes-de-Provence, tempère. « Il n'y aura pas de rupture de stock », prédit-il. Mais il se garde de tout pronostic au sujet du volume de la récolte 2017. Dans l'attente d'avoir des informations fiables sur le sujet, il assure : « Nous avons un très beau millésime, avec beaucoup de fraîcheur. Les gens ont été très réactifs. Ils ne se sont pas laissé déborder par les degrés alcooliques. Ils ont commencé tôt. Chez nous, à la cave de Gonfaron, nous avons ouvert le 12 août. En quatre-vingt-dix ans d'existence, nous n'avions jamais ouvert aussi tôt. » B. C.

Roussillon

Les secs bien orientés

« La hausse des cours se poursuit pour l'appellation Côtes du Roussillon. Le rouge a gagné 6 %, pour atteindre 115 €/hl, le rosé 4 % à 111 €/hl. Nous devons garder le cap, avec un objectif à terme de 150 €/hl », affirme Jean-Philippe Mari, président de l'ODG.

Les volumes, en revanche, reculent de 12 % en rouge et de 45 % en rosé. Avec une récolte 2016 en baisse de 20 %, les vignerons ont dû faire des choix. « Les ventes en vrac ont reculé pour approvisionner les marchés en bouteille, qui sont en développement », note Anne-Laure Pellet, du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon. « La chute en rosé est aussi due à des pertes de parts de marché dans le hard discount », précise Serge Guillet, de la Maison des vignerons, à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Pour y pallier, des vignerons se sont repliés en appellation régionale Languedoc.

Les ventes de vins doux naturels continuent à s'effriter, légèrement pour le muscat de rivesaltes, fortement pour le rivesaltes. « À 143 €/hl, avec trois ans de vieillissement, le rivesaltes n'est plus rentable », note Jean-Marc Cathala, courtier à Espira-de-l'Agly. À 230 €/hl, le muscat de rivesaltes se défend mieux. F. E.

Val de Loire

À l'épreuve de la hausse des cours

« La campagne a été chaotique. Les hausses de prix commencent à peser. On a senti un ralentissement vers la fin », observe Christine Touron-Lavigne, la présidente du Syndicat des courtiers en vins du Val de Loire.

Avec 876 000 hl de vins, moûts et raisins échangés en 2016-2017, le marché du vrac des AOC du Val de Loire affiche un repli de 8 % en volume selon InterLoire. Ce recul est la conséquence directe de la petite récolte de 2016 (2,11 Mhl, - 23 % par rapport à 2015) marquée par le gel, la grêle et le mildiou. C'est grâce aux stocks que l'activité s'est maintenue.

« On prévoyait une campagne précoce. Mais, finalement, le négoce a attendu janvier-mars pour passer aux achats », indique Fanny Gillet, responsable du service économique d'InterLoire.

C'est le Pays nantais qui subit le plus fort recul d'activité. Avec 130 000 hl de vins échangés en 2016-2017, l'ensemble du Muscadet enregistre une baisse de 40 % de ses transactions. Conséquence de la rareté de l'offre, les cours bondissent. L'appellation Muscadet est en hausse de 62 % pour s'établir à 138 €/hl. Le muscadet-sèvre-et-maine gagne 28 %, à 163 €/hl. « C'est un niveau de rémunération raisonnable que l'on souhaite inscrire dans le temps », souligne le vigneron Olivier Martin, le porte-parole de la Fédération des vins de Nantes.

Avec la petite récolte 2017 qui s'annonce, tout l'enjeu est d'éviter un emballement des prix. « On va chercher à rendre disponible tout ce qui peut l'être. Par exemple en autorisant, sur dérogation individuelle, les rendements butoirs », précise Olivier Martin.

Les acheteurs n'en attendent pas moins. « Les vignerons veulent faire supporter les petites récoltes au négoce par des augmentations de prix, commente, anonymement, un acteur du marché. Ce qui ne satisfait pas le négoce, qui ne peut pas répercuter ces hausses auprès de ses clients. »

À l'est du Val de Loire, les hausses sont aussi de mise. À 220 €/hl, le touraine blanc a pris 17 %. Et l'IGP Val de Loire sauvignon a progressé de 12 %, à 137 €. Seules les deux principales appellations angevines, le Cabernet d'Anjou et le Rosé d'Anjou, sont restées stables. La première s'est maintenue à 182 €/hl, la seconde à 154 €/hl. « La campagne du cabernet d'Anjou a été sereine. On a ce qu'il faut en stock pour faire la transition avec le prochain millésime. Pour le rosé d'Anjou, ce sera plus compliqué, car il reste des stocks à cause de la perte des marchés belges et hollandais », commente Christine Touron-Lavigne. A. A.

Vallée du Rhône

Le côtes-du-rhône en forme

« Nous sommes satisfaits de la campagne qui vient de se dérouler », lance Denis Guthmüller, président de la cave de Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse) qui commercialise 30 000 hl de côtes-du-rhône en moyenne, dont la moitié au Cellier des Dauphins et 10 % au reste du négoce rhodanien. « Nous avons vendu tous nos côtes-du-rhône rouges de 2016 à un prix équivalent, voire en légère hausse, par rapport à la précédente campagne, entre 145 et 150 €/hl. »

Même son de cloche chez les Vignerons de Remoulins, une coopérative qui vend en vrac 90 % des 12 000 hl qu'elle produit en moyenne par an. « Fin août, nous avons vendu 70 % de notre récolte 2016 au prix moyen de 150 €/hl. L'essentiel est parti dès le début de la campagne. Le reste, à la veille des vendanges qui ont démarré avec une dizaine de jours d'avance par rapport à l'an passé », commente le directeur Dominique Guillermin.

Les acheteurs se sont vite positionnés sur les belles qualités, puis ont fait une pause. « Il y a eu un creux à partir de janvier-février », note Denis Guthmüller.

Car la récolte 2016 était en hausse de 6 % par rapport à la précédente, avec 1,47 million d'hectolitres. « Dans ce contexte, la grande distribution qui absorbe une bonne partie du côtes-du-rhône, a joué la montre », observe un courtier. Elle espérait une baisse de prix. Pari gagné. Le cours moyen de campagne du côtes-du-rhône rouge 2016 s'est établi à 136,20 €/hl, soit 4 % de moins que le millésime 2015, l'an dernier. « Le gros des transactions s'est fait entre 125 et 130 €/ hl », relève un négociant rhodanien fournisseur des grandes surfaces.

Dans sa dernière ligne droite, la campagne a pris une autre tonalité. « Nous venons de vendre un lot 20 € au-dessus du prix moyen de la campagne, annonce Dominique Guillermin. La petite récolte 2017 redonne de l'ardeur à certains acheteurs. » C. Sa.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :