BILAN de la campagne 2015-2016 : les volumes échangés et les prix des rosés sont en recul. © É. FUTRAN/CHEFSHOTS
EN PROVENCE, le volume des transactions de rosés a baissé de 7 % par rapport à la campagne 2014-2015. P. MONTIGNY/FILIMAGES
DANS LA VALLÉE DU RHÔNE, l'appellation Côtes du Rhône est sous tension. En cause, les faibles disponibilités. © P. PARROT
Printemps pluvieux, attentats... les consommateurs n'ont pas plébiscité la couleur de l'été, à savoir le rosé. Les autres couleurs, elles, se tiennent mieux. Quant aux bulles, elles continuent leur ascension.
Alsace
La demande s'accentue
Les petits volumes jouent avec les nerfs des opérateurs. « C'était une campagne assez tendue, admet Éric Freyermuth, courtier dans le Bas-Rhin. 2015 était la troisième récolte consécutive très moyenne en volume. Par manque d'offre, le prix du riesling a pris 30 % (à 292 €/hl). »
160 000 hl se sont échangés durant la campagne. « Il ne reste plus grand-chose à vendre, constate, Jean-Louis Vézien, directeur de l'interprofession (Civa). Or, la demande vient de tous les côtés. La pression est de plus en plus forte en crémant, et les prix ne font que grimper. » À 270 €/hl, soit 11 % de plus que la campagne précédente, les bulles offrent un débouché intéressant. Mais les volumes ne suivent pas (24 000 hl, soit en retrait de 15 %).
En rouge aussi, la pression monte. « Le réchauffement climatique et la baisse des rendements nous donnent la possibilité de produire des rouges plus typés », explique Jean-Louis Vézien. Résultat, des prix à la hausse, à 341 €/hl le pinot noir, et des volumes trop rares, à 11 700 hl, en baisse de 10 %. « Il faut dire que la qualité de la récolte 2015 a incité les opérateurs à mettre en bouteille », analyse Éric Freyermuth.
Beaujolais
Tension sur les volumes
La campagne des primeurs a été mouvementée. Fin septembre 2015, les vignerons, fiers de la qualité de leur millésime, ont bloqué les ventes pour négocier de meilleurs prix. Puis, « tout s'est déroulé très vite, se souvient Laurent Chevalier, d'Interbeaujolais. En dix jours, 80 % des transactions étaient effectuées. » Les beaujolais et beaujolais-villages nouveaux (respectivement 102 500 et 54 500 hl) se sont écoulés à un prix moyen de 201 et 207 €/hl, c'est-à-dire un peu en deçà des exigences des vignerons, et en baisse par rapport à l'année précédente (- 8 %). Quant au négoce, au départ, il ne voulait offrir que 180 €/hl.
En vin de garde, « les opérateurs se sont positionnés tout de suite », affirme Laurent Chevalier. En cause, un manque de disponibilité qui se traduit dans les chiffres des échanges : - 31 % pour les beaujolais-villages (42 500 hl) et - 14 % pour les beaujolais (46 000 hl). Les petits rendements de 2015 ont pesé. Parallèlement, les cours sont remontés de plus de 20 %, à presque 160 €/hl pour le beaujolais et à 180 €/hl pour le villages. « Des prix rémunérateurs », selon Laurent Chevalier.
Les crus ont également pâti d'une récolte inférieure à la normale. En Brouilly, par exemple, les volumes échangés baissent de 13 % par rapport à 2014-2015, n'atteignant pas 30 000 hl. Mais le prix moyen s'affiche à près de 278 €/hl, soit une hausse de 1 %.
Bergerac
Petite campagne
C'est la morosité dans ce vignoble de 12 400 ha où les échanges sont en forte diminution, passant de 200 000 hl en 2014-2015 à 140 000 hl toutes appellations confondues. « C'était une campagne difficile, reconnaît Éric Hugot, de l'interprofession (IVBD). Il y a eu très peu de ventes et les cours ont fini par faiblir en fin de campagne. » Ainsi, le bergerac rouge a terminé à 111 €/hl, en baisse de 9 %, avec 56 400 hl vendus, soit 36 % de moins qu'en 2015.
« La baisse des ventes en grande distribution en 2015 a gelé les achats cette année. Ceux-ci ont repris en fin de campagne, malheureusement avec des prix en baisse. » Le bergerac rouge souffre toujours d'un manque de notoriété, mais Éric Hugot est optimiste : « Les derniers chiffres en grande distribution montrent une petite augmentation des ventes. »
Le monbazillac en revanche affiche une belle sérénité. Les acheteurs veulent s'assurer de ne manquer de rien. Du coup, « la campagne débute de plus en plus tôt, observe l'expert, parfois dès janvier au lieu de mai ». Avec un niveau d'échange équivalent à l'année précédente (21 000 hl), le cours se confirme à près de 332 €/hl, soit 2 % de plus qu'en 2014-2015.
Bordeaux
Rouges et bulles ont la cote
De belle qualité et abondant après des années déficitaires, le millésime 2015 était très attendu. En bordeaux rouge, l'appellation phare, le négoce a acheté presque 900 000 hl, un volume en hausse de 7 % par rapport à 2014-2015. En moyenne, il a payé 138 €/hl, un prix en légère hausse, lui aussi. « L'appellation est très dynamique. Nous manquons de stocks, alerte Jean-Philippe Code. Il ne nous reste que neuf mois au 31 juillet. C'est peu. » Malheureusement, la prochaine récolte offre peu d'espoir de voir le niveau remonter.
Les autres marchés de vins rouges sont un peu plus nuancés. Le bordeaux supérieur, valorisé à plus de 162 €/hl, voit ses volumes échangés chuter de 18 %, à 48 000 hl. Sa différence de prix par rapport au bordeaux se justifie plus difficilement, semble-t-il. « Il faut dire que la qualité de l'appellation Bordeaux s'est clairement améliorée », observe le courtier Éric Échaudemaison.
Les autres appellations restent sur des prix stables, voire en petite hausse, comme Lalande-de-Pomerol, + 7 % à 431 €/hl pour 6 000 hl échangés (- 1 %).
En blanc sec, Éric Échaudemaison évoque une situation plus compliquée : « Il y a du stock à la propriété, mais il peine à trouver preneur. » Au final, il s'est échangé un peu moins de 150 000 hl de bordeaux blanc (- 17 %), autour de 130 €/hl, un prix stable. « Peut-on s'attendre à un regain d'intérêt pour le bordeaux blanc à la suite des accidents météo qui ont touché la Loire et la Bourgogne ? s'interroge le courtier. L'avenir nous le dira. »
Et si Bordeaux doit désigner un champion, il est effervescent. Les ventes de vins de base pour les bulles ont progressé de 88 %, atteignant 35 000 hl. « La demande est très forte, observe le courtier. Les opérateurs cherchent des producteurs. » Ceux-ci pourraient être tentés : la tendance est au beau fixe et le cours moyen a progressé de 7 %, à 157 €/hl.
Bourgogne
Les blancs s'assagissent, les rouges flambent
« Après le gel d'avril, on savait que les cuves ne seraient pas pleines cette année, rappelle Guillaume Wilette, directeur du syndicat des bourgognes. Cette donnée a pesé tout au long de la campagne. »
Avant le gel, le négoce réclamait une baisse des prix des blancs devenus trop chers à son goût. À l'arrivée, l'aligoté recule de 6 %, à 284 €/hl. Les prix du bourgogne blanc et des chablis retombent également. Mais aucun de ces vins ne revient au niveau d'avant la flambée provoquée par la faible récolte 2013. « Il y a toujours une forte demande en chablis, constate Frédéric Guéguen, le président de l'ODG. Au début de l'année, les cours se sont tassés car nous avions eu une belle récolte en 2015. Puis ils se sont retendus après le gel d'avril. Mais il y a eu peu d'échanges : les viticulteurs attendent d'avoir une idée de leur récolte 2016. »
Pour les rouges, la situation est bien différente. Contrairement aux blancs, la campagne a démarré avec une récolte 2015 en recul de 15 % par rapport à la précédente. Du coup, tous les prix sont en hausse et les volumes échangés en baisse. Le bourgogne rouge atteint le prix record de 407 €/hl (+ 23 %), surclassant de très loin toutes les autres appellations régionales de France.
Languedoc
Pays d'Oc toujours en forme
En pays d'Oc, les rosés ont souffert. « Il restait des stocks de 2014, année où les caves avaient fait pas mal de rosé. Ils nous ont embêtés tout au long de la campagne, observe Louis Servat, courtier à Gruissan, dans l'Aude. Par ailleurs, la conjoncture, les attentats et le début de l'été n'ont pas été favorables à la consommation. »
Résultat : le prix du pays d'Oc rosé recule de 3 % par rapport à 2014-2015, à 87 €/hl (tous cépages confondus) pour un volume en retrait de 15 %, à 1,2 million d'hl. Mais cette évolution, qui semblait alarmante avant l'été, ne l'est plus. « Nous avons 260 000 hl de sorties en retard sur les rosés. Ce n'est rien. Et nous aurons bien besoin de ces rosés. Avec la sécheresse, on perd en effet des volumes tous les jours », note Jacques Gravegeal, président de l'IGP Pays d'Oc.
Les choses se sont bien mieux passées pour les pays d'Oc rouges et blancs, avec des cours en légère hausse et des volumes en progression de 15 et 16 %. Au final, l'IGP boucle la campagne en ayant vendu 5,6 millions d'hl en vrac, un record qui a généré une recette de 530 millions d'euros, elle aussi inégalée.
Du côté des IGP Aude, Gard et Hérault, les volumes échangés reculent, à 860 000 hl dans les trois couleurs contre 976 000 hl en 2014-2015. « Il ne faut pas se leurrer : nous avons un problème de prix sur les IGP de département. Le négoce soutient qu'ils sont trop chers comparés aux vins d'Espagne », souligne un observateur. « Nous avons de moins en moins de propositions du négoce pour ces produits, alerte Louis Servat. Nous conseillons aux producteurs de ne plus les travailler. »
Du côté des AOC, le corbières - principale appellation sur le marché du vrac - recule en volume et progresse en prix. Il y avait moins de vrac disponible. « On est passé de 112 à 122 €/hl, apprécie Xavier de Volontat, président de l'ODG. C'était nécessaire. Désormais, il faut que nous restions sages sur les prix pour ne pas perdre de marchés. Il nous faut aussi continuer à travailler sur la qualité pour vendre de plus en plus de lots autour de 135-140 €/hl. »
À noter aussi la progression des volumes échangés en AOC Languedoc dans les trois couleurs. Une hausse assortie d'une belle augmentation des prix en rouge : + 9 %, à 128 €/hl. L'appellation socle de la région semble s'installer peu à peu.
Provence
Coup d'arrêt sur les rosés
« Le négoce a pris son temps pour faire ses achats, lance Éric Pastorino, le président de la cave coopérative de Gonfaron (Var) et du syndicat des côtes-de-provence. Les disponibilités en côtes-de-provence rosé étaient importantes après une récolte record de 986 000 hl. »
Malheureusement, les ventes n'ont pas suivi. « La météo pluvieuse de juin, la baisse de la fréquentation touristique et le contexte morose depuis le début de l'année en France nous ont pénalisés », analyse Laurent Rougon, président de la Fédération des coopératives varoises.
À l'arrivée, les transactions sont en baisse de 7 % en volume. Le cours moyen a également fléchi pour se fixer à 199 €/hl (- 4 %). « Dans les faits, l'appellation est partagée en deux segments. Il y a, d'une part, les belles qualités - au-dessus de 200 €/hl - sur lesquelles on s'est positionné dès le début de la campagne et, d'autre part, les qualités plus classiques - aux alentours de 180 €/hl - que nous avons achetées entre janvier et juillet », souligne Philippe Laillet, oenologue et responsable de la Maison Gilardi aux Arcs, dans le Var.
Les coteaux-d'aix-en-provence, à l'équilibre entre l'offre et la demande, ont moins souffert. Les coteaux varois, en revanche, ont davantage été pénalisés. La baisse du prix des côtes-de-provence les a rendus moins attractifs.
Il reste donc du stock dans les caves. La production ne s'en alarme pas. « Nous pourrons alimenter nos marchés », commente Laurent Rougon. D'autant que la récolte 2016, frappée par la sécheresse, s'annonce basse.
Roussillon
Bonne nouvelle des villages
La meilleure nouvelle vient du côtes-du-roussillon-villages rouge dont les volumes progressent de 7 %, à 22 500 hl, et les prix de 10 %, à 164 €/hl. « Les efforts des vignerons portent leurs fruits et cela nous conforte dans l'idée qu'il faut tirer le vignoble vers le haut », indique Serge Guillet, directeur de la Maison des vignerons, à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Pour les autres vins, c'est moins réjouissant. Le côtes-du-roussillon rosé (76 000 hl) et le muscat-de-rivesaltes (74 000 hl), qui représentent la moitié des volumes échangés en vrac, perdent un peu de dynamisme. Néanmoins, Serge Guillet reste positif : « Les cours sont stables, c'est le plus important. »
Mais force est de constater que la région n'arrive pas à redresser ses ventes de vins doux, malgré tous ses efforts. « En grande distribution, nous subissons la concurrence des autres apéritifs », déplore le directeur de la Maison des vignerons. L'interprofession tente une nouvelle approche en communiquant sur un cocktail de son invention, le Riv'Tonic, mariant rivesaltes ambré et tonic.
Sud-Ouest
Une concurrence renforcée
« Tout le monde a été surpris par l'arrivée des vins d'Espagne, rapporte Alain Faget, viticulteur et courtier à Saint-Martin-d'Armagnac (Gers). Ils ont pris des marchés de vins de marque à l'IGP côtes-de-gascogne », la principale dénomination sur le marché du vrac dans le bassin sud-ouest. Cette nouvelle concurrence explique, selon lui, le recul des achats de côtes-de-gascogne blanc par le négoce. Les échanges ont porté sur 179 000 hl, soit 15 % de moins qu'en 2014-2015. Quant au prix, il a mieux résisté, ne perdant que 2 %, à 86 €/hl. « Les opérateurs n'ont pas voulu bouger en prix car ils ont des produits de qualité. Mais les sorties ne progressent pas et les retiraisons sont très en retard », explique Alain Faget.
Le comté-tolosan - l'IGP régionale - a mieux résisté. 116 000 hl se sont vendus dans les trois couleurs, soit 12 % de plus que l'an passé, qui plus est, à des prix stables. Ceux-ci, un peu inférieurs à ceux du côtes-de-gascogne, ont sans doute fait la différence.
À Cahors, Maurin Bérenger, président du syndicat des producteurs, se réjouit d'un regain d'activité. « Les sorties de chais de cette campagne sont en hausse de 12 000 hl, dont 10 000 hl sous contrat vrac. Nous avons vendu plus de vrac à l'export. » Au total, les sorties de chai s'élèvent à 138 000 hl dont 66 000 hl de vrac. À l'inverse des volumes, le prix du cahors a fléchi de 6 %, à 127 €/hl. « Les marchés sont difficiles, avoue Maurin Bérenger. Après un très bon début de campagne, nous avons souffert. »
Val de Loire
Stable en attendant la suite
En Anjou-Saumur, la satisfaction prime. « La campagne s'est bien déroulée, se réjouit Christine Touron, courtière en Maine-et-Loire. Et la récolte 2015 a permis de reconstituer les stocks. » Les transactions en cabernet-d'anjou - la principale appellation sur le marché du vrac - ont concerné plus de 190 000 hl, en petite hausse de 3 %, à un cours moyen de plus de 180 €/hl (+ 4 %). « Les ventes ont connu un léger ralentissement en début d'année à cause de la consommation saisonnière, détaille la courtière. Mais comme auparavant la situation était un peu tendue, cela nous a permis de revenir à l'équilibre. » La donne est un peu plus compliquée pour le rosé-de-loire dont les échanges chutent de 18 %, même si les prix résistent. « C'est un produit plus difficile à mettre en avant car plus sec, explique Christine Touron. Les jeunes consommateurs de nos vins sont plutôt demandeurs de notes sucrées. »
La Touraine se targue aussi d'une belle campagne. « Nous avons moins vendu car il y avait un peu moins de vin mais au moins les prix ne se sont pas emballés. » Un fait important pour Alain Godeau, président du syndicat du touraine, qui ne veut pas prendre le risque de perdre des marchés. Le négoce a acheté près de 70 000 hl (- 3 %) de touraine blanc à 205 €/hl (+ 6 %). Comme la prochaine récolte s'annonce faible, Alain Godeau insiste : « Il va falloir être vigilant sur les cours. »
En muscadet, la saison n'a pas été si mauvaise à en croire François Robin, de la Fédération des vins de Nantes : « Globalement, le marché a été actif, avec davantage d'achats de la part du négoce. » Les échanges en muscadet, muscadet-sèvre-et-maine et en sèvre-et-maine sur lie atteignent 217 000 hl, soit 2 000 hl de plus que l'an passé. La fédération y voit un signe de bonne santé.
Cette année, le vignoble nantais s'attend à une récolte déficitaire. Ce sera peut-être alors l'occasion de « travailler sur les prix », en baisse pour toutes les appellations, de - 10 % en gros-plant (80 €/hl), à - 2 % en muscadet-sèvre-et-maine (88 €/hl).
C'est en tout cas l'ambition du syndicat qui compte sur les consommateurs qui « plébiscitent nos appellations ».
Vallée du Rhône
Des marchés perdus
Un cours en légère en hausse, un volume échangé en repli : voilà ce qui caractérise la campagne de vente en vrac du côtes-du-rhône rouge. À 142,20 €/hl, l'appellation progresse de 3 % par rapport à la campagne précédente. Mais les volumes échangés baissent, eux, de 15 %.
« Nous avons eu moins de vin à vendre, explique Denis Guthmuller, président de la coopérative Cécilia, à Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse). Nous avons démarré la campagne avec six à huit mois de stock seulement, et la récolte 2015 a été inférieure à la précédente (1,4 million d'hectolitres pour l'AOC). »
À cause des faibles disponibilités, l'appellation est sous tension. « En trois ans, les cours ont augmenté de 25 %, s'agace un négociant. Résultat, le côtes-du-rhône perd des parts de marché en France et à l'export. » Les retiraisons traînent. « Les six premiers mois de l'année ont été poussifs, reconnaît Alain Bayonne, directeur de la cave La Suzienne, à Suze-la-Rousse (Drôme). La situation s'est améliorée en été, mais il y a encore du retard. »
La campagne 2016-2017 devrait démarrer sur la base du cours actuel car la récolte souffre de la sécheresse. Ce qui déplaît au négoce. De plus, les appellations voisines - Ventoux, Costières-de-Nîmes et Luberon - les font aussi tousser.
Le cas du ventoux est emblématique. « Nous avons connu des hausses de prix identiques au côtes-du-rhône », explique Geneviève Robert, directrice de la coopérative Sylla, à Apt (Vaucluse). En 2015-2016, le ventoux rouge s'est vendu à 118,80 €/hl et le rosé à 115 €/hl. Mais les transactions ont reculé de 13 % pour le premier et de 24 % pour le second. « Les distributeurs ont basculé leurs MDD dans d'autres régions », commente un courtier. Comme le repli est plus fort pour les rosés que pour les rouges, les producteurs s'adaptent en vinifiant moins de rosés.
L'IGP Méditerranée, qui revendique les deux tiers de son volume en rosé, subit, elle aussi, le contrecoup des hausses de prix passées. « Nous avons produit 10 000 hl, cette année. Il nous reste encore 4 000 hl de disponible à la vente », confie ainsi un directeur de coopérative.
Vins sans IG
La bérézina
Les échanges sont en recul pour les deux catégories de vins sans IG. Pour les vins sans mention de cépage, ils ont porté sur 760 000 hl, soit 22 % de moins que l'an dernier. C'est un marché qui disparaît à grande vitesse si l'on se souvient qu'il y a trois ans encore il s'élevait à 1,7 million d'hl. Même repli pour les principaux cépages. Les ventes de merlot et de cabernet-sauvignon rouges chutent de 20 %, celles de chardonnay et sauvignon perdent 4 %. Seuls le colombard et le carignan sont en hausse. Au total, le négoce n'a acheté que 700 000 hl de VSIG de cépages, loin du million d'hectolitres d'il y a trois campagnes. « Les vins sont arrivés trop tard sur le marché : en avril, lorsque les producteurs se sont aperçus qu'ils n'avaient pas de clients pour les vendre en IG, déplore Bruno Kessler, vice-président d'Anivin de France. Ils les ont alors proposés en sans IG. Mais les gros clients s'étaient déjà approvisionnés ailleurs. » En Espagne bien sûr, dont le merlot, cabernet-sauvignon et grenache garnissent de plus en plus les rayons des grandes surfaces.
À l'inverse des volumes, les prix sont restés pratiquement stables. Mais le négoce les juge trop élevés. Pour Bruno Kessler, la France doit se doter d'un vignoble dédié aux vins sans IG. Cette production ne peut plus résulter du seul repli des AOC et IGP.