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ACTUS - RÉGIONS

Bordeaux Colère à Pomerol

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°267 - septembre 2014 - page 12

La hache de guerre est-elle enterrée à Pomerol au sujet de l'aire de vinification ? Pas sûr que le nouveau décret sorti le 18 août dernier calme les viticulteurs sans chai.
Max Silvestrini, exploitant dont le chai est situé en dehors de l'aire géographique de l'AOC, déplore la décision gouvernementale.

Max Silvestrini, exploitant dont le chai est situé en dehors de l'aire géographique de l'AOC, déplore la décision gouvernementale.

Rappel des faits : en 2009, un noyau de viticulteurs décide d'attaquer le cahier des charges de l'AOC Pomerol, lequel réduit à l'aire géographique de production du raisin la zone où il est permis de vinifier et d'élever ce vin. Vingt-trois propriétaires sont concernés. Le décret fixe une date butoir après laquelle ils ne pourront plus produire de pomerol dans leur cave éloignée de 1 à 7 km de l'aire.

Tous crient à l'inégalité de traitement car, dans le même temps, deux chais situés à Libourne échappent à cette restriction. Les contestataires obtiennent gain de cause : en mars 2012, le Conseil d'État annule le cahier des charges de 2009. Entre-temps, une nouvelle mouture du cahier des charges étend la zone de proximité immédiate à tout Libourne, réintégrant quelques chais au passage.

De nouveau, les contestataires saisissent le Conseil d'État. Lequel annule ce second décret, toujours pour inégalité de traitement. Le gouvernement vient d'en tirer les conséquences dans un décret paru le 18 août. Désormais, tous les chais situés en dehors de l'aire géographique de l'AOC sont logés à la même enseigne : ils ont le droit d'y vinifier et d'y élever leurs pomerols jusqu'à la récolte 2021. Après cela : terminé. Soit ils investissent un chai sur l'aire, soit ils arrêtent.

La décision du gouvernement met fin à l'inégalité de traitement. Mais elle n'apaise pas les esprits. Pour Jean-Marie Bel, qui possède un chai à Libourne, « le combat n'est pas terminé ». Depuis quarante ans, il détient en fermage 80 ares à Pomerol. Son chai est à trois cents mètres de l'aire et il ne comprend pas pourquoi il ne pourrait pas continuer à y vinifier son précieux nectar. Max Silvestrini est sur la même longueur d'onde. Il exploite 1,18 ha à Pomerol et son chai est à Lussac, à 9 km. Paul Goldschmidt, du château Vray Croix de Gay, à Néac, regrette une situation qu'il juge « imbécile » et « l'absence de concertation. La solution est sur la table : qu'on ne m'impose pas une date butoir pour construire mon chai ». Jean-Marie Garde, le président de l'ODG, lui, répète que d'ici à 2021, chacun devra se mettre en conformité. À suivre.

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