Imprimer
Une nouvelle page de l'histoire - malheureusement riche - du parasitisme de la vigne est en train de s'écrire. Son personnage central est un moucheron venu d'Asie : la drosophile suzukii. Repérée il y a six ans en Espagne, elle s'est rapidement propagée à toute la France, des cerisiers aux vignobles. Cette année, on l'a rencontrée partout, depuis Bordeaux jusqu'en Alsace. Elle dispose d'une arme redoutable : son organe de ponte capable de percer les fruits sains. A-t-elle pour autant provoqué des dégâts aux baies ? Est-elle la cause de l'inhabituelle épidémie de pourriture acide qui a davantage touché les cépages noirs que les blancs ? Tous les experts n'en sont pas convaincus. Pour certains, la preuve n'est pas faite que la nouvelle drosophile pond ses oeufs dans les baies de raisin. Il est vrai que ce fruit ne semble pas être son préféré. Mais en Suisse, la question ne se pose plus.
Nos voisins ont repéré la drosophile en 2011. En 2012, ils ont installé un réseau de pièges sur tout leur territoire pour suivre son expansion. Cette année, ils y ont capturé trois fois plus de cette mouche qu'il y a deux ans. Ils ont trouvé une multitude de ses asticots dans les baies de nombreux cépages. Ils ont subi une vague d'attaques sans précédent, les obligeant à jeter la vendange blessée.
En France, on a senti passer le vent du boulet. Fin août-début septembre, la situation semblait sur le point de dégénérer. Bien des grappes commençaient à sentir le vinaigre. Puis le retour d'un beau temps sec a stoppé cette funeste évolution. N'empêche, il s'est installé un inoculum de drosophiles qu'il va falloir surveiller de très près avec de nouveaux réseaux de pièges. Et ce parasite arrive à un moment où nos concitoyens sont de plus en plus suspicieux vis-à-vis des traitements et où l'administration ne rêve que de produire « autrement », comme le ministère de l'Agriculture le serine à tout bout de champ. Si la mouche suzukii devait être un nouveau fléau pour la vigne qui en connaît déjà tant, il faudra bien agir.
La Suisse, en tout cas, n'a pas hésité. Mi-septembre, elle homologuait d'urgence deux produits - une argile et un insecticide - pour permettre à ses vignerons de protéger leur récolte.
