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éditorial

Drapeau vert

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°269 - novembre 2014 - page 6

Sans se concerter, en Champagne et dans l'Aude, aux deux extrémités géographiques et économiques de la France viticole, liées par d'historiques liens de solidarité, des centaines de vignerons sont descendus dans les rues le 5 novembre, coiffés de la même couleur : le vert. Les Audois portaient une casquette, les Champenois un bonnet. Ils voulaient être reconnaissables parmi les agriculteurs qui avaient décidé de manifester ce jour-là contre l'accumulation de normes, d'impôts et de taxes. Ils ont choisi de porter le vert pour montrer qu'ils travaillent tous les jours avec la nature et non contre elle comme le prétendent à longueur de temps les écologistes urbains qui ont toutes les faveurs de la presse grand public. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment la viticulture pourrait-elle exprimer les terroirs en détruisant la nature ?

Par un hasard du calendrier, ce même 5 novembre, à Bordeaux, des experts ont apporté un élément de réponse. Ce jour-là, ils ont dressé le bilan d'un programme européen d'observation de la biodiversité dans les vignobles. Un bilan selon lequel nos vignes grouillent d'une vie animale discrète. Cette bonne nouvelle est-elle parvenue aux oreilles des politiques et de l'administration ? On peut en douter. À force d'écouter les écologistes alarmistes, ils ont pondu une réglementation envahissante qui interdit presque d'entretenir les cours d'eau et qui régit les apports d'azote dans des arrêtés longs d'une trentaine de pages dont on ne perçoit que l'absurdité.

Sur le plan social, la même logique normative est à l'oeuvre. Partant de la lutte contre le travail illégal, l'administration en est venue à convoquer des viticulteurs à la gendarmerie pour avoir eu un coup de main de leur beau-frère un samedi ! Stop ! Les vignerons sont descendus dans les rues pour dire qu'ils ne veulent pas vivre dans une société où les membres d'une même famille ne peuvent pas s'entraider. Le bon sens. Ils sont aussi venus dire stop à cet État glouton qui, pour renflouer ses caisses, alourdit sans cesse le coût du travail jusqu'à décourager les entrepreneurs. Ils nous ont rappelé que la France est un pays épris de liberté que des élus imaginatifs et une administration tatillonne enserrent peu à peu dans une gangue de règles et de normes. Il faut mettre fin à cette dérive.

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