Une notoriété évidente, mais un gros déficit d'image et de visibilité, tel est la difficulté que doit relever l'appellation Muscadet, l'entrée de gamme du pays nantais, dont les sorties de chai se sont élevées à 115 000 hl sur les deux dernières campagnes. « Face à cela, on bouge ou on attend ? », interroge Joël Forgeau, le président de l'ODG Muscadet.
L'ODG a choisi de bouger. Il va adresser une demande de modification du cahier des charges à l'Inao pour abaisser la densité, aujourd'hui fixée à 6 500 pieds/ha, et revoir les normes analytiques ainsi que l'encépagement.
Il est ainsi question d'ajouter du colombard, en complément du melon de Bourgogne, le seul cépage actuellement autorisé. Le négoce, qui commercialise 70 % des volumes, y est très favorable car il souhaite proposer des blancs plus aromatiques.
Ce dernier point fait réagir certains producteurs pour qui l'identité du muscadet, c'est le melon de Bourgogne et rien d'autre. Une pétition circule dans le vignoble pour s'opposer à l'introduction d'un nouveau cépage. « On veut garder le muscadet en monocépage. Si le but, c'est de produire des vins aromatiques, on peut très bien en obtenir avec du melon. Ceux qui veulent faire du bi-cépage peuvent le faire en IGP ou en vins de France », martèle Sébastien David, vigneron avec son frère Stéphane, à Vallet (Loire-Atlantique).
« Rien n'est joué, assure Joël Forgeau. On va avoir une phase de concertation de l'ensemble du vignoble pour décider concrètement ce que l'on fait. Simplement, il faut du temps pour modifier un cahier des charges. Il nous a fallu dix ans pour créer les crus. Mais là, franchement, on n'a pas dix ans devant nous pour relancer l'appellation muscadet. »