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DOSSIER - Plantations nouvelles : ce que veulent les régions

LES RÉGIONS QUI DIFFÈRENT

PAYS NANTAIS Mieux valoriser et diversifier

MARTIN CAILLON - La vigne - n°271 - janvier 2015 - page 58

Après une campagne d'arrachage sans précédent, le pays nantais cherche avant tout à mettre en valeur le vignoble existant et mise sur de nouveaux cépages.
« Il faut régénérer les vignes plutôt qu'augmenter le potentiel de production. » (David Destoc, directeur des Vif de Loire-Atlantique et Maine-et-Loire) © E. BENARD

« Il faut régénérer les vignes plutôt qu'augmenter le potentiel de production. » (David Destoc, directeur des Vif de Loire-Atlantique et Maine-et-Loire) © E. BENARD

« Les viticulteurs qui veulent augmenter leurs surfaces ne sont pas en peine, observe Frédéric Macé, directeur du Syndicat de défense des AOC Muscadet, à Vertou (Loire-Atlantique). Ils trouveront des vignes disponibles pendant quatre à cinq ans au moins, du fait des départs à la retraite. Ces parcelles se négocient entre 5 000 et 10 000 euros/ha. »

Le sujet des plantations nouvelles n'est donc pas d'actualité. Le Pays nantais se remet à peine d'un plan de restructuration draconien. Entre 2009 et 2011, 2 500 ha ont été arrachés. Le vignoble compte aujourd'hui 9 000 ha de muscadet et 600 ha de gros-plant. « Il faut régénérer les vignes plutôt qu'augmenter le potentiel de production », analyse David Destoc, directeur du syndicat des Vignerons indépendants de Loire-Atlantique et de Maine-et-Loire. Les chiffres lui donnent raison.

Cette année, la production de muscadet (toutes appellations confondues) devrait avoisiner 410 000 à 420 000 hl, avec un rendement de 45 à 47 hl/ha. « On reste loin du plafond du cahier des charges », observe Frédéric Macé. Ce plafond se situe à 65 hl/ha en muscadet et 55 hl/ha en apellations muscadet sous-régionales.

Le vignoble nantais poursuit d'autres objectifs. « Le premier, c'est de tenir les prix », explique Frédéric Macé. Ils ne sont pas très élevés, mais stables. L'hectolitre de muscadet sur lie se négocie entre 135 et 140 €. Les viticulteurs ont besoin de cours plus rémunérateurs avant de penser à s'agrandir.

Brigitte Loiret, cogérante de l'EARL Loiret, cultive 25 ha de vignes dont les trois quarts en muscadet, à Vertou. Elle ne cherche pas à s'agrandir mais à mieux vendre. « Notre objectif, c'est de tirer la qualité vers le haut en faisant avancer le cru La Haie-Fouassière. C'est un marché de niche, bien valorisé », observe-t-elle. Le prix de ces cuvées : sept à douze euros la bouteille.

Pierre Lieubeau, viticulteur sur 81 ha à Château-Thébaud (Loire-Atlantique) et ancien président de l'interprofession des vins de Nantes, partage cette ambition. « Il faut que le vignoble gagne en valeur. Le chantier important, c'est de travailler sur l'appellation muscadet générique », indique-t-il. L'ODG projette d'introduire un ou deux cépages accessoires au melon et d'abaisser les densités de plantation. « Il est indispensable d'évoluer sur ce sujet, remarque Pierre Lieubeau. Notre modèle unique à 7 000 pieds/ha éclate un peu. Pour le vigneron, planter à 5 000 pieds/ha, comme en IGP, peut être intéressant non seulement d'un point de vue économique, mais aussi sur le plan qualitatif. »

Autre phénomène en cours : une progression des vins en IGP avec l'introduction d'autres cépages que le melon et la folle-blanche. Le pays nantais ne souhaite pas planter plus mais autrement.

Le Point de vue de

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT PLANTER ?

Pascal Fleurance, Domaine de la Garnière, 30 ha, St-Crespin-sur-Moine (Maine-et-Loire)

« La question ne se pose pas ici. Les vignes disponibles ne manquent pas car il y a tellement de surfaces à reprendre, entre ceux qui abandonnent et les retraités. Cette année, nous reprenons 4 ha à un voisin qui prend sa retraite. Depuis cinq ans, nous avons arraché du muscadet, du gros-plant et du gamay, dans les terres profondes. Nous replantons des sauvignons gris et blanc, du cabernet franc et du pinot gris pour développer notre gamme de vins de pays. On concentre nos plantations sur les meilleurs terroirs. »

Le Point de vue de

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT PLANTER ?

Romain Malidain, EARL Malidain, 46 ha, La Limouzinière (Loire-Atlantique)

« Nous sommes passés de 34 à 46 ha entre 2006 et 2008. Depuis, notre surface est stable. Mais nous adaptons notre encépagement à la demande. Nous arrachons du gros-plant et plantons du sauvignon et du pinot noir. Nous exploitons aujourd'hui neuf cépages. Pour le pinot noir, nous sommes en rupture de stock. Nous le vendons en IGP Val de Loire, à 6,50 euros la bouteille. Il y a une demande pour le sauvignon également. En ce moment, les vignerons n'ont pas les ressources économiques pour planter. Quand on ne valorise pas assez ses produits, on ne peut pas se permettre de planter. »

L'essentiel de l'offre

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