« Quand vous achetez un vin biologique, vous n'achetez pas que du vin. » C'est ainsi que s'ouvre la lettre que Patrick Boudon, président du Syndicat des vignerons bio d'Aquitaine, a adressée, le 26 février, à tous les acheteurs de vins bio, professionnels comme consommateurs.
Patrick Boudon s'alarme de contrats signés à 1 300 € le tonneau de bordeaux rouge (144 €/hl) contre 1 600 € l'an dernier (178 €/hl). Des prix bien inférieurs aux coûts de revient. Dans sa lettre, le vigneron rappelle qu'une récente étude de la chambre d'agriculture de la Gironde estime à 1 934 € le coût de production d'un tonneau de 900 litres.
« Une petite poignée d'acheteurs a décidé que les vignerons bio travailleront désormais pour rien. Rien ne justifie des offres aussi faibles », dénonce-t-il.
Interrogé sur la situation, Allan Sichel, président de l'Union des maisons de Bordeaux, exclut toute concertation entre les acheteurs pour faire chuter les prix. « Le marché est beaucoup trop ouvert et les acteurs trop nombreux pour pouvoir organiser une spéculation à la baisse », affirme-t-il. Selon lui, la chute des cours résulte d'un déséquilibre entre l'offre et la demande.
Quant à Fabien Colette, courtier à Mouliets-et-Villemartin, il souligne l'attentisme de la grande distribution. « Les volumes certifiés bio ont progressé trop rapidement à Bordeaux, mais aussi en Languedoc et en côtes du Rhône. Les débouchés n'ont pas suivi. Le bio reste un marché de spécialistes », constate-t-il.
Fabien Colette ajoute que des producteurs en partenariat réussissent à maintenir leurs cours pour des cuvées de haute qualité. Il souligne que les blancs et les rosés sont épargnés par la baisse qui affecte les rouges.