À Saint-Siffret, dans le Gard, Luc Reynaud cultive 50 ha en AOC Duché d'Uzès et en IGP Pont du Gard et Cévennes. Il produit 2 800 hl par an et commercialise 40 000 cols. « Sur nos entrées de gamme, vendues entre 3,9 et 4,50 € TTC par col, nos marges sont très faibles, constate-t-il. C'est sur notre cuvée haut de gamme que les marges sont les plus intéressantes. »
Un constat que dresse également CER France Gard. « Les vignerons dégagent des bénéfices avec leurs cuvées haut de gamme qui compensent leurs pertes sur les entrées de gamme », observe Anne-Claire Durel, chargée d'études. L'association de gestion a présenté les résultats 2013 d'un panel de 39 domaines gardois à l'assemblée générale des Vignerons indépendants du Gard, le 27 avril, à Vauvert. En moyenne, ces domaines exploitent 42 ha et produisent 2 500 hl pour un rendement de 57 hl/ha. Leur marge moyenne s'élève à 3 280 €, un résultat provenant des ventes en bouteilles, les BIB étant à l'équilibre et le vrac étant source de pertes.
L'analyse détaille le coût de revient selon le positionnement produit. Ce coût s'établit à 2,79 €/col pour les entrées de gamme, des bouteilles vendues moins de 3,50 € TTC le col au consommateur. Il atteint 3 €/col pour le coeur de gamme, vendu entre 3,50 et 6 €, et 4 € pour le haut de gamme. « L'écart le plus important entre les premiers prix et le haut de gamme se situe au niveau du prix du raisin (+0,40 €/col) car les rendements sont plus faibles et qu'il y a plus de travail à la vigne. Il y a également un surcoût au niveau du packaging (0,30 €/col) et des frais d'élevage en barrique (0,26 €/col) », souligne Anne-Claire Durel.
Les hauts de gamme étant vendus au-dessus de leur coût de revient, ils offrent 1,67 €/col de marge en moyenne alors que les entrées de gamme font perdre 0,76 €/col aux exploitants. « Bien sûr, les vignerons sont obligés de proposer des vins à petit prix. Mais il faut qu'ils soient attentifs à l'adéquation entre leurs coûts de revient et leur prix de vente », conseille Anne-Claire Durel.
« Le haut de gamme, c'est un segment qu'on essaie de développer, ajoute Luc Reynaud. Mais je suis limité par le seuil d'acceptation des consommateurs. Un IGP à 9 € la bouteille, c'est difficile à vendre. J'ai pu proposer une cuvée à ce prix dès lors que Duché d'Uzès est devenue une AOC. J'ai une cuvée en rouge à ce prix-là et je vais lancer un blanc à 10 € la bouteille. »
À noter que, pour son étude, CER France Gard a intégré une rémunération de la main-d'oeuvre familiale de 24 000 € nets par an et par personne plus 43 % de cotisations sociales.