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VIGNE - Pulvérisation confinée : toute l'offre du marché

L'offre italienne Du haut de gamme

La vigne - n°275 - mai 2015 - page 50

Les trois constructeurs italiens ayant vendu des pulvés à panneaux en France proposent des machines très abouties, pourvues d'automatismes. Une efficacité et un confort qui ont un prix : entre 45 000 € et 50 000 € toutes options.
LES PULVÉRISATEURS À PANNEAUX RÉCUPÉRATEURS ITALIENS

LES PULVÉRISATEURS À PANNEAUX RÉCUPÉRATEURS ITALIENS

LES PULVÉRISATEURS À PANNEAUX RÉCUPÉRATEURS ITALIENS

LES PULVÉRISATEURS À PANNEAUX RÉCUPÉRATEURS ITALIENS

Friuli : Imposant, mais stable et maniable

Agricolmeccanica commercialise, sous la marque Friuli, une gamme de pulvérisateurs à tunnels dénommée Drift Recovery (récupération de la dérive en anglais). Elle comprend quatre modèles traînés : un appareil de 600 l monorang, pourvu d'un système de correction de dévers sur le châssis, capable d'évoluer dans les vignes escarpées, et trois appareils de 1 000, 2 000 ou 3 000 l équipés d'une rampe pouvant traiter deux rangs par passage.

Sur ces trois derniers modèles, la rampe est fixée devant la cuve et supporte quatre imposants panneaux fabriqués en Inox. Chaque panneau est doté, dans sa partie supérieure, d'une turbine entraînée hydrauliquement et directement branchée sur une colonne verticale pourvue de sorties d'air. Les colonnes sont installées en position décalée : à l'avant sur le panneau intérieur, et à l'arrière sur le panneau extérieur, pour éviter que les flux d'air ne s'opposent. La pulvérisation est à jets portés.

Les panneaux Friuli ont une particularité. Ils sont ajourés. Des ailettes en plastique positionnées de biais par rapport au flux d'air retiennent la bouillie passée au travers du feuillage tout en laissant passer l'air. Il ne circule pas en boucle mais traverse les panneaux.

Le Drift Recovery, qui pèse plus de deux tonnes à vide, est un appareil imposant et massif. Pour cette raison, le constructeur équipe ses modèles deux rangs d'un châssis à double essieu de série qui améliore la portance au sol. En outre, l'essieu arrière se relève électro-hydrauliquement pour manoeuvrer sans forcer dans les tournières.

Le Drift Recovery se pilote depuis une console intelligente installée en cabine. Le chauffeur peut enregistrer huit programmes de travail. Depuis cet ordinateur, il peut automatiser les opérations d'ouverture et de repli des rampes et des panneaux ainsi que la montée et la descente de l'essieu arrière en bout de rang. Il lui permet aussi de suivre les conditions de pulvérisation en temps réel : vitesse d'avancement, débit et quantité de produit pulvérisé et récupéré. Une autre console, en option, propose un DPAE et permet d'exporter les données de traitement sur une clé USB. Point important, enfin, les pulvérisateurs Friuli sont homologués pour circuler sur la route en France.

Tous ces arguments ont convaincu Armin Grassa, au domaine du Tariquet (voir encadré), et, avant lui, Anthony Chastaing.

À la tête du domaine de la Grange neuve à Pomport (Dordogne), ce viticulteur est l'un des premiers à s'être équipé d'un pulvérisateur Friuli en France. Son appareil - un modèle 1 000 l doté d'un seul essieu - traite entre 25 et 30 ha par saison depuis cinq ans. « Il est très bien adapté à notre vignoble. Nos pieds de vignes sont hauts, le palissage est en bon état, les tournières sont grandes et les rangs sont enherbés. L'engin est lourd, mais il est très stable. Il faut au minimum un tracteur de 90 ch pour l'emmener », explique-t-il.

Anthony Chastaing ne tarit pas d'éloges sur la qualité de pulvérisation : « Elle est parfaite. Le flux d'air, régulier, s'approche du système à flux tangentiels. Il n'y a pas de turbulences et quasiment pas d'embruns autour de la machine. Le système de récupération, lui aussi, est bien pensé. »

Le viticulteur a eu deux petits soucis seulement en quatre saisons : un défaut de connexion du faisceau en cabine et le bouchage d'une électrovanne. Par ailleurs, des points de rouille sont apparus dès la troisième campagne. « Mais, à ce jour, je n'ai eu aucun frais de maintenance, hormis le changement périodique des buses », tempère-t-il. Le viticulteur reste toutefois réservé sur ce point pour l'avenir. « Le pulvérisateur est fiable et fonctionne très bien depuis cinq ans. Mais c'est un appareil complexe avec beaucoup d'hydraulique. Il faudra voir à plus long terme », conclut-il, prudent.

Ideal : Un pneumatique original

Le pulvérisateur Drop Save, développé par Ideal, est réservé au traitement des vignes larges (à partir de 2 m) comme son concurrent Friuli. Les deux appareils sont de gabarit comparable. Comme le Friuli, le Drop Save filtre l'air avant de le laisser s'échapper de ses panneaux. Concrètement, la rampe du Drop Save accueille des grands panneaux en polyéthylène dans lesquels sont fixées des lames en plastique. Ces dernières retiennent le produit qui passe au travers du feuillage. L'air, délesté de sa bouillie, s'échappe ensuite en passant à travers la paroi extérieure des panneaux, perforée à cet effet.

Contrairement au Friuli, Drop Save traite en mode pneumatique. Il est conçu pour travailler à volume réduit de bouillie. La ventilation est assurée par une unique turbine de 570 mm placée devant la cuve. Les colonnes d'air, équipées de six ou huit diffuseurs pneumatiques, sont installées en position décalée.

Pour récupérer la bouillie, Ideal a breveté un système original. La bouillie, aspirée et filtrée en bas des panneaux, passe par un réservoir de dépressurisation intégré en haut de la cuve principale. Ce principe permet au produit de se décanter, évitant ainsi de renvoyer de la mousse dans la cuve principale.

Le Drop Save bénéficie d'un logiciel de gestion automatisée de l'ouverture et de la fermeture des rampes, du circuit de diffusion des produits et de la montée et descente de l'essieu bogie. Le chauffeur commande toutes ces opérations depuis la cabine.

Christian Loizeau, à Écoyeux (Charente-Maritime), a acquis un Drop Save de 1 000 l cette année « pour éviter la dispersion du produit, surtout quand il y a du vent. Nous replantons de la vigne près d'un lotissement », explique-t-il. L'appareil, qu'il a vu en démonstration l'an passé, lui a paru répondre à cette attente. « Le système de ventilation dans les panneaux limite considérablement la dérive. L'appareil bénéficie d'une technologie avancée mais il est simple d'utilisation. Par commodité, nous avons choisi la version haut de gamme avec automate. » Le viticulteur apprécie la robustesse du châssis et de la rampe. « Cette année, nous traiterons 30 de nos 40 ha avec ce modèle. Il s'agit de vignes plates avec de bonnes tournières. Nous traiterons les 10 ha restants avec notre ancien appareil. » Malgré un prix d'achat élevé, Christian Loizeau a calculé que son investissement sera rentabilisé en quatre ans grâce à l'économie de produit réalisée.

Bertoni : Des ventilateurs économes

Chez Bertoni, le pulvérisateur à panneaux de récupération porte le nom d'Arcobaleno. Trois machines sont en service en France, deux en Charentes et une dans le Languedoc. Les panneaux sont fabriqués en plastique ABS et incurvés. La pulvérisation est, quant à elle, à jets portés.

L'Arcobaleno se démarque de ses concurrents italiens par son système de ventilation. À l'intérieur de chaque panneau, quatre ventilateurs sont positionnés perpendiculairement au panneau. « Les ventilateurs portent le flux de produit tout en créant une dépression qui aspire les embruns provenant des jets du panneau opposé », apprécie Charles Duby, gérant du domaine de l'Arjolle à Pouzolles (Hérault). De plus, ces ventilateurs sont entraînés par une génératrice électrique branchée sur la prise de force, et non par l'hydraulique. Leur fonctionnement est donc indépendant du régime du tracteur.

Charles Duby entame sa cinquième saison avec un Arcobaleno traîné de 1 500 l. Il apprécie sa sobriété : « Le moteur du tracteur tourne à 1 600 tr/min. Il consomme 1,5 l/h de moins que lorsque j'employais mon ancien Turbocol. » Le viticulteur est également satisfait de la qualité de la pulvérisation et du système de récupération. La pompe à membrane qui aspire la bouillie ne génère pas de mousse. Et il trouve aussi très pratique le réglage automatique des panneaux en entrée et sortie de rang. Autre point, il a constaté que l'essieu déporté lui permettait de tourner en 6 m. Ce qui est suffisant. Mais il déplore un problème de fiabilité et de montage de la pompe de pulvérisation qu'il a déjà dû changer deux fois. « Bertoni a revu la pompe et son montage. La nouvelle fait moins de bruit », modère-t-il. Par ailleurs, les panneaux ont souffert. Malgré un système d'escamotage efficace, ils ont mal encaissé quelques chocs. Le viticulteur a riveté des plaques d'aluminium sur la partie avant pour les réparer et les renforcer. « L'ABS ne se soude pas comme la fibre de verre », regrette-t-il. Il trouve l'Arcobaleno encombrant sur la route et à la vigne : « On ne voit rien en reculant. » Le modèle de Bertoni a récupéré chez Charles Duby entre 38 et 42 % du produit pulvérisé en moyenne par an (chiffre de la chambre d'agriculture de l'Hérault). Le viticulteur a réalisé 3 800 euros d'économie de produits en moyenne par an sur les 50 ha qu'il protège avec cet appareil.

D'autres modèles italiens

Sept autres marques italiennes proposent de la pulvérisation confinée, mais n'ont pas encore d'utilisateurs en France. Pour six d'entre elles, le modèle de base est un pulvérisateur traîné, doté d'une cuve de 1 000 ou 2 000 litres et d'une rampe solide fixée à un châssis monté sur un bogie. Pour le reste, chaque marque cultive sa spécificité.

Ricosma propose, sur son modèle Zephir, un châssis composé de trois éléments articulés. Le premier supporte la cuve, le deuxième les panneaux et le troisième - le timon - est attelé au tracteur.

Caffini adopte un système équivalent qui permet de tourner sur une courte distance, le pulvérisateur passant dans les traces des roues du tracteur. En revanche, le système de ventilation est très différent chez les deux constructeurs. Pour le Zephir, un imposant ventilateur est fixé au centre de la paroi extérieure du panneau. Sur le Drift Stopper Evo de Caffini, le ventilateur est monté en haut du panneau.

Ninotti adopte aussi cette configuration sur la toute dernière version de son modèle à jets portés Felix.

Europiave et Florida proposent des modèles pneumatiques pour les vignes larges. Le premier confine le brouillard de produit entre des panneaux en Inox pleins. Le second, encore au stade de prototype, le retient entre des parois en Inox ajourées.

Carrarospray monte depuis trois ans des panneaux sur sa gamme de pulvérisateurs portés pneumatiques.

Martignani, enfin, se distingue des autres marques sur deux points. Son appareil Duo Wing Jet propose un procédé de pulvérisation électrostatique unique sur le marché. Les deux panneaux qui l'équipent, par ailleurs, ne récupèrent pas le produit. Ils le renvoient, en le confinant, vers la face opposée aux diffuseurs.

Le Point de vue de

ARMIN GRASSA, PROPRIÉTAIRE DU DOMAINE DU TARIQUET, 950 HA DE VIGNES, À EAUZE, DANS LE GERS

« Beaucoup de confort et de sécurité pour les chauffeurs »

« Nous avons choisi la marque Friuli d'abord pour sa résistance mécanique. L'appareil est plus stable et plus robuste que le S21 que nous avons également testé. La poutre supportant les panneaux, de forme hexagonale, est solide. Les tuyaux sont gainés et montés sur des rails pour éviter l'usure par frottement ou pincement. La machine offre aussi un grand confort de conduite et beaucoup de sécurité pour les chauffeurs. L'ordinateur de bord permet de régler l'écartement des panneaux selon l'épaisseur de la vigne et la puissance du ventilateur en fonction de la végétation et du vent. On peut aussi enregistrer huit programmes, sélectionnables grâce à un unique bouton. Ceci facilite le travail. Les panneaux sont en Inox, si bien que les produits n'adhèrent pas à la surface. Des palpeurs au sol les font remonter en cas d'obstacle. Nous avons aussi choisi l'option du remplissage de la machine par aspiration des produits phyto liquides ou en poudre depuis le sol, ce qui évite les éclaboussures et les inhalations. Détail également pratique, lorsque le manomètre indique que le filtre principal est engorgé, il suffit de tourner une manette pour en extraire les saletés. La récupération du produit, enfin, semble plus efficace. Nous comptons réduire les quantités pulvérisées de moitié. Sur un budget phyto d'un million d'euros par an, l'économie sera substantielle.

Cet article fait partie du dossier Pulvérisation confinée : toute l'offre du marché

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FRIULI / Drift Recovery

 PHOTOS : M. CAILLON

PHOTOS : M. CAILLON

- Pulvérisation : jet porté

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- Prix : 52 000 euros

IDEAL / Drop Save

- Pulvérisation : pneumatique

- Largeur interrang : 2 m à 3 m ; 2,30 à 3,50 m

- Poids à vide : 1 700 à 2 200 kg

- Prix : 45 000 à 53 000 euros

BERTONI /Arcobaleno

- Pulvérisation : jet porté

- Largeur interrang : 1,70 m à 2,80 m ; 1,90 m à 3 m ; 2 à 3,80 m

- Poids à vide : 1 880 à 2 500 kg

- Prix : 36 300 à 52 000 euros

RICOSMA / Zephir

- Pulvérisation : jet porté

- Largeur interrang : 2 m à 3,20 m

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L'essentiel de l'offre

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