Fondateur d'Atmansoft, SSII basée à Toulouse, Philippe Lenglet vient de publier Le Vin et son véritable prix de revient aux éditions Féret. Selon lui, trop peu de producteurs savent ce qu'ils gagnent ou perdent par étiquette et par millésime.
Pourquoi les viticulteurs sous-estiment-ils leur prix de revient ?
Philippe Lenglet : 90 % de nos clients dans le monde viticole pensent à tort que les prix de revient déterminés par les experts comptables sont les vrais. Or, ce sont des prix de revient fiscaux. Ils n'intègrent pas tous les frais commerciaux. Et surtout, ils ne tiennent pas compte des frais généraux non déductibles, comme la mutuelle de l'exploitant. Or, ceux-ci représentent entre 5 et 10 % du total des frais.
Selon vous, cette sous-évaluation est encore accentuée pour les vins vendus en vrac ou en bib...
P. L. : Effectivement. Dans le cas du vrac, on se base généralement sur le prix de revient fiscal auquel on n'impute aucun frais de commercialisation. Or, ce n'est pas parce qu'on vend une citerne en 10 minutes qu'il n'y en a pas. On impute ces frais uniquement aux ventes en bouteilles. On sous-évalue le prix du vrac et on surévalue celui des bouteilles. Dans le cas des bibs, la pratique courante consiste à ajouter au prix de revient fiscal à l'hectolitre, le prix du carton et celui du prestataire qui fait la mise. Là encore, cela ne suffit pas. Je constate aussi qu'on calcule les coûts commerciaux lorsque les produits sont vendus. Or, il faut les connaître dès la mise sur le marché.
Quel est le principal inconvénient de ces pratiques ?
P. L. : Vous ne savez pas précisément ce que vous gagnez ou perdez par étiquette et par millésime, alors que c'est fondamental pour définir une stratégie commerciale et de gestion. Il y a pourtant des outils à mettre en place sur Excel et, surtout, quelques progiciels fiables.