Modélisation L'Inra prévoit ce qu'il faudra planter dans trente ans

L'Inra de Pech Rouge (Aude) vient de présenter un outil pour savoir quoi planter, et où et comment conduire une parcelle dans trente ans.

LORS DE LA 7E JOURNÉE DES SCIENCES DE LA VIGNE ET DU VIN, le 30 avril à Montpellier (Hérault), Philippe Abbal, chercheur à l'Inra de Pech Rouge (Aude), a présenté un outil qui évalue l'aptitude d'une région à produire dans le futur du raisin de qualité. Le modèle de l'Inra calcule ainsi le potentiel qualitatif des vignes à partir de plusieurs variables regroupées au sein de cinq grandes catégories : zone géographique, propriétés physiques et chimiques du sol, système de culture et matériel végétal.

« Il nous indique où planter dans trente ans », affirme Alain Carbonneau, ex-professeur à Montpellier SupAgro. Le modèle permet de simuler l'impact du changement climatique en jouant sur trois paramètres : l'indice de sécheresse, l'indice de Huglin et l'indice de fraîcheur des nuits.

Philippe Abbal a pris pour exemples Montpellier et Palerme, en Sicile (Italie). Il a expliqué que d'ici trois décennies, le climat de Montpellier sera similaire à celui de Palerme. Aujourd'hui, à Montpellier, l'indice de sécheresse moyen est ainsi de -50 mm, celui de Huglin de 2336 et celui de la fraîcheur des nuits de 15,2 °C. En 2045, ils pourraient respectivement passer à -139 mm, 2528 et 19,3 °C, soit ceux de Palerme aujourd'hui. Philippe Abbal a appliqué ces valeurs à une syrah non irriguée, greffée sur du 140R, conduite en lyre sur un sol limoneux et peu argileux de pH 6,8, riche en nutriments et possédant une bonne profondeur utile. Dans les conditions actuelles, le modèle calcule un potentiel qualitatif de 0,89 sur 1 pour cette syrah soumise au climat de Montpellier, alors que ce potentiel n'est que de 0,11 pour la même plantation à Palerme.

Avec le réchauffement climatique, la parcelle montpelliéraine risque donc de subir un très fort recul de son potentiel qualitatif. En revanche, si on irrigue cette syrah, son potentiel passe de 0,89 à 0,98 à Montpellier et de 0,11 à 0,89 à Palerme. Et, dès aujourd'hui, le potentiel qualitatif palermitain atteint même 0,98 lorsque l'on plante cette syrah dans une zone où l'indice de fraîcheur des nuits est tempéré (entre 14 et 18 °C), qu'on l'irrigue et qu'on la vendange tardivement. D'après ce modèle, si on veut obtenir des syrahs de grande qualité à Montpellier dans trente ans, il faudra les planter dans des zones où les nuits sont tempérées, et qu'elles soient irriguées. Le modèle sera disponible fin 2015.