Portugal Coup de soleil. Un filet protecteur

Un domaine a testé un filet qui s'est avéré très efficace pour réduire les pertes de récolte dues à un très fort ensoleillement.

DANS LA RÉGION DU DOURO, dans le nord du Portugal, où sont produits le porto et des rouges secs de qualité, les conditions climatiques sont extrêmes. Les étés peuvent être torrides avec des températures supérieures à 40 ºC. L'effet est dévastateur sur les vignes exposées au sud, avec des « coups de soleil » qui peuvent détruire jusqu'à 30 %, voire 40 % de la récolte.

Pour y remédier, le domaine Vale do Meão (Alto Douro) a mené une expérience de 2010 à 2013. Il a posé un filet de polyéthylène (PEHD traité contre les UV) sur le côté exposé au soleil d'une vigne de 1 ha considérée comme une des meilleures de la région. Cette protection a permis de réduire la perte par desséchement des grappes de l'ordre de 30 %. Un succès pour cette expérience pionnière conduite sous la supervision de l'Université de Trás-os-Montes (Utad).

Pendant quatre années successives, les techniciens du domaine ont installé le filet, soit dès la floraison, soit à la véraison. « Il s'agissait de prouver que l'ombrage partiel de la vigne limiterait le desséchement des baies. Notre objectif était également de vérifier l'impact de cette protection sur la qualité de la récolte », explique l'ingénieur Rui Marquês, de l'entreprise portugaise Cotesi qui a fabriqué le filet Movprotect utilisé pour l'essai.

Ce filet se place sur le côté exposé plein sud, sur les deux tiers de la hauteur du feuillage. Chaque année, deux tests ont été menés parallèlement et comparés à l'absence de protection : l'ombrage de la floraison à la récolte et l'ombrage de la véraison à la récolte.

« Les résultats sont significatifs. Nous avons constaté une nette diminution de la superficie foliaire sous les filets de protection du fait d'un dessèchement des feuilles. Mais le plus intéressant est que la production moyenne a été de 2,1 kg par pied ombragé contre 1,5 kg pour les ceps non protégés », explique Manuel Oliveira, professeur à l'Utad. À la récolte, les baies sont plus grosses et plus lourdes. La protection est identique, que les filets aient été posés à la floraison ou seulement à la véraison. Les filets ont donc permis d'éviter les coups de soleil sur les grappes, les reportant sur les feuilles.

Par ailleurs, les baies protégées sont un peu plus riches en sucres, mais plus pauvres en anthocyanes. Selon l'oenologue de Vale do Meão, cela n'a pas remis en cause la qualité des vins.

Le filet a une durée de vie d'environ quinze ans et représente un investissement de 3 000 à 4 000 euros par hectare, pose comprise. « Sur un domaine comme celui de Vale do Meão, l'investissement est facile à amortir », estime l'ingénieur Rui Marquês.