Nos quatre confrères du service machinisme de l'hebdomadaire La France Agricole ont testé trente équipements de protection individuelle (EPI) : six masques, six paires de lunettes, neuf paires de gants, quatre tabliers et cinq combinaisons. La société Axe-Environnement a fourni la plupart de ces équipements. Les essais ont été réalisés dans l'Indre avec un pulvérisateur agricole traîné neuf, par 20 °C à l'ombre. Nos collègues experts ont testé tous les EPI à tour de rôle, seuls ou en combiné et, dans la mesure du possible, pendant 30 minutes. Très vite, certains se sont montrés inconfortables, voir incompatibles avec l'accomplissement des quatre tâches courantes pour l'application des produits phytosanitaires : préparer la bouillie, contrôler le contenu de la cuve, intervenir sur les buses pendant le travail et nettoyer l'appareil.
D'autres équipements, heureusement, offrent un confort acceptable et une protection efficace pour un coût raisonnable. Nos testeurs ont apprécié la simplicité et le prix modique des lunettes-masques anti-buée du catalogue d'Axe-Environnement. Elles s'associent fort bien au masque 3M 7500. D'un port confortable, ce dernier permet de respirer normalement par le nez, ce qui est assez rare. Nos collègues recommandent les gants à manches longues du catalogue, épais et très couvrants, ou le modèle NSK 24, également solide et confortable. Dans la catégorie gants à usage unique en nitrile, c'est le modèle Touch N Tuff 92-605 qui offre la meilleure protection. Enfin, le tablier Microchem 4000 et la combinaison Tyvek Classic Plus protègent efficacement le corps lors de la préparation de la bouillie, du lavage ou du traitement. Voici le détail de ce test.
Des lunettes-masques Simples et pas chères
Les quatre testeurs ont essayé six lunettes et visières et six masques. Deux sortent du lot : les lunettes-masques antibuée du catalogue Axe-Environnement d'une part, et le semi-masque 3M 7500 d'autre part. Associés, ces deux équipements offrent le meilleur compromis entre confort et protection.
Les testeurs ont préféré les lunettes-masques anti-buée (photo) à trois paires de lunettes classiques à montures, à une visière (Tuff Master) protégeant intégralement le visage et à un autre modèle de lunette-masque (Excela). Comme leur nom le suggère, les lunettes-masques sont un hybride mi-lunettes, mi-masque. Elles se règlent à l'aide d'un élastique et protègent la zone oculaire de tous les côtés contre les poussières et les liquides. Le modèle apprécié par les testeurs est compatible avec le port de lunettes de vue et du masque respiratoire 3M 7500, contrairement au modèle Excela. De plus, il est pourvu d'aérations qui empêchent la formation de buée sur la face intérieure. Épousant la forme du crâne, il présente, toutefois, un inconvénient : il appuie - plus ou moins selon les personnes - sur les tempes et le nez. Prix : à partir de 3 euros.
Le bilan
Avantages : très simples, avec une spécificité anti-buée.
Inconvénients : visibilité partielle, peu confortables.
Masque 3M 7500 Très confortable
Le masque respiratoire 7500 du fabricant 3M (photo) a fait l'unanimité. Il est léger et très confortable. La silicone qui assure son étanchéité est très souple. L'opérateur respire facilement et sans effort. La tension du masque se règle à l'aide d'un serre-tête qui enveloppe la partie arrière du crâne. Un second élastique s'ajuste et passe derrière la nuque. Les deux élastiques sont réglables en quatre points et autobloquants. Grâce à ce système, le port de ce masque laisse peu de marques sur le visage.
Les cartouches sont disposées des deux côtés du visage. Elles sont renouvelables et se démontent en un simple quart de tour. Pour la poussière, il faut ajouter des filtres par-dessus les cartouches. Prix : à partir de 72 euros.
D'autres modèles ont été testés par nos collègues. Le 6200, du même constructeur, ressemble à première vue au 7500. Il s'en distingue par ses cartouches plates et légères. Le masque est lui aussi léger mais un peu moins confortable et plus fragile que le 7500. Si le plastique est souple, le joint au niveau du menton, en revanche, est un peu raide.
Le masque Phyto 4255, de 3M également, est jetable. Les cartouches sont solidaires du reste de l'équipement. Une fois les filtres usés, il faut changer l'intégralité du masque. Ce modèle se fixe avec deux élastiques et un serre-tête. Il est confortable et permet de respirer facilement. Le plastique qui entoure le nez est volumineux. Avant d'acheter des lunettes, il vaut mieux éprouver leur compatibilité avec ce masque, dont nos collègues ont regretté le poids assez lourd.
Le masque Sanair Light est arrivé en dernière position. Commercialisé par Comasec, il se distingue par la fixation de ses cartouches. celles-ci s'acccrochent au masque par un pas de vis. Le masque, maintenu par deux élastiques et un serre-tête, épouse bien le nez et le visage. Il ne fuit pas. Mais il n'est pas très confortable. Le porter plus d'une demi-heure devient une épreuve. La respiration est difficile. Le masque laisse des traces sur le visage.
Le bilan
Avantages : très confortable, respiration fluide par le nez.
Inconvénients : filtre à poussière à ajouter.
Dupont Tyvek Classic Plus Une protection intégrale
Les testeurs ont enfilé les deux combinaisons Dupont Tyvek Classic Plus et Classic Expert. Les deux modèles, verts, se distinguent par leur niveau de protection. La combinaison Classic Plus, de type 4, est homologuée pour tous les types de phytos, contrairement au modèle Classic Expert, de type 5/6. Ce dernier protège seulement contre les poussières. Les deux modèles, d'apparence semblable, sont légers mais s'enfilent assez difficilement. Leur fermeture Éclair ne descend pas jusqu'en bas des jambes, comme sur certaines combinaisons de travail. Elle ne s'ouvre en effet que jusqu'à l'aine. Les deux combinaisons sont également assez fragiles. Avant même de s'en servir, les testeurs en ont endommagé une en essayant de l'enfiler avec des bottes. Leur capuche, en revanche, a fait l'unanimité. Très couvrante, elle ne gêne pas.
Conçu spécifiquement pour se protéger des produits chimiques, le modèle Classic Plus doit être privilégié. Il est à usage unique. Il s'ajuste et se referme à l'aide de fermetures autocollantes. Ces dernières assurent une étanchéité totale mais se déchirent lorsqu'on les retire. Ce qui est voulu. Étant hermétique, cette combinaison présente un inconvénient : c'est une étuve. Température relevée à l'intérieur lors du test : 30 °C alors qu'il ne faisait que 20 °C à l'extérieur ! En été, il est recommandé de se vêtir légèrement avant de la porter. Prix : à partir de 8,65 euros.
Signalons qu'en plus des deux modèles Tyvek, les quatre journalistes ont essayé un prototype de combinaison. Le test s'est révélé concluant. La tenue, fournie par Axe-Environnement, est dotée de deux fermetures Éclair qui descendent jusqu'en bas des jambes, comme sur une cote de travail. L'avant est étanche. L'arrière du prototype est en tissu avec un traitement déperlant et pourvu d'un système de ventilation dans le dos. La température relevée dans le vêtement n'a pas excédé 22 °C lors du test. La combinaison, encore en phase d'homologation, est destinée à remplacer les combinaisons intégrales ou l'ensemble tablier-combinaison de travail déperlante. Elle représenterait une solution intéressante pour inciter les agriculteurs et viticulteurs au port des EPI.
Le bilan
Avantages : légère, tête intégralement protégée.
Inconvénients : température élevée à l'intérieur, autocollants pour l'étanchéité.
Tablier Microchem 4000 Souple et couvrant
Les testeurs ont essayé quatre tabliers : le vert menthe, S-Protec ; le modèle gris Tychem F, fabriqué dans une matière semblable aux bâches des couvreurs ; le tablier jaune citron Phytosur, qui s'enfile comme une blouse ; et le modèle vert foncé Microchem 4000, celui qu'ils ont préféré.
Le Microchem 4000 est constitué d'une matière souple verte. L'opérateur qui le revêt éprouve la sensation de porter un textile confortable plutôt qu'une bâche rigide en plastique. Ce tablier s'enfile facilement. Il est aussi très couvrant. C'est le seul des quatre modèles testés qui protège le cou. La fermeture en Velcro s'ajuste bien au niveau de la nuque. Le système de double manche, serré par un jersey rouge sur la partie interne, est appréciable. Il ne marque pas la peau. Les bras sont protégés par deux couches de tissu entre lesquelles le gant vient s'insérer. L'équipement a toutefois deux inconvénients. Il est un peu long. La montée et la descente de la marche, pour accéder au niveau du trou d'homme, peuvent s'avérer périlleuses. Et la couture de la ceinture a commencé à céder après plusieurs manipulations. Ce tablier, enfin, coûte cher : à partir de 29 euros l'unité.
Presque deux fois moins cher, le modèle S-Protec est le plus économique du test. Il est facile à enfiler. L'opérateur peut le découper pour l'ajuster à sa taille et enfiler des gants sans souci. Mais, gros bémol, il est rigide, inconfortable et protège mal le cou.
Le tablier Phytosur, quant à lui, s'enfile comme une blouse et se ferme dans le dos à l'aide de quatre Velcro. Problème, ces derniers sont difficiles à bien mettre en place sans aide extérieure. Autre défaut, la matière du tablier, pourtant souple et légère, empêche d'enfiler correctement des gants en nitrile par-dessus les manches. Le Phytosur s'avère toutefois confortable mais il protège moins bien le cou que le Microchem.
Le Tychem F, enfin, n'a pas convaincu. Solide, il protège efficacement l'opérateur. Mais sa matière - une bâche froissable et bruyante - le rend désagréable à porter. Autre défaut, il n'existe qu'en deux tailles S-M et L-XXL.
Le bilan
Avantages : à la fois solide et confortable.
Inconvénients : ne convient pas aux manchettes longues, trop long.
Gants à manches longues Les bras au sec
Les testeurs ont enfilé neuf paires de gants en nitrile : six épais et trois fins. Parmi elles, trois leur ont plu. La paire de gants bleus à manches longues du catalogue Axe-Environnement arrive en tête. Elle peut s'enfiler au moins jusqu'au-dessus du coude. La manche protège une grande partie, voire la totalité du bras. L'élastique, au bout de la manche, assure un bon maintien sur le bras. Avec ce gant, assez fin, le poignet garde sa souplesse. La manipulation des bidons reste aisée. Deux bémols toutefois, la main manque un peu de sensibilité pour l'ouverture des opercules. La manche peut aussi se montrer gênante pour les petits opérateurs : elle est tellement longue qu'elle peut remonter jusqu'à l'aisselle. Prix : à partir de 17,25 euros la paire.
Le modèle bleu NSK 24 a également été apprécié par les expérimentateurs. Ce gant épais est plus court que le précédent. Il remonte jusqu'au milieu de l'avant-bras. Garni d'un tissu intérieur, il est agréable à porter. Son revêtement rugueux en surface permet une bonne préhension des objets. Cependant, il est moins commode que le précédent pour des tâches délicates, comme ouvrir un sachet de buses. Autre point à signaler, le gant NSK 24 taille petit. L'écart entre les tailles 9 et 10 est très grand. Une taille intermédiaire serait appréciable.
Enfin, dans la catégorie des gants fins en nitrile à usage unique, nos testeurs recommandent l'Ansell Touch N Tuff 92-605. Ses avantages sont multiples. Ils sont pourvus de manchettes longues qui protègent efficacement la main et le poignet. Ce sont les gants idéaux pour intervenir sur des buses humides sans risquer de faire ruisseler le produit sur l'avant-bras. Ce modèle est aussi confortable et hyper-résistant. Les gants, par ailleurs, ne sont pas poudrés. Ils ne glissent pas dans la main. La paume reste toujours protégée. Seul bémol, l'ourlet de bord des manchettes est un peu serré pour les avant-bras musclés. Prix : 19 euros la boîte de 100 gants.
Le bilan
Avantages : enfilage facile, offrent une bonne protection.
Inconvénients : peu adaptés aux petits gabarits, sensibilité limitée