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événement - MALADIES : Au coeur de 3 points chauds

Oïdium en Bourgogne Une lutte sans relâche

CÉDRIC MICHELIN - La vigne - n°277 - juillet 2015 - page 8

Le 30 juin, l'oïdium déjà présent sur les feuilles était en train de passer sur les grappes.
GÉRAUD-PIERRE AUSSENDOU, 130 ha en Côte-d'Or.

GÉRAUD-PIERRE AUSSENDOU, 130 ha en Côte-d'Or.

Les modèles sanitaires l'avaient prédit. En Bourgogne, la pression de l'oïdium est « très forte depuis le début de la campagne », excepté dans l'Yonne. En Côte-d'Or, on compare cette campagne à celles de 1998, 2004 ou 2012. Idem en Saône-et-Loire. « La dynamique a été très précoce et très forte », résume Pierre Petitot, de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or.

Le 30 juin, dans les vignes, la situation se dégradait. « 65 % des parcelles demeurent saines, contre 80 % la semaine dernière », alertait le BSV Bourgogne. Plus préoccupant : l'oïdium déjà présent sur les feuilles passait sur les grappes ayant la taille d'un pois. « Il ne faut pas se relâcher », conseillaient alors tous les techniciens qui, d'ailleurs, avaient tiré la sonnette d'alarme très tôt.

Avec 130 ha et 400 parcelles réparties sur la côte de Beaune et la côte de Nuits, Géraud-Pierre Aussendou, de la Maison Bouchard Père & Fils, à Beaune, les a entendus. Il a donc effectué son premier traitement dès le stade 4-5 feuilles étalées (soit les 6-7 mai). « L'an passé, on a connu quelques problèmes. Nous n'avons pas eu d'hiver rigoureux et, depuis le début de la campagne, souffle un vent séchant du nord. Des conditions favorables au parasite. Même si on ne voyait rien sur les feuilles, on n'a pas joué petit bras. Cela nous a permis de repousser l'attaque », assure-t-il. Mais il ne crie pas victoire car rien n'est encore gagné à ce stade. Il mène donc une lutte sans relâche. « Nous avons raccourci les cadences et nous passons tous les dix jours, avec du soufre sous forme liquide dans la mesure du possible. » Et, dans ses 25 ha conduits en bio mais non certifiés, il effectue des poudrages plus fréquents. « Ainsi, on a souvent de meilleurs résultats en bio. Là, on va attaquer notre sixième traitement. » De plus, le négociant a été très attentif à son matériel de pulvérisation - facteur clé cette année - et aux réglages des buses pour « aller au coeur de la grappe ». Au préalable, il a enlevé les entrecoeurs pour que les grappes soient bien aérées.

Autre point : l'oïdium se montre virulent sur les deux cépages bourguignons. Si le chardonnay est connu pour être très sensible à la maladie, ce n'est pas le cas du pinot noir où les symptômes sont plutôt rares. Mais depuis trois à quatre ans, les dégâts sur ce cépage sont en recrudescence. Du coup, les vignerons de la côte de Beaune - qui cultivent les deux variétés - ont préparé leurs bouillies en conséquence.

À l'inverse, leurs collègues de la côte de Nuits - encépagée presque uniquement en rouge et donc moins habitués - ont pu se faire surprendre. « Nous renforçons nos protections sur certains secteurs où nos voisins ont des dégâts », explique Géraud-Pierre. Toutefois, il ne les juge pas car il sait que l'oïdium est « sournois ». Pour l'heure, une question demeure : quelles vont être les conséquences de la vague de chaleur sur l'évolution de la maladie ? Les avis divergent...

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