« Dès que le gamaret a été inscrit au catalogue, en 2008, j'en ai planté, indique Vincent Audras, à la tête du Clos de Haute-Combe, à Juliénas (Rhône). Je suis très content de ce cépage, excepté cette année où j'ai découvert qu'il ne supportait pas bien la sécheresse. Il a en effet perdu beaucoup de feuilles et a eu du mal à mûrir. »
En 2008, Vincent Audras a planté 1 500 m2 de gamaret, puis 2 000 m2 supplémentaires il y a deux ans. Ce cépage n'occupe donc qu'une petite partie de ses 13 ha, mais une place à part dans son offre. « Tous les clients qui en ont goûté en redemandent, assure-t-il. Lorsqu'on le vendange tard, il donne des vins très soyeux, d'une grande finesse, que l'on peut comparer à de très belles syrahs. » Il vend son gamaret en vin de France à 11 €/col, plus cher que son juliénas d'entrée de gamme, qui vaut 8 €/col.
À Régnié-Durette (Rhône), au Château de Durette, Marc Theissen se montre tout aussi élogieux envers ce cépage, obtenu par la station de recherche de Changins, en Suisse, à partir d'un croisement entre le gamay et le reichensteiner. Comme Vincent Audras, il en a planté dès 2008, ayant eu écho de ses résultats en Suisse. « Nous avons de très bons retours de nos clients, se réjouit-il. Le gamaret a plus de corps et de rondeur que le gamay. Et il est intéressant à cultiver. Il produit plus les mauvaises années et est bien moins sensible à la pourriture grise, au mildiou et à l'oïdium. Je suis impatient de le voir entrer dans l'encépagement du Beaujolais. Il apportera de la finesse et de la complexité. »
En 2017, peut-être. Le programme d'expérimentation du gamaret, qui vise à le faire entrer à hauteur de 10 % dans les AOC Beaujolais, Beaujolais-villages et dans les crus, sera alors terminé. L'Inao pourra ainsi trancher sur cette demande d'introduction faite en 2013 par les ODG.
Mais déjà, cela semble bien parti pour le gamaret. « Comme il est résistant au botrytis, on peut le récolter à maturité optimale, observe Valérie Lempereur, de la Sicarex Beaujolais, l'organisme chargé des essais. Il est naturellement riche en polyphénols. On extrait beaucoup de couleur sans traitement physique. En dégustation à l'aveugle, il est perçu comme soyeux et peu agressif. Assemblé au gamay à hauteur de 10 %, il respecte le profil des produits tout en apportant de la couleur. »
À Vauxrenard, Guillaume Blanchet espère que la décision sera favorable. Installé en 2013, il cultive une parcelle en altitude où le gamay mûrit difficilement. « Les vins n'y ont jamais la structure qu'ils ont en bas des coteaux. Un peu de gamaret leur donnerait du corps. »