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DOSSIER - Les Français retrouvent le goût du vin

Trois initiatives qui portent leurs fruits

CHANTAL SARRAZIN - La vigne - n°281 - décembre 2015 - page 25

Interprofessions, syndicats et vignerons engagent des actions en direction des jeunes et des femmes. Et ça marche !
COURS DE DÉGUSTATION à l'École du vin de Bordeaux. © P. ROY

COURS DE DÉGUSTATION à l'École du vin de Bordeaux. © P. ROY

BORDEAUX

Une école du vin qui fait le plein

Onze milles étudiants formés en trois ans dont huit au cours de l'année scolaire 2014-2015 : l'École du vin de Bordeaux ne chôme pas ! En 2011, elle a lancé le Campus : une offre de formation réservée aux étudiants. À leur demande, des formateurs se déplacent dans les grandes écoles et universités pour présenter le vignoble bordelais et les initier à la dégustation. L'expérience, d'abord menée à Bordeaux, s'est étendue au reste du territoire et s'est enrichie cette année.

« Les étudiants sont motivés !, s'enthousiasme Caroline Charpentier, chargée de développement au sein de l'école. Cette année, nous avons étoffé notre offre pour répondre à leurs demandes. » L'école vient donc d'ajouter des ateliers sur les accords mets et vins, le service et les arômes des vins, la différence entre les bordeaux de la rive droite et ceux de la rive gauche...

Toujours depuis 2011, pour 15 euros, elle emmène les étudiants pendant une demi-journée visiter les installations de deux propriétés, avec une séance de dégustation. Encore un succès : cette année-là, la fréquentation de l'école a progressé de 40 %.

VAL DE LOIRE

Des randonnées pour les jeunes couples

De son côté, InterLoire a rajeuni la clientèle de la manifestation Vignes, Vins et Randonnées en Val de Loire. Onze milles personnes y participent tous les ans. « Les couples de moins de 35 ans sont plus nombreux à venir, indique le responsable de la communication d'InterLoire. Nous avons perçu leur intérêt pour la balade. L'an dernier, nous avons donc mis en place des parcours "famille" de 3 km au lieu de 8, pour les jeunes couples ayant des enfants en bas âge. » Les vignerons accompagnateurs adaptent leurs explications à cette cible. Ils distribuent aux enfants des sacs à dos avec des kits pédagogiques sur la vigne. Une démarche qui a rempli de satisfaction les parents.

COSTIÈRES DE NÎMES

Un univers moderne et féminin

Le syndicat des Costières de Nîmes a su parler aux femmes. Il y a huit ans, il a introduit le rose dans ses messages de communication. Depuis 2013, il habille aussi de rose le crocodile, symbole de Nîmes, reproduit sur ses supports. « Nous avons imposé un univers moderne et féminin qui a plu aux femmes, estime Nicolas Ponzo, le directeur. Elles sont moins attachées aux codes traditionnels du vin que les hommes. » D'ailleurs, la moitié des fans de la page Facebook des costières-de-nîmes sont des femmes. « Sur les pages des autres appellations, il y a deux tiers d'hommes pour un tiers de femmes. »

Les femmes sont aussi en force dans la CrocoTeam, une communauté d'ambassadeurs lancée sur Internet en 2014 par l'ODG. Elles représentent les deux tiers de ses membres. Ceux-ci peuvent participer à des événements concoctés par le syndicat comme des cours de dégustation, des rencontres avec des vignerons... Une soirée spéciale CrocoTeameuse a même été organisée en octobre. chez Gard Ô Vin, un bar à vins tenu par deux jeunes femmes, où deux vigneronnes de l'appellation leur ont présenté leurs cuvées. Elles ne demandent qu'à renouveler l'expérience.

Le Point de vue de

Boris Desbourdes, domaine de la Marinière, à Chinon (Indre-et-Loire)

« Avec Facebook, j'ai retrouvé mes amis du lycée »

 © KOEPHOTOGRAPHY

© KOEPHOTOGRAPHY

Un quart des clients de Boris Desbourdes, vigneron à Chinon (15 ha, 80 % en AOP Chinon), ont moins de 35 ans. Depuis son installation en 2008, la clientèle du domaine familial de la Marinière a sacrément rajeuni. « Les générations de clients suivent les générations de vignerons ! », sourit le jeune homme de 29 ans. Dès 2009, il choisit de s'impliquer activement sur les réseaux sociaux, médias incontournables auprès des jeunes. Il crée une page Facebook à son nom et une page dédiée au domaine. Elle compte aujourd'hui plus d'un millier de fans ! Or, au-delà de cinq cents adeptes, une page Facebook est considérée comme réputée. « J'ai entamé cette démarche pour reprendre contact avec mes amis de lycée, explique-t-il. La plupart d'entre eux ignoraient que j'avais repris l'exploitation. J'ai pu rapidement les retrouver sur Facebook. » Depuis, ces derniers lui achètent du vin ! Mieux, ses ex-copains d'école lui ont présenté leurs amis qui sont à leur tour devenus des clients. En plus de Facebook, Boris Desbourdes est aussi inscrit sur Twitter et possède un compte Instagram. « J'y poste des photos presque tous les jours, raconte-t-il. C'est comme un album de famille du domaine. » Grâce à ces images, les jeunes ont une idée moins élitiste et moins vieillotte du métier de vigneron. « Ils voient qu'on est comme eux ! », observe le vigneron.

Cet article fait partie du dossier Les Français retrouvent le goût du vin

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