« Cela fait déjà un ou deux ans qu'à Paris le marché se tasse en CHR, observe Pierre Clément, du domaine de Chatenoy, à Menetou-Salon, dans le Cher. Mais à partir du 15 novembre, il y a eu comme un coup d'arrêt. » Proche de la région parisienne, le viticulteur est bien implanté dans le circuit traditionnel de la capitale. Il y a observé ces dernières semaines, après les attentats meurtriers du 13 novembre, une frilosité dans les commandes : « Cela n'a rien de catastrophique, mais l'ambiance s'est alourdie. »
Présente à Paris les 4 et 5 novembre pour l'événement « Blaye au comptoir », Nathalie Feydieu, du domaine Le Taillou, n'a pas souffert de ces attentats. « L'opération était terminée. Nos commandes étaient honorées. Mais le restaurateur avec lequel je travaille en direct à Paris m'a confirmé que c'était devenu difficile après le 13 novembre. » Alain Fontaine, ce restaurateur, tient Le Mesturet dans le 2e arrondissement. Il est membre du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs. À Paris, « dans les brasseries où l'on consomme beaucoup de vin, la baisse du chiffre d'affaires varie de 16 à 25 % par rapport à une fin d'année normale, explique-t-il. Dans les restaurants gastronomiques, cette baisse atteint jusqu'à 40 %. Les touristes ont boudé la capitale. Les hôtels ont ainsi enregistré entre 30 et 60 % de recul. Pas étonnant que les viticulteurs sentent un repli... »
C'est la première fois qu'Alain Fontaine subit une diminution de son chiffre d'affaires sur les deux mois de l'année les plus importants. « De fait, j'ai commandé moins de vin... Pour le beaujolais nouveau, par exemple, j'ai acheté 500 bouteilles au lieu des 700 habituelles. Mais il y aura un rebond au printemps, assure-t-il. Les réservations en hôtellerie semblent prometteuses. 2016 sera une très belle année ! »