Le 31 octobre 2015, Sancerre, ses collines, son piton et ses caves ont déposé une candidature pour être inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Catherine Corbeau-Mellot, coprésidente du BIVC, est consciente que c'est le début d'un long chemin, « mais ce classement constituerait un vrai plus pour le tourisme, d'abord pour Sancerre, mais également pour les appellations environnantes ».
Heureusement, en matière de tourisme, le vignoble n'a pas attendu cette candidature pour se mobiliser. Il a ainsi mené à terme plusieurs autres projets. Catherine Corbeau-Mellot constate que « toutes les appellations se bougent déjà pour faire parler d'elles et attirer le touriste dans la région ».
Sancerre mène la course, avec, chaque année, de 300 000 à 350 000 visiteurs. Premier passage incontournable : la Maison des Sancerre. Pour fêter ses 10 ans, en juin 2015, celle-ci a présenté sa toute dernière scénographie en quatre dimensions. D'après Denis Roumet, son directeur, l'année écoulée a été couronnée de succès, avec 5 % d'augmentation du nombre d'entrées payantes.
L'office de tourisme y met également du sien en multipliant les initiatives originales. En 2014, il a, par exemple, lancé des soirées de dégustations « Sunset and Wine », dans le vignoble, en présence du vigneron, avec pour toile de fond le coucher de soleil. D'après Nicolas Jean, le directeur de l'office de tourisme, « l'idée est d'amener le visiteur dans les vignes et de créer des liens privilégiés avec un viticulteur ». Dès 2016, les touristes auront aussi la possibilité de parcourir les vignes en Segway. La ballade se clôturera, bien sûr, par une dégustation.
Dans la région, un tiers des visiteurs sont étrangers. Les Anglais arrivent en tête, suivis des Néerlandais, Belges, Allemands et Américains. « Les Belges sont passionnés par les vins de Sancerre et repartent toujours le coffre rempli de bouteilles », constate Nicolas Jean. Parisiens, Bourguignons et locaux complètent le panel.
À Pouilly-sur-Loire, la nouvelle présidente du syndicat viticole, Katia Mauroy-Gauliez, se réjouit de voir que la fréquentation de la Tour du Pouilly-Fumé, un centre de découverte du vignoble ouvert depuis 2010, progresse. D'après Alain Guntz, son directeur, lors de sa première saison complète, en 2011-2012, la Tour a enregistré 3 500 visiteurs payants. Cette année, ils étaient plus de 4 000.
À la fin du parcours, les touristes dégustent un pouilly-sur-loire et trois pouilly-fumé. En fonction du vin qu'ils ont préféré, ils sont orientés vers un producteur - si celui-ci est disponible - ou vers la boutique. L'espace fédère ainsi une soixantaine de viticulteurs sur la centaine qui font de la vente directe dans l'AOC. « À tour de rôle, ils prennent en charge des visites de vignobles et diverses animations. » En outre, les vignerons se relaient et font déguster leurs propres vins les dimanches et jours fériés, de mai à la Toussaint.
Fin 2015, les destinations Quincy, Reuilly et Menetou-Salon ont été labellisées Vignobles & Découvertes. Cette distinction d'Atout France devrait soutenir cette bonne dynamique. D'autant plus que Sancerre, Pouilly-Fumé et les Coteaux du Giennois doivent suivre. Pour Jean Tatin, producteur de Quincy et de Reuilly au Tremblay et vice-président du syndicat de Quincy, « ce label va favoriser le développement des circuits courts entre les producteurs et les consommateurs. »
D'autres projets vont se concrétiser. Le 6 août 2016, l'appellation Quincy fêtera ses 80 ans. Pour l'occasion, le syndicat viticole va inaugurer un labyrinthe de vignes. Autour de huit alvéoles, le visiteur découvrira l'évolution des manières de cultiver la vigne depuis deux millénaires.
Pour Katia Mauroy-Gauliez, « l'éclaircissement de la loi Évin, en facilitant la communication, va encore accentuer la fréquentation touristique ».
13 200
C'est le nombre de visiteurs à la Maison des Sancerre en 2015. Une fréquentation en hausse de 5 % par rapport à 2014.
Source : Maison des vins de Sancerre.
ÇA POURRAIT ALLER MIEUX...
- Les producteurs de Sancerre ont toutes les peines du monde à obtenir l'assurance que les plantations nouvelles resteront encadrées avec la nouvelle réglementation qui entre en vigueur cette année. Ils ne veulent pas de plantation de sauvignon ou de pinot noir à proximité de leur aire d'appellation, craignant un détournement de notoriété. Mais la réglementation ne permet pas d'interdire la plantation d'un cépage en particulier.
- Catherine Corbeau-Mellot regrette les difficultés de recrutement que connaît le secteur. « Il est difficile de trouver des gens qui ont envie de s'investir dans le métier. Du coup, les domaines emploient des travailleurs étrangers alors qu'il y a des jeunes inactifs dans la région. »
- Depuis deux ou trois ans, les cours augmentent, portés par les États-Unis. Emmanuel Charrier, coprésident du BIVC, aimerait désormais qu'ils se stabilisent, surtout en sancerre et en pouilly-fumé, pour éviter de déréguler les marchés.