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ACTUS - RÉGIONS

Vallée du Rhône Le blues du bio

MICHÈLE TRÉVOUX - La vigne - n°283 - février 2016 - page 11

La viticulture bio recule sous l'effet de la chute des cours et des difficultés à maîtriser le black-rot et la flavescence dorée.
Yves Favier, président de l'ODG Ventoux.

Yves Favier, président de l'ODG Ventoux.

La production d'AOC Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône village bio est tombée à 184 800 hl en 2015 contre 245 500 hl en 2014. Les surfaces déclarées en bio reculent de 1 200 ha. Seuls 4 451 ha ont été déclarés cette année en bio contre 5 657 l'an dernier. Et la tendance pourrait bien se poursuivre.

« Cette année nous avons encore produit 12 000 hl en bio, mais nous avons huit à neuf grosses exploitations qui repassent en conventionnel. Notre production bio va tomber à 6 000 hl. On ne pourra pas fournir tous nos clients », confie Jean-Pierre Andrillat, directeur de la cave de Villedieu Buisson (Vaucluse), producteur historique de vins bio dans la vallée du Rhône.

Ce brusque retournement de tendance tient à la virulence des attaques de black-rot et à l'explosion de la flavescence dorée dans le secteur. Deux fléaux face auxquels les viticulteurs bio se sentent démunis.

Le rapprochement des cours entre conventionnel et bio est un autre facteur de découragement. En 2010, au plus fort des conversions, le côtes-du-rhône bio rouge s'échangeait à 200 €/hl alors que le conventionnel peinait à atteindre les 100 €/hl. Aujourd'hui, le bio se valorise entre 160 et 170 €/hl, soit un écart de seulement 20 à 30 € avec le conventionnel.

« Nous manquons de metteurs en marché spécialisés ou fortement impliqués dans le bio », analyse Sylvie Reboul, responsable de la communication du syndicat de l'AOC Côtes-du-Rhône.

La cave de Bédoin, dans le Ventoux, souffre aussi de cette difficulté à commercialiser sa production bio. « Nous avons 150 ha en bio mais nous n'en vinifions qu'un quart en bio car nous n'avons pas les marchés pour en vendre plus », témoigne Yves Favier, le président. Cette année, comme deux autres coopérateurs, il repasse en conventionnel pour pouvoir traiter ses vignes contre le black-rot. « Je vais continuer à travailler le plus bio possible, mais je ne veux pas pendre le risque de perdre une récolte, d'autant plus que la valorisation n'est pas assurée », lâche-t-il.

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