Pascal Roux, 26 ans, et Mathias Cauvin, 36 ans, ont tous deux bénéficié du dispositif d'aides à l'installation des jeunes concocté par Uvica-Vignerons Ardéchois. Le premier en a profité pour s'installer en 2014, en EARL, aux côtés de son père. Le second pour reprendre, la même année, l'exploitation de son beau-père en fermage, soit 11 ha en IGP Ardèche, à Lavilledieu (Ardèche).
« Il est difficile, voire impossible, de s'installer en viticulture quand on démarre de zéro, observe Mathias Cauvin, qui a abandonné son métier de chauffeur-livreur pour devenir vigneron. Et c'est encore plus dur de créer sa propre cave ! » Il a donc adhéré à la coopérative de Montfleury, l'une des caves membres des Vignerons Ardéchois, pour bénéficier des aides offertes par le groupe. « Je les ai toutes obtenues, excepté celles portant sur les achats de vigne, précise-t-il. J'ai déposé ma demande courant 2014 et j'ai perçu les aides six mois plus tard ! »
Mathias Cauvin a ainsi obtenu une prime de 100 €/ha exploité pour son installation. Et une aide au paiement du fermage : 450 €/ha la première année, 350 €/ha la seconde, 250 € la troisième et 150 €/ha la quatrième et dernière année du dispositif. La cave a également pris en charge 80 % de la partie non subventionnée de son assurance récolte. Ce taux diminuera à 60 % cette année, puis 40 et 20 %, au cours des deux années restantes. En 2014, la coopérative lui a ainsi « offert » 6 850 €, car ces aides ne sont pas remboursables.
Enfin, le jeune vigneron s'est vu octroyer une avance sur le règlement de la récolte 2014. « J'ai touché le premier acompte en octobre 2014, au lieu de février 2015, indique-t-il. Une véritable bouffée d'oxygène ! »
En 2015, il a agrandi son exploitation de 2 ha pour la porter à 13 ha. Il a donc demandé une nouvelle aide au fermage à la cave sur 1 ha. Le programme d'Uvica est en effet plafonné à 12 ha pour une durée de quatre ans. En contrepartie, il s'est engagé à apporter ses raisins à la cave coopérative pendant neuf ans, la durée d'un bail de fermage.
« Un juste retour des choses », estime Pascal Roux, adhérent à la coopérative de Beaulieu, qui « remercie du fond du coeur la coopérative de l'avoir soutenu ». En 2014, il a repris 12 ha d'IGP Ardèche en fermage à un viticulteur désireux d'arrêter son activité. « L'aide au fermage a presque intégralement couvert le loyer et m'a permis de m'installer sur l'exploitation familiale en EARL avec mon père », se félicite-t-il. Quant au propriétaire des vignes, il a reçu des Vignerons Ardéchois une dotation de 100 €/ha cédé. Contrairement à Mathias Cauvin, Pascal Roux n'a pas demandé le règlement anticipé de sa récolte. C'est son père qui lui a fait l'avance.
« Nous avons mis en oeuvre ce plan d'action en janvier 2014, indique Claude Satgé, chargé de mission installation des jeunes. Nous l'avons appliqué avec effet rétro-actif aux jeunes qui se sont installés en 2012 et en 2013. »
Ils ont été 21 à en profiter au cours des quatre dernières années, dont huit rien qu'en 2015. Ce qui représente 170 ha. Les Vignerons Ardéchois espèrent convaincre d'autres recrues. « Nous avons perdu 20 % de notre superficie au cours des dix dernières années, pointe Claude Satgé. Aujourd'hui, il est capital de maintenir notre potentiel de production aux alentours de 410 000 hl et d'atteindre 450 000 hl dans les années à venir. » En effet, plus les volumes vinifiés diminuent, plus les charges à l'hectolitre augmentent et affectent le revenu des coopérateurs. « Ces dernières années, la valeur de nos vins à Uvica a progressé, mais les caves n'ont pas complètement répercuté cette hausse sur leurs adhérents en raison de la hausse des coûts de vinification », déplore Claude Satgé. En outre, Uvica a dû freiner son développement par manque de vins. Elle en appelle aux jeunes pour trouver un nouvel élan.
Un budget de 100 000 € par an
En 2014, Uvica-Vignerons Ardéchois, qui a réalisé 52,7 millions d'euros de chiffre d'affaires, a dégagé un budget de 100 000 € pour soutenir l'installation des jeunes. Les coopérateurs ont voté cette enveloppe à l'unanimité car ils savent qu'il faut maintenir le potentiel de production pour éviter la hausse des frais de vinification. Sur les 100 000 €, l'union a utilisé 40 000 €. En 2015, elle a reconduit le même budget, sur lequel il a dépensé 60 000 €. « Nous allons poursuivre à ce rythme », confie Claude Satgé, chargé de mission installation et gérant de la cave des Vignerons des Gorges de l'Ardèche, adhérente à Uvica, qui consacre une journée par semaine pendant dix mois par an au dossier des jeunes.