Diversifier son exploitation en blanc. Voilà l'objectif poursuivi par Olivier Martin, adhérent à la coopérative d'Irouléguy. « La coopérative manque d'irouléguy blanc, soutient-il. Elle est régulièrement en rupture dans cette couleur. » En 2011, au départ à la retraite de son père, il reprend l'exploitation familiale. Il a 34 ans et un autre métier, commercial en matériel de cuisine.
« Mes parents étaient viticulteurs, mais je ne m'étais pas destiné à leur succéder, dit-il. Car, lorsque j'ai fait mes études, la viticulture régionale n'était pas florissante. Puis, le contexte économique de l'appellation a changé. Avec 4,5 ha classés en Irouléguy, on vit très correctement. C'était la taille du vignoble de mon père. »
Mais ce dernier ne produisait que du rouge (tannat, cabernet franc, cabernet-sauvignon). Olivier Martin y a remédié. Depuis l'an passé, son exploitation compte 2,5 ha supplémentaires. C'est sur cette superficie qu'il a introduit des cépages blancs. Du gros manseng pour moitié, du petit manseng à hauteur de 35 %, ainsi que du petit courbu (15 %). Avant de se lancer, il avait exposé son projet à la cave dès 2011.
La parcelle appartenant au portefeuille familial est en friche. Les travaux à entreprendre sont colossaux. Et l'investissement conséquent : 30 000 €/ha, plantation et terrassement compris. « Ce montant est lié à la configuration exceptionnelle de ce vignoble, explique Olivier Martin. Il s'agit d'un coteau en pente raide, autrefois planté. Il a fallu restaurer toutes les terrasses. » Il a réalisé ce chantier au premier trimestre 2013. Les plantations ont suivi. Une première tranche de 1,76 ha au printemps 2014, la seconde de 82 ares en 2015.
La coopérative l'a soutenu. « Nous aidons les jeunes à s'installer et, une fois qu'ils le sont, à conforter leur installation, annonce Nadine Gaz-tambide, la directrice générale. C'est ce qui s'est passé avec Olivier. »
Celui-ci a bénéficié d'une aide à la plantation de 1 500 €/ha, sous forme d'un prêt à 0 %. Il commencera à le rembourser dans les trois ans suivant la plantation, et pendant une durée de trois ans. « C'est intéressant, observe-t-il. Je peux attendre que la vigne entre en production. Ce qui sera le cas cet automne. » S'y ajoute une aide complémentaire forfaitaire de 3 800 €/ha, non remboursable, accordée à condition de s'engager pour quinze ans à la coop.
Ces deux aides ont couvert l'achat des plants et une partie du palissage. Olivier Martin a également bénéficié de la prime à la restructuration du vignoble allouée par FranceAgriMer. Il ne l'a pas encore perçue dans son intégralité. « J'attends l'aide au palissage de 2014, et l'aide à la plantation de 2015, détaille-t-il. Il m'est donc encore difficile de savoir, précisément, à quelle hauteur elle va combler l'investissement. »
Par ailleurs, la coopérative lui a apporté des conseils techniques. Elle lui a suggéré d'établir des terrasses étroites, pour planter à 3 400 pieds/ha et de préserver quelques murs en pierres sèches pour conserver l'authenticité du vignoble. Sans cet appui, Olivier Martin n'aurait pas sauté le pas. D'autant qu'il a dû investir dans du matériel spécifique pour travailler ces nouvelles parcelles : un tracteur vigneron adapté aux pentes, des outils interceps, une herse rotative... Mais, la cave ayant besoin de blanc, elleoctroie une prime de 5 % au petit manseng et au petit courbu. Un coup de pouce de plus pour Olivier Martin.
Une tournée dans les lycées agricoles
« Nous allons nous rendre dans les lycées agricoles de la région, pour présenter la viticulture d'Irouléguy et les aides que nous apportons aux jeunes », annonce Nadine Gaztambide, directrice générale de la cave d'Irouléguy. La cave souhaite rajeunir la pyramide des âges de ses adhérents, mais elle a surtout besoin d'augmenter son potentiel de production. Elle manque de vins pour satisfaire la demande. Dans la région, ce n'est pas l'urbanisation qui concurrence la vigne, mais l'élevage, archi-dominant. « Nous voulons démontrer aux jeunes que la viticulture, c'est aussi de l'agriculture, insiste la responsable. Et, qui plus est, rentable ! » L'aire d'appellation Irouléguy recouvre 1 325 ha dont 240 ha seulement sont plantés. « Si nous pouvions atteindre 500 ha, nous serions ravis », estime la responsable.