« C'est simple, admet Olivier Videau, coopérateur à Univitis. Sans le portage du foncier, je n'aurais pas pu m'installer ! » Âgé de 35 ans, il a concrétisé son projet d'installation en 2013, date à laquelle il est devenu adhérent de la coopérative Univitis en Gironde. Avant cela, il était salarié chez un viticulteur, tout en exploitant en fermage 4,4 ha dont il livrait la récolte à deux autres coopératives auxquelles il adhère toujours.
À l'époque, cette situation ne lui convient pas car il veut se mettre à son compte. Comme Univitis propose des aides aux jeunes qui veulent rejoindre ses rangs, il postule. La coopérative lui présente un viticulteur partant à la retraite et libérant 7,15 ha de vignes en AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur, autour de 15 000 €/ha. Olivier est intéressé, mais n'a pas les fonds pour investir. Univitis le met alors en contact avec la Safer Aquitaine Atlantique, qui porte du foncier depuis 2012. La Safer achète des terres qu'elle met à la disposition d'un agriculteur durant cinq ans. En contrepartie, ce dernier lui verse un loyer. Les collectivités, la région et le département prennent en charge les frais financiers liés à l'opération. « Nous avons mis en place cet outil pour aider les jeunes agriculteurs à s'installer, dans le cadre familial ou en dehors », expose Hélène Dumas, la conseillère. Olivier Videau en a bénéficié. « La Safer a acquis les 7,15 ha de vignes. Je les rachèterai en 2018. En attendant, je lui verse 6 000 €/an de loyer. Ces loyers seront déduits du prix de vente. Ils ne sont donc pas perdus ! », explique Olivier, qui prévoit de contracter un crédit pour effectuer cet achat. « J'aurai alors un fonds de roulement », précise-t-il. Quant à la Safer, elle a pris ses garanties. Elle conservera les loyers versés par Olivier s'il n'achète pas les vignes. Avec ses 4,4 ha loués et les 7,15 ha que la Safer met à sa disposition, il exploite désormais 11,5 ha dont 7,15 ha engagés auprès d'Univitis pour une durée de cinq ans renouvelable.
Univitis l'a également aidé à faire son dossier d'installation. Serge Labat, le directeur technique vignobles, l'a assisté dans toutes les démarches administratives. « Cela m'a fait gagner un temps précieux », observe le jeune vigneron. Il bénéficie aussi du contrat d'assurance récolte que la coopérative a négocié à un tarif préférentiel.
De son côté, Univitis est ravie d'avoir enrôlé Olivier. « Nous avons des difficultés à recruter des jeunes, explique Pascal Nerbesson, président d'Univitis. Nous avons donc développé une stratégie volontariste en direction des salariés viticoles. Ils connaissent le métier, mais ils n'ont pas toujours de quoi investir. »
La coopérative a, par exemple, mis au point une avance, sous forme de prêt aux jeunes fermiers, avec le Crédit Agricole et la Banque Populaire. Les banques financent les deux premières années d'intrants et de fermage, grâce à un prêt dont le remboursement est différé de deux ans. De son côté, Univitis prend en charge les frais de dossier et une partie des intérêts. Les jeunes ne commenceront à rembourser que trois ans plus tard.
Le groupe a également mis en place un système de tutorat, ainsi qu'une banque d'heures (voir encadré). Au cours de ces dernières années, la coopérative a contribué à installer huit jeunes sur 116 hectares. Parmi eux, trois sont d'anciens salariés viticoles.
Du matériel contre du temps de travail
Pour aider les jeunes qui s'installent hors cadre familial, Univitis a inauguré une banque d'heures. Adrien Villiers, 29 ans, installé depuis trois ans, y a eu recours. Il a emprunté pour acheter 8 ha en appellation Bordeaux. Mais il n'a pas pu s'endetter davantage. « J'ai dû m'installer sans matériel », expose-t-il. Il a donc signé un contrat d'entraide avec un coopérateur de la cave. Celui-ci lui prête son matériel. En contrepartie, Adrien travaille dans les vignes 150 heures par an. La coopérative l'a aidé à établir ce calcul. « Mon collègue m'apporte aussi son expérience, reconnaît le vigneron, mais nous n'avons pas toujours les mêmes impératifs car nos exploitations sont de tailles très différentes. C'est parfois difficile à gérer. » Aussi, il envisage à terme d'adhérer à une Cuma.